Débat: En 10 ans, Boudjellal a-t-il fait du bien au rugby français ?

Par Rugbyrama
  • Mourad Boudjellal (Toulon) - 1er décembre 2015
    Mourad Boudjellal (Toulon) - 1er décembre 2015
  • David Smith et Mourad Boudjellal avec le Brennus et la H Cup - 1 juin 2014
    David Smith et Mourad Boudjellal avec le Brennus et la H Cup - 1 juin 2014
  • Mourad Boudjellal (Toulon) dans son bureau - 1er décembre 2015
    Mourad Boudjellal (Toulon) dans son bureau - 1er décembre 2015
Publié le Mis à jour
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TOP 14 - Cette semaine, Mourad Boudjellal fête ses 10 ans à la tête du club de Toulon. Un décennie marquée par de nombreux succès sportifs et des coups d'éclats grâce à une communication rôdée. L'homme fort du RCT a révolutionné à sa façon le rugby français mais a-t-il fait du bien à celui-ci ? Voici notre débat.

Oui, il a dépoussiéré le rugby français comme l'avait fait Guazzini en son temps

Par Fabien Pomiès

A mon sens, oui. Que l'on aime ou non le personnage, que l'on soit adepte ou pas de sa façon de communiquer, force est de constater que le président de Toulon a réussi dans le rugby au moins au tant que lorsqu'il était éditeur. La première des choses, c'est qu'en redorant le blason du RCT, club emblématique de l'Hexagone, il a permis au Top 14 de connaître à nouveau la ferveur du public de Mayol et de se délecter de son pilou-pilou. Une élite sans le club varois n'a pas la même saveur, ne le cachons pas.

Ambitieux, il a surtout compris qu'il avait besoin de se construire un effectif 4 étoiles pour concurrencer les mastodontes en place. Sans son arrivée dans le monde du rugby, difficile de dire si nous aurions eu droit un jour de voir des Giteau, Hayman, J. Smith, Botha, A. Williams, Habana, Fernandez Lobbe, Masoe, Mitchell et autres Wilkinson réunis sur la même pelouse, hors Barbarians bien sûr. D'accord, la priorité n'est pas donnée aux joueurs français mais comment ne pas avoir des étoiles dans les yeux face à une telle armada.

David Smith et Mourad Boudjellal avec le Brennus et la H Cup - 1 juin 2014
David Smith et Mourad Boudjellal avec le Brennus et la H Cup - 1 juin 2014

Indirectement, ces arrivées ont poussé les autres clubs à s'armer également pour rivaliser mais surtout ont permis au championnat de prendre une autre dimension. Et qui dit compétition attrayante dit renégociation des droits télé à la hausse. Ce fut le cas ces dernières années et tous les clubs professionnels en bénéficient. De manière générale, Mourad Boudjellal aime faire bouger les lignes et ne se prive pas de dénoncer les anomalies de notre rugby pro. Parfois de manière un peu maladroite répondront ses détracteurs.

Sur le continent, le RCT a également été durant trois ans le porte-drapeau numéro un de la France. Bien sûr, la France avait déjà été dignement représenté par Toulouse et ses quatre titres. Mais hormis 2010, l'Irlande avait la mainmise sur la compétition entre 2008 et 2012. Il aime le show, que ce soit sur la pelouse ou en dehors. Et lorsqu'un micro se tend dans sa direction, nous ne sommes que (très) rarement déçus. A mon sens, il a dépoussiéré le rugby français comme l'avait fait Max Guazzini en son temps. L'un a aidé le rugby à passer au professionnalisme, l'autre l'a aidé devenir un vrai business et un sport qui prend de plus en plus de place sur le terrain médiatique. Le parallèle s'arrête là entre deux personnages aux caractères et aux méthodes opposés.

Non, Boudjellal agit comme un parfait chef d’entreprise avant tout

Par Clément Mazella

Oui... et non. Je ne peux que saluer l’ardeur du président Boudjellal et sa réussite sportive avec trois titres de champion d’Europe, un de champion de France et un de Pro D2. Sans oublier 4 finales perdues. Depuis son arrivée, il a redonné une dimension extraordinaire au RCT. Toulon est même devenu le plus grand club d’Europe et par ricochets, il a permis au rugby français de briller au plus haut niveau.

Il a pesé aussi dans tout son poids dans l’essor économique du Top 14 avec le recrutement de stars à gogo. Ces joueurs qui attirent les foules et permettent de remplir les stades. Quant aux droits télés, ils n’ont jamais été aussi élevés. Mourad Boudjellal en est l’un des grands artisans, contribuant à ce que le championnat domestique devienne une machine à cash. L’argent, c’est le nerf de la guerre et le président varois l’a compris.

Mourad Boudjellal (Toulon) dans son bureau - 1er décembre 2015
Mourad Boudjellal (Toulon) dans son bureau - 1er décembre 2015

Pour moi, Mourad Boudjellal agit comme un parfait chef d’entreprise avant tout. Le RCT marche, c’est sa réussite et il permet au rugby des clubs de parfaitement fonctionner. Mais il y a bien sûr le revers de la médaille : le XV de France. Faire venir des stars, ça permet de gagner des titres mais, a contrario, ça prive les joueurs français – et de surcroît les plus jeunes – de temps de jeu et donc percer au plus haut niveau. Je ne dis pas que le Top 14 tue le XV de France... mais il ne le tire par vers le haut.

Son franc-parler agace aussi certains. Attention : Mourad Boudjellal a des idées, il souhaite "dépoussiérer" le rugby français. Honnêtement, j’adhère à son envie de faire bouger les choses. Mais la manière n’est pas souvent adéquate. Faire passer des messages, c’est intelligent ; les imposer en criant à tue-tête, c’est mal vu. Surtout au sein d’un milieu plutôt conservateur. Ses propos plaisent ou déplaisent : on ne peut pas plaire à tout le monde mais il y a des attitudes qui peuvent ternir une image. Penser qu’on est seul contre tous et qu’on n’a pas le droit de réussir dans le rugby parce qu’on n’est pas issu du milieu en est une.

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