Quand la passe en avant de Huget enflamme le rugby français

  • Yoann Huget - toulouse clermont - 5 janvier 2014
    Yoann Huget - toulouse clermont - 5 janvier 2014
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Profitant des nouvelles directives de l'IRB concernant les en-avant, l'essai inscrit par le Toulousain Médard contre Clermont a entrainé de nombreuses réactions.

Nulle règle ne définit mieux le rugby que la sacro-sainte passe en arrière, mais ce principe est aujourd'hui au coeur d'une très vive polémique, suite à la volonté des autorités mondiales du jeu de modifier le jugement de la passe. "Avancer en se passant le ballon vers l'arrière": cette antienne inoxydable pose question depuis que l'International Board (IRB) réclame que la passe en avant soit jugée selon le mouvement des mains et non plus la trajectoire du ballon. Jusqu'au sein même du corps arbitral.

Dimanche dernier, dernier épisode de la polémique lors du match Toulouse-Clermont de la 16e journée de Top 14, un essai a été accordé au Toulousain Maxime Médard après qu'il a récupéré un ballon lancé vers l'arrière par Yoann Huget, mais qui avait atterri deux mètres devant lui. "Si on se fie aux nouveaux critères, il n'y a pas en-avant mais si vous me le demandez à moi, je vous dirai que oui, il y a en-avant", résume l'entraîneur des trois-quarts toulousains Jean-Baptiste Elissalde. Selon les nouvelles directives de l'IRB, l'essai accordé après un examen de la vidéo était bel et bien valable. Jusqu'à cette saison, une passe était jugée en avant selon la trajectoire du ballon - vers l'avant ou vers l'arrière - par rapport au terrain. Mais ce critère pose un problème scientifique: le principe physique de la vitesse relative fait qu'un ballon lancé par un joueur qui court atterrira régulièrement devant l'endroit où il a été lancé.

Cas particulier ou général ?

Dans le cadre de l'extension du recours à l'arbitrage vidéo cette saison, l'IRB a donc prôné de ne plus tenir compte de la trajectoire du ballon mais du geste. "L'arbitre vidéo ne doit pas juger la trajectoire du ballon mais l'action du joueur qui a passé le ballon, c'est-à-dire si les mains du joueur effectuant la passe ont eu un mouvement vers sa propre ligne de but", stipule une directive de l'IRB. "Mais cette évolution ne concerne qu'un cas de figure: une passe 'à plat' entre deux joueurs lancés à pleine vitesse", estime le directeur sportif de Clermont Jean-Marc Lhermet, ulcéré par l'essai toulousain.

"De cette précision, on est en train de construire une usine à gaz où chacun interprète à sa manière et ça crée des incompréhensions grotesques. La façon dont elle est appliquée depuis le début de saison dans le Championnat français crée des situations ubuesques [...] Dans le vestiaire dimanche, certains joueurs étaient persuadés que l'arbitre avait sifflé une pénalité et pas un essai. Ils ne comprenaient pas qu'il ait pu être accordé", ajoute-t-il. "A ce jour, le texte tel qu'il est écrit, c'est qu'on doit regarder en priorité et dans tous les cas les mouvements des mains", répond le président de la Commission centrale des arbitres (CCA), Didier Méné.

La FFR demande clarification

"C'est pour ça que la FFR a demandé une clarification à l'IRB. La question qu'on pose, c'est: doit-on regarder prioritairement et dans tous les cas ou uniquement en cas de doute ?". Car si la polémique reste mesurée pour un match de saison régulière, elle aurait une toute autre importance en phase finale, voire en finale, avec un titre en jeu. "Je ne vous cache pas que les arbitres français sont mal à l'aise. Avoir introduit cette notion est une complication, une source d'incompréhension et une source de subjectivité supplémentaire. Nous préfèrerions qu'on revienne à la définition stricte de la passe en avant, à savoir si le ballon va vers la ligne de ballon mort adverse", ajoute le patron des arbitres français, qui avait senti venir les problèmes en début de saison.

"On savait qu'avec le protocole vidéo dans son ensemble tel qu'il a été étendu, on allait ouvrir des débats sans fin, en particulier sur cette affaire de passes. On sentait que ça n'allait pas dans le sens d'une aide à l'arbitrage", explique-t-il. Pour l'instant à l'étranger, les équipes ne se sont pas plaintes, le débat s'est cantonné aux médias locaux. "Je pense qu'il n'y a pas eu de cas de figure", souligne Didier Mené. "Mais par nature, à l'étranger on polémique moins sur l'arbitrage". Même en finale de Coupe d'Europe ?

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