Altrad: "Le parcours de Galthié cette année est un échec"

  • Mohed Altrad lors de sa conférence de presse. Mardi 30 décembre 2014
    Mohed Altrad lors de sa conférence de presse. Mardi 30 décembre 2014
  • Jake White alors entraîneur des Brumbies - mars 2013
    Jake White alors entraîneur des Brumbies - mars 2013
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Suite à la mise à pied de son manager Fabien Galthié, le président du MHR a convoqué ce mardi matin une conférence de presse afin d'expliquer sa décision. Morceaux choisis.

Pourquoi avoir décidé de mettre à pied Fabien Galthié?

Mohed ALTRAD: Il s'agit d'une mise à pied conservatoire. Ce n'est pas forcément une sanction, mais comme son nom l'indique et la loi l'explique, une décision à titre conservatoire. En tant que président de club, j'en ai le droit, je peux le faire à n'importe qui si je juge que c'est justifié, et je n'ai pas à m'expliquer au salarié, si ce n'est ultérieurement. Fabien est mis à pied jusqu'au vendredi de la semaine prochaine (le 9 janvier, ndlr), afin de nous permettre de faire un certain nombre de choses, et de nous sortir de la situation actuelle.

Pourquoi maintenant?

M.A: Cela fait tout de même deux ou trois mois que la situation est ce qu'elle est. Je ne vous apprends rien en vous disant qu'on a perdu huit de nos neuf derniers matchs. C'est assez rare pour un club de rugby, quel que soit son niveau. Pourquoi avoir tardé? C'est du management, chacun a son style, j'ai le mien. Et je ne crois pas qu'il faille se précipiter. Il n'était ni utile ni raisonnable de prendre des décisions fortes immédiatement après une, deux ou trois défaites. Mais au bout de huit défaites sur neuf, il faut réagir. J'ai un club à sauver, des salariés dont je dois m'occuper, une ville qui me regarde, une région qui nous supporte, des spectateurs... Je ne crois pas que ce soit une décision prématurée.

Fabien Galthié m'a écrit un courrier, auquel je répondrai le 9 janvier

Que reprochez-vous à Fabien Galthié?

M.A: A ce stade, on lui reproche sa communication des dernières semaines ou des derniers mois. Je n'ai pas à réitérer cela, vous l'avez écouté, il l'a dit devant vous, il l'a répété. Ce n'est pas une communication adéquate et appropriée à la situation qui est la nôtre. Semer le doute dans la tête des joueurs ou dans le club n'est pas forcément une bonne chose à la veille d'un match ou lors de la préparation des échéances importantes. Fabien Galthié m'a écrit un courrier, auquel je répondrai le 9 janvier, et je lui expliquerai mes raisons. On ne peut pas mettre quelqu'un a pied sans lui donner d'explications, au moins a posteriori. Je ne l'ai pas encore fait, je le ferai le 9 janvier.

Quel peut être son avenir au sein du club?

M.A: Il est salarié du club, avec un contrat de travail qui se poursuit. On verra bien quel est son comportement, quels sont ses projets. Il a quinze jours, on lui a demandé de réfléchir à l'avenir du club, à la façon de travailler, et de revenir avec des projets pour ce club. En attendant, on ne peut pas rester sans réaction, donc on a apporté des compétences. On ne peut pas ne pas se demander: a-t-on la compétence technique, managériale, sportive, capable d'arrêter cette mauvaise série? Donc nous sommes allés chercher cette compétence extérieure, en la personne de Jake White, qui a une notoriété mondiale, qui est champion du monde, qui a entrainé deux clubs de Super Rugby avec à chaque fois des participations aux demi-finales voire à la finale. Il sera là à titre de consultant pour six mois. On a aussi été cherché un entraineur des avants, Shaun Sowerby, qui entrainait les Southern Kings, et qui a pris en main aujourd'hui les avants de Montpellier. Il a donc un contrat d'entraineur.

