Steyn, la dernière chance ?

De l’extérieur, rien ne transparait. Dans la confidentialité du Bois de Boulogne, sur la pelouse d’entraînement du Stade français, au Saut du Loup, Morné Steyn (30 ans, 59 sélections) ne fait qu’un avec le groupe parisien. Sur les terrains du Top 14, l’ombre de l’ouvreur springbok prend pourtant le relais. Méconnaissable depuis son arrivée dans la capitale en octobre 2013, Steyn traverse le championnat sans autorité, sans éclat. L’image du joueur à sang-froid, décisif, semble s’être figée du côté de Pretoria et de son ancien club, les Blue Bulls. Je ne crois pas qu’il soit trop stressé. Il est fort dans sa tête, assure son compatriote Gerhard Mostert. Quand je le vois sur le terrain d’entraînement, il a vraiment envie. Je crois qu’il veut donner quelque chose, prouver. Je ne pense pas qu’il soit trop stressé. Plus habitué aux joutes de la Challenge Cup, Morné Steyn débutera une rencontre ô combien importante pour le Stade français sur la pelouse de l’Union Bordeaux-Bègles. Une rencontre où le club parisien cherchera à effacer deux défaites consécutives (Oyonnax et Bayonne). Une rencontre où le Sud’Af essaiera d’oublier des sorties indignes de son standing.

Titulaire à une seule reprise cette saison en Top 14, lors du déplacement du Stade français à Lyon (12-9, 15e journée), l’ouvreur springbok n’avait pas eu le temps de convaincre son staff en recevant un carton rouge dès la 32e minute de jeu. Associé à Julien Tomas ce vendredi soir maudit, Morné Steyn retrouvera samedi, face à l’UBB, l’ancien Montpelliérain avec qui il a partagé des bouts de matchs dans la petite Coupe d’Europe. Morné est un mec qui a du talent mais il ne doit pas se poser mille questions, insiste le demi de mêlée parisien.

Tomas: "Dans le fond, il doit se ronger les ongles"

Et Tomas de prolonger son propos : Il faut qu’il joue son rugby. Il doit forcément être conscient qu’il n’est pas à son meilleur niveau de jeu. C’est un mec qui ne montre pas trop qu’il est en dedans ou qu’il est dans une situation délicate. A l’entraînement, il vient toujours avec le sourire en l’envie de travailler. C’est surprenant, même quand il ne joue pas, il s’investit au sein du groupe. Il ne reste pas dans son coin à faire la tête. Il ne montre pas qu’il est en dessous mentalement. C’est un exemple par rapport à ça. Mais dans le fond, il doit se ronger les ongles. Il est assez grand et il a assez d’expérience pour maîtriser son match. Il a le potentiel pour sortir un grand match. Il a faim. Il a envie de montrer au club, au staff, à ses coéquipiers son vrai niveau. C’est bien de le relancer à Bordeaux pour qu’il prouve qu’il est bien là.

Alors que les voyants du Stade français sont quelque peu dans le rouge, Morné Steyn se voit confier un challenge de taille face à l’équipe la plus enivrante à domicile. Son entente avec Julien Tomas dictera le destin des Parisiens. La charnière sera une clé importante dans la gestion de ce match, assure Julien Tomas. A chaque fois que les Bordelais mettent du rugby, qu’ils sont en fusion avec le public de Chaban-Delmas, il est très difficile d’aller y faire un résultat. Il faut aller chercher de la confiance et ne pas se mettre de doute inutilement. Il faut être plus responsable. Si une stratégie ne fonctionne pas au bout de vingt minutes, il faut la changer et reprendre le cours du match en main. Par moment, on a trop voulu jouer sur les ailes sur cette période d’hiver au lieu de changer notre fusil d’épaule avec un jeu plus pragmatique d’occupation. C’est dans ce secteur qu’on doit grandir. Et que Morné Steyn doit enfin s’affirmer comme un véritable patron.