Castres, une entame de match à (enfin) soigner 

Un match de rugby se joue sur quatre-vingt minutes et ce n’est qu’au coup de sifflet final donné par l’arbitre qu’est désigné le vainqueur. Pas avant. Pour autant, une bonne entame de match détermine souvent la suite de la rencontre et il est toujours plus facile de mener au score que de "courir" après celui-ci. Une bonne entame de match met forcément en bonne condition pour l’ensemble de la rencontre. C’est une rampe de lancement pour les quatre-vingt minutes, explique le talonneur Brice Mach. Cela libère d’un poids et fait tomber la pression. Cela met dans une bulle. Quand on rate l’entame de match, on reste fébrile jusqu’à la fin.

Aujourd’hui, bien débuter est donc devenu un élément essentiel en Top 14 pour toute équipe en quête de succès. Dans un championnat de plus en plus serré et indécis, prendre l’ascendant sur son adversaire d’entrée de match peut donc s’avérer précieux. On sensibilise énormément les joueurs sur cela. Face à de très bonnes équipes, si on ne réussit pas l’entame de match et si on prend trop de retard, cela devient tout de suite très problématique. Aujourd’hui, les défenses sont très bien en place. Cela devient très compliqué de revenir au score, poursuit l’entraîneur David Darricarrère.

Mach: "Ça dépend des groupes. Pour nous, cela peut se passer avec un gros discours avant le match"

Et pour s’y préparer, les méthodes varient selon les clubs et les joueurs. Chaque groupe réagit différemment d’une équipe à l’autre et chaque joueur à sa propre routine. Pour ma part, j’essayais de sortir assez tôt du vestiaire pour sentir un peu l’ambiance et répéter les gestes que j’allais faire durant le match pour essayer de me libérer de la pression, explique Darricarrère. Cela peut se préparer de plusieurs manières. Je ne me suis jamais servi de musique mais je sais que cela se fait dans certaines équipes. Cela peut-être un moyen mais ça dépend des groupes. Pour nous, cela peut se passer avec un gros discours avant le match ou à la mi-temps. C’est ce qui peut nous permettre de nous mettre dans le match, continue Mach. J’aime bien être avec tout le monde mais pendant que je m’habille, j’ai besoin d’être seul et de me mettre dans ma bulle pendant cinq à six minutes. Je me mets de la musique et je me conditionne pour le match. Je pars ensuite pour l’échauffement sans le casque.

Palis: "Si on commence à perdre 10 -0 face à Clermont au bout de quelques minutes de jeu, cela risque d’être très compliqué"

Toutefois, réussir son entame de match n’est pas toujours synonyme de victoire. Cela s’est vérifié lors des deux dernières rencontres du Castres olympique à Pierre-Antoine. En dedans face à Lyon et l’UBB en début de match et rapidement mené au score, les Castrais ont réussi à renverser la tendance les deux fois pour finalement s’imposer à l’arrachée (23-20 face au Lou et 22-20 contre l’UBB). Un scénario favorable dans les deux cas mais qui pourrait mal se terminer en cas de nouvelle récidive.

Opposé à l’ogre clermontois en clôture de la 23e journée de Top 14, la marge de manœuvre de Castres risque d’être très étroite contre une équipe qui disputera la finale de Champions Cup face à Toulon le week-end suivant à Twickenham. Tout retard accumulé risque d’être très difficile à combler. Chacun doit être prêt à rentrer dans le match et ne pas attendre de prendre quelques coups pour se mettre dans le vif du sujet. Il ne faut pas être un peu passif comme nous l’avons été face à Bordeaux, prévient l’arrière Geoffrey Palis. Si on commence à perdre 10-0 face à Clermont au bout de quelques minutes de jeu, cela risque d’être très compliqué pour la suite. Et pour cela, les Tarnais devront changer une mauvaise habitude…