Jake White alors entraîneur des Brumbies - mars 2013
Jake White alors entraîneur des Brumbies - mars 2013

Peut-on envisager que Jake White et Fabien Galthié travaillent ensemble?

M.A: Dans l'absolu, oui. Mais je ne peux pas l'assurer, dans un sens ou dans l'autre. L'un a un contrat de travail qui se poursuit, l'autre est consultant. Donc c'est possible, mais il faudra voir le comportement des uns et des autres. Pour ma part, je n'ai pas de souhait, j'essaie de gérer le club au mieux. Ce que j'ai fait par le passé est tout de même notoire. Je suis arrivé en 2011, et si vous regardez l'effectif, il ne reste que trois joueurs. Tous les autres sont nouveaux, il n'y a que des stars. Galthié parlait de son équipe Playstation, on lui a donnée. On lui a donné les moyens, on lui a donné ce qu'il voulait. Il a dit à plusieurs reprises qu'il n'avait jamais eu un président qui lui avait autant donné, qu'il n'avait jamais eu autant de stars dans son équipe. Il a tout ce qu'il veut, et c'est à lui d'en faire quelque chose, de bonifier ce groupe, d'en faire une équipe. L'addition de stars ne fait pas nécessairement une équipe performante. Avec beaucoup de modestie, en terme d'effectif, on n'a rien à envier à Toulon, à Toulouse, à Clermont. Il ne faut pas s'affoler non plus, on est huitièmes, et si on gagne un match, ça peut rebasculer très vite. Mais si on perd, on peut basculer dans une autre aventure.

Jake White n'est pas là pour apprendre à ces stars à jouer au rugby, mais pour leur apporter la confiance, un peu de sérénité, un peu de passion

Les joueurs avaient affiché leur soutien au manager. Quelle a été leur réaction?

M.A: Ce sont des choses internes au club. Certaines ne fonctionnent pas, en termes relationnels, en termes humains, en termes managériaux, en termes techniques. Quand quelqu'un entre sur le terrain la peur au ventre, ce n'est pas génial, en tout cas c'est mon avis. Il faut un minimum de spontanéité pour que le talent s'exprime dans réserve. Je n'ai pas senti cela dans le club.

S'agit-il d'une nouvelle ère au MHR?

M.A: Je l'espère. Jake White aura les mêmes moyens, il est optimiste, il a envie de réussir. Je le fréquente depuis quelques jours, et tout en restant réaliste, c'est quelqu'un qui ne doute pas. Il a dit aux joueurs: je vous ai regardés à Castres, et avec peu de changements, on peut améliorer beaucoup de choses sans révolutionner le rugby. Il n'est pas là pour apprendre à ces stars à jouer au rugby, mais pour leur apporter la confiance, un peu de sérénité, un peu de passion. La passion et la peur ne cohabitent pas bien. Il faut être libre dans ses mouvements, ne pas calculer tout le temps. Trop de réflexion peut inhiber l'action, la passion, la prise d'initiative.

Votre projet est-il lié au destin de Fabien Galthié?

M.A: Non, car je tiens à rappeler que je suis arrivé après lui, puisqu'il avait été recruté par le président en place avant moi. Il a eu tous les moyens pour s'exprimer, aujourd'hui son parcours est un échec. On ne peut pas dire que son parcours soit une réussite. Mais ça ne remet pas en cause mon engagement personnel. Si on fait une saison blanche, ce ne sera pas dramatique. Nous écrivons l'histoire du club, avec des hauts et des bas, c'est notre première crise et nous faisons au mieux. Nos ambitions sont contrariées, il faut attendre quelques semaines pour parler d'avenir. Aurai-je envie de garder Galthié? Aura-t-il envie de rester? Serons-nous capables d'exister ensemble? Je peux vous dire que j'ai l'ambition de rester longtemps dans ce club, de le sortir de cette situation et de l'installer. Aujourd'hui on trébuche, c'est humain, c'est la vie.

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