"Ici, ici, c’est Oyonnax" et on vous dit pourquoi !
CHAMPIONNAT - Dans quelques semaines, Oyonnax retournera très probablement en Pro D2 après trois saisons en Top 14 mais les supporters – qui font l’âme de ce club – répondent toujours présents. Ils seront encore presque 10 000 à soutenir leur équipe ce week-end. Retour sur l'origine d'un chant mythique et des légendes qui entourent ce club atypique.
Rendez-vous est pris dans le club-house du stade Charles-Mathon avec Jacqueline, présidente de l’Amicale des Supporters de l’USO Rugby qui revendique plus de 450 adhérents, dont quelques-uns se sont joints à cette rencontre. Un échange touchant.
Parce qu’ici c’est Oyonnax, et pas ailleurs
En allant un jour de match à Mathon, vous croiserez forcément un supporter qui vous dira connaître celui qui connaît, celui qui connaît… Bref ! Celui qui connaît la personne qui a lancé pour la première fois le fameux "Ici, ici, c’est Oyonnax" ; chant mythique désormais repris dans tous les stades de France et de Navarre. C’est Jean-Jacques, assure Jacqueline. Bernard raconte. Il faut en vérité remonter au 9 mai 2010 lors d’un duel contre La Rochelle, futur adversaire ce week-end.
Le gagnant devait recevoir l’autre en demie d’accession de Pro D2 et de légères échauffourées éclataient. Le chant partait, le stade reprenait. Les Rochelais s’imposaient et reprennaient la palabre avant de monter quelques semaines plus tard en Top 14. La France découvrait alors ce chant entonné à Marcel-Deflandre mais tout serait parti du Haut-Bugey où l’on prend ce "plagiat" avec humour. S’il avait déposé un brevet, il serait riche, rit-on.
Aller de l’avant, c’est l’esprit oyonnaxien que ce soit l’esprit rugby ou industriel
Ce cri n’est pas intempestif et sert à se faire respecter, précise Jacqueline. Le respect, dans les gênes de cette ville qui doit sans cesse batailler pour lutter contre les clichés. Aller de l’avant, c’est l’esprit oyonnaxien que ce soit l’esprit rugby ou industriel, témoigne Alain, attaché au fait que les joueurs doivent vivre sur le territoire pour comprendre sa spécificité.
Enclavé, le Haut-Bugey est un fief de la plasturgie qui autrefois abritait des ours. Les ours justement, Christophe Urios a travaillé le concept et forcé le trait pour montrer l’empreinte oyonnaxienne et donner une âme, poursuit ce même supporter. Le débat se crée et Bernard retrouve quant à lui des similitudes avec des villes comme Saint-Etienne, Sochaux ou Lens à l’esprit ouvrier. Celui de l’USO a été élu deux fois meilleur public de France en Pro D2 et a souvent fait la réputation du stade Mathon, longtemps citadelle imprenable.
À Oyonnax aussi, on pleure deux fois
On dit de l’USO et d’Oyonnax que c’est différent, particulier. Johann Authier est entraîneur après avoir été joueur et son club de cœur, c’est Grenoble. Quand je suis parti, je me suis dit que ce serait dur de trouver mieux ailleurs mais quand je suis arrivé ici, il y a eu une atmosphère particulière et un accueil différent , confie-t-il.
L’ancien demi de mêlée poursuit: Il y a une sorte de chaleur qui est inexplicable. Nos supporters sont toujours là et nous encouragent même dans la difficulté. Je ne suis pas sûr que dans d’autres clubs, ce soit le cas. L’on veut pour preuve le tour d’honneur des Oyomen après la défaite contre Grenoble début avril. C’est un club qui a les reins solides et atypique parce qu’avec moins de moyens que les autres, il arrive à être compétitif, à se structurer et à avancer. Il y a une sorte d’arrêt cette année mais cela ne l’empêche de continuer à avoir des projets , conclut le coach.
Urios disait à ses recrues qu’il n’y avait pas la plage et que tout fermait à 21h
Il est vrai que pour signer à l’USO quand on n’est pas du coin, il faut être convaincu par le projet sportif mais la ferveur séduit à coup sur. Christophe Urios disait à ses recrues qu’à Oyo, il n’y avait pas la plage, que tout était fermé à 21 heures avant de leur laisser le choix , plaisante Bernard. Le côté famille, on l’entend beaucoup mais c’est à ce moment aussi que le débat évolue. La discussion en cours attire et les participants sont en désaccord.
On ne peut pas faire du familial au haut niveau, dit l’un, il faut vivre sur le territoire pour s’imprégner , répond l’autre. La particularité est résumée dans cette échange. Lyon ou Genève sont à une heure de route alors que cette cité d’un peu plus de 22 000 habitants (pour un bassin de presque 60 000 habitants) revendique aussi son identité. Elle a pris goût au Top 14 et compte bien vite le retrouver à l’image de son projet sportif ambitieux tout juste dévoilé.
L’avenir est vu avec optimisme
Sur la saison écoulée, très difficile résonne en chœur. On voulait que l’entraineur fasse du Urios et l’on n’a pas accepté le changement. On a pris l’habitude de Christophe qui était là de 7h à 23h , lance le gardien des lieux mais ce n’est pas Olivier Azam qui a fait descendre Oyonnax, enchaine d’un ton sûr Alain ! La mutation à tous les niveaux et l’absence des cadres présents à la Coupe du monde sont des arguments.
La mayonnaise n’a pas pris et l’adhésion n’était peut-être pas totale, ce qui pousse Bernard à parfois regretter son vieux terrain tout bourbeux et Jacqueline le jeu d’antan, celui des avants . Pourtant, ils restent optimistes. Le club a fait le nécessaire pour que l’on soit crédible en Top 14 , dit Jacqueline en référence aux structures. Si on ne l’est pas, autant aller aux champignons ! J’ai connu plus de bas que de hauts mais des hauts magnifiques avec l’USO, résume Bernard.
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