Entre craquer mentalement ou rebondir, Clermont joue très gros

La colère de Franck Azéma n’est pas restée dans les vestiaires de Twickenham. Déçu par la contre-performance de son équipe, le coach clermontois n’a pas ménagé ses hommes depuis leur retour de Londres. Après les avoir vu laisser s’envoler leur rêve européen, il les exhorte désormais à réagir pour tenter de sauver une saison qui aura forcément un goût d’inachevé, mais dont une fin en apothéose reste envisageable, quoi qu’on en pense.

Toujours second du classement, Clermont a trois matches avant les phases finales pour montrer son caractère. Et ne pas sombrer comme ces dernières saisons, lorsque les échecs en barrages de Top 14 avaient succédé aux défaites en H-Cup. Ce qui m’intéresse c’est le comportement que l’on aura après cette finale perdue, explique Azéma. Quand tu perds une finale, si tu n’es pas affecté c’est qu’il y a un problème. Je suis sûr que les joueurs le sont, maintenant on va voir comment on est capables de sortir de ça. Le futur immédiat sera un vrai révélateur pour Clermont, qui va devoir faire bloc dans l’adversité. Pour l’instant, moins d’une semaine après la désillusion face à Toulon, ce sont les interrogations qui dominent. J’espère que l’on montrera de la consistance samedi, mais vous dire que l’on est prêt, ce serait vous mentir, admet le coach. Ce sont les actes qui vont nous donner des réponses. C’est comme dans la vie. Quand tu es en difficulté, tu vois sur qui tu peux compter. On va voir si on a un peu de grinta, si on est capables d’aller chercher autre chose.

Pour aller batailler à Grenoble, sur le terrain d’une équipe qui lutte pour son maintien, le coach clermontois va faire des choix. Pas précisément pour sanctionner, puisqu’il n’a mis personne en avant, dans le positif comme dans le négatif après la défaite de Londres, mais parce que certains semblent plus profondément meurtris que d’autres par ce nouvel échec en finale.

Bonnaire: "J'espère qu'on aura assez d'orgueil et de fierté"

Julien Bonnaire, qui rêvait tout haut d’enfin remporter la Coupe d’Europe avant de terminer sa carrière à Lyon sait qu’il a raté la dernière chance de toucher ce Graal. Le troisième-ligne est apparu particulièrement abattu cette semaine. Physiquement marqué, mentalement affecté, il a eu du mal à retrouver l’envie de s’entraîner en début de semaine. C’est difficile de s’y remettre, forcément, parce que la Coupe d’Europe était l’un des objectifs de la saison. C’est une grande déception, mais on a la chance de pouvoir se rattraper entre guillemets, en tout cas d’avoir autre chose pour rebondir. La saison n’est pas finie. Il faut tout donner pour ne pas revivre un moment comme ça. Le troisième-ligne va probablement passer son tour à Grenoble, le temps de panser ses plaies. Elles apparaissaient profondes dans ses mots empreints de doute. On ne sait jamais quelle réaction on va avoir, confiait-il. J’espère qu’on aura assez d’orgueil et de fierté pour relever la tête, mais on verra samedi…

Les magnifiques supporters clermontois, qui méritent plus que des finales, attendent d’abord des guerriers. Le troisième-ligne Julien Bardy, l’un des meilleurs samedi dernier, fera le voyage au Stade des Alpes. Touché, mais pas coulé, le franco-portugais veut repartir au combat. La vie donne parfois des coups, mais ça endurcit. J’ai hâte de jouer mon prochain match.

On peut lui faire confiance pour jouer un rôle moteur dans la révolte attendue des Auvergnats. Comme lui, ses coéquipiers appellent au rebond, et presto. Il faut vite relever la tête, insiste le pilier Clément Ric. Il ne reste plus que le Top 14 et il faut qu’on joue notre chance à fond. Pour l’instant on est dans les clous, mais il faut absolument prendre des points pour rester dans les deux premiers. Il faut que l’on mette tout en œuvre pour atteindre cet objectif.

Plus de victoire à l'extérieur depuis septembre

Avant de retrouver leur bête noire Toulon, dans huit jours, puis de se déplacer à Montpellier lors de la dernière journée, les Clermontois auraient tout intérêt à faire un coup en Isère. Malgré un contexte hostile, face à une équipe mal en point mais qui n’hésitera pas à tester la fragilité des Auvergnats.Ils ont le couteau sous la gorge et absolument besoin de gagner, mais si on est au niveau on a les moyens de rivaliser, analyse Bonnaire. Toutes les équipes ont besoin de points, jusqu’à la fin de saison ce seront des matches compliqués. Avant de regarder les autres, occupons-nous de nous. Ça va être hard, mais c’est un beau challenge pour l’équipe, pour voir où nous en sommes.

Pour l’instant, les Clermontois en sont à trois défaites d’affilées en Top 14, et n’ont plus gagné à l’extérieur en championnat depuis un déplacement à Oyonnax fin septembre. La colère peut-elle faire cesser cette série ? Les actes sur le terrain demain en diront beaucoup plus que les paroles de cette semaine.