UBB: Etcheto, le gentleman provocateur

Etcheto, dont l'équipe reçoit Montpellier ce dimanche à l'occasion de la 5e journée de Top 14, est ce que l'on appelle traditionnellement un bon client, "du pain béni pour un journaliste", estime 'Fonfon' Miralles, l'intendant de l'UBB qui l'a connu joueur à Bègles dans les années 90. "Il n'est pas du genre langue de bois, il est très spontané dans ses réactions, il a le verbe sympa avec beaucoup d'imagination ou de métaphores", poursuit-il. Mais à la longue, ses sorties froissent, énervent une confrérie généralement plus taiseuse ou moins inspirée verbalement. "Ce coach a beaucoup de particularités, confie le capitaine néo-zélandais de l'UBB, Matthew Clarkin. Il dit tout ce qu'il pense et, même s'il a fait des progrès dans ce domaine, ce n'est pas toujours conseillé de dire tout ce que l'on pense." "C'est un provocateur dans l'âme mais il n'est pas très dangereux", assure pour sa part le centre Thibault Lacroix. "Son côté chambreur n'est pas bien vu car il se fait autant d'ennemis que d'amis, estime l'autre centre, Félix Le Bourhis. Je sais que ça déplait qu'il l'ouvre mais il est encore loin des sorties de (Mourad) Boudjellal et (Jacky) Lorenzetti (les présidents de Toulon et du Racing-Métro). Il est encore très soft, il se retient."

Miralles: "Il est très méticuleux, perfectionniste"

Se retenir n'est pas évident tant la saillie verbale est un art chez ce trublion de 45 ans, basque de coeur et de sang, petit-fils de l'ancien trois-quart centre international de Bayonne Jean Dauger, qui a même été pigiste pour un quotidien sportif lorsqu'il portait les couleurs du Racing (1989-1991). Pour s'être trop se montré devant micros et caméras la saison dernière, au risque de nuire à l'image de son club, très positive par ailleurs, il a d'ailleurs été recadré par son président Laurent Marti et son manageur Raphaël Ibanez, qui ont réduit son temps de parole. Mais le naturel est revenu au galop chez ce passionné de sport, compétiteur invétéré "qui balancerait les dés s'il perdait une partie de 421", "qui accorde beaucoup d'importance à l'esthétisme", souligne 'Fonfon' Miralles. "On le voit sur lui, il est soigné. Quand il joue au tennis, au golf, il est d'une élégance rare, il fait partie de ces surdoués pour tout ce qu'il touche. Il est très méticuleux, perfectionniste", détaille l'intendant girondin, se remémorant l'ouvreur très fin, baptisé "pied d'or", "pas grand défenseur mais cela fait partie de la légende".

Des légendes sur Etcheto, il en existe quelques-unes entre la Gironde, sa côte basque et les fêtes de Pampelune, en juillet, durant lesquelles il se plait à refaire les matches devant un comité charmé. "Quand je suis arrivé de Carcassonne (en 2011), sourit Le Bourhis, il avait tout dans la voiture: du 'Yop' pour le petit-déj et une couette au cas où pour s'endormir, cela m'avait surpris." "On a l'impression qu'il ne prévoit rien mais, au final, il a plein d'idées dans la tête, poursuit le néo-international. Chaque matin, il nous dit qu'il a rêvé d'une combinaison, d'un mouvement, d'un travail spécifique à l'entraînement." Pour Lacroix, qui le côtoie depuis un an, "il arrive à avoir une proximité avec ses joueurs que d'autres n'ont pas. Il a cette franchise-là, il est décalé mais toujours dans le coup, il aime bien blaguer mais se fait respecter. Il arrive à trouver ce juste milieu, ce côté affectif qui fait qu'on vient à l'entraînement détendu." "Il sent le rugby, vit pour le rugby, résume l'ouvreur Pierre Bernard. Malgré son air un peu 'foufou', il est très précis. Franchement, je n'en connais pas beaucoup des comme lui."