Vuidravuwalu, météore parisienne à la course déroutante

Par Rugbyrama
  • L'ailier parisien Nayacalevu. Grenoble-Stade français
    L'ailier parisien Nayacalevu. Grenoble-Stade français
Publié le Mis à jour
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Il peut être l'un des Fidjiens les moins remarqués du Top 14 mais le trois-quarts polyvalent Waisea Vuidravuwalu fait depuis deux ans les beaux jours du Stade français après avoir suivi un parcours étonnant et météorique jusqu'à l'équipe nationale.

Attention, impact ! Si Toulon présente des arguments quasiment incomparables dans ses lignes arrières, Waisea Vuidravuwalu (24 ans, 7 sélections) devrait livrer une belle réplique dimanche soir (21H00) à Jean-Bouin. Grâce à son physique de déménageur (1,93 m, 104 kg) et une jolie pointe de vitesse qui lui permettent de perforer les défenses, Vuidravuwalu a creusé son sillon à Paris: trois essais pour sa première année d'adaptation en Top 14 (2012-13), huit l'an passé et déjà sept pour cet exercice. Mais quelques blessures et un style un peu moins exubérant que le Bordelais Talebula ou le Grenoblois Ratini l'ont privé de la lumière des projecteurs.

Le sélectionneur fidjien John McKee ne s'y est pourtant pas trompé en l'appelant dès sa prise de fonctions en juin dernier, deux ans après trois capes sans lendemain. Il m'a dit de m'entraîner dur et d'être prêt pour le Mondial, explique Vuidravuwalu, titularisé face au pays de Galles lors des tests de novembre mais seulement 24e homme contre la France. En attendant de faire totalement décoller sa carrière internationale, Vuidravuwalu a déjà suivi une longue trajectoire, entrecoupée d'heureux coup du hasard et de choix audacieux.

L'ailier parisien Nayacalevu. Grenoble-Stade français
L'ailier parisien Nayacalevu. Grenoble-Stade français

Des débuts dans le rugby à VII

Né à Navua, un petit village sur la côte sud de Viti Levu, la principale île de l'archipel, son destin bascule le jour où il rend visite à sa mère qui travaille dans un complexe hôtelier à proximité. Le propriétaire adore le rugby et il a bâti sa propre équipe de VII avec des gars du coin, raconte Vuidravuwalu. Ce jour-là, il y avait un touché organisé alors j'y ai pris part. L'entraîneur m'a vu et m'a demandé de les rejoindre et c'est comme ça que ça a commencé.

Fait rare aux Fidji, cette étonnante équipe a quelques moyens. L'hôtelier en question organise un tournoi international et permet à sa petite troupe de voyager. On est allé en Australie, en Europe, aux Etats-Unis. C'était une bonne expérience, se souvient Vuidravuwalu qui, en parallèle, officie comme barman dans l'établissement. Très vite, il obtient une chance à XV, dans un modeste club australien de Melbourne, où il emmène son petit frère Avenisi dans ses valises. Il y crève l'écran en empilant les essais mais l'obligation de rentrer aux Fidji pour des questions de visa infléchit de nouveau sa course. L'équipe de l'hôtel se préparait alors à un gros tournoi à VII à Suva (la capitale), donc je les ai rejoints, narre-t-il. On a battu l'équipe nationale durant ce tournoi et l'après-midi même on était appelé mon frère et moi en sélection. Je ne pouvais pas y croire, c'était très émouvant.

Repositionné au centre

Nous sommes fin 2011 et voilà le joueur représentant son pays à VII. Avec quelques figures connues à ses côtés comme Metuisela Talebula, il se distingue sur le Circuit mondial et tape dans l'oeil de clubs français. Mon frère et 'Met' ont choisi d'aller à Bordeaux, moi je me suis dit: je vais aller à Paris, comme ça chacun va pouvoir rendre visite à l'autre, explique-t-il. Il débarque donc à l'été 2012 au Stade français où il est le seul Fidjien. Mon village, ma famille, mes amis me manquaient, souligne-t-il. Mais je me suis accroché.

S'il ne parle qu'à peine français, Vuidravuwalu, reservé mais affable, a naturellement fini par se faire une place dans une équipe rajeunie et où il est chouchouté. Signe de son intégration, il est de plus en plus utilisé au centre du terrain, une position plus stratégique que l'aile. On a senti pendant cette saison qu'il était capable d'avoir les qualités aux deux postes, abonde l'entraîneur parisien Gonzalo Quesada. Et il nous a donné entière satisfation. Avec un doublé inscrit à Grenoble samedi dernier, Vuidravuwalu a démontré sa forme resplendissante. Et il sera évidemment surveillé de près dimanche par ses adversaires.

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