Labit: "Mon cœur penche pour le CO"

  • Laurent Labit - Racing-Metro - 14 avril 2014
    Laurent Labit - Racing-Metro - 14 avril 2014
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Castres-Toulon est une affiche qui rappelle de doux souvenirs à Laurent Labit. Le co-entraîneur du Racing-Metro, qui avait mené le CO au titre l'an dernier face au RCT, livre un décryptage forcément éclairé sur le remake de la dernière finale de Top 14.

Votre ancienne écurie s'est qualifiée pour sa deuxième finale de Top 14 consécutive... Leur avez-vous laissé la potion magique en partant ?

Laurent Labit : Je ne pense pas qu'on puisse parler en ces termes car ce serait manquer de respect au staff qui nous a succédé. Lorsqu'on avait annoncé notre départ, tôt dans la saison, beaucoup de choses avaient été dites, notamment que cela allait déstabiliser le groupe. On avait dit à nos joueurs qu'après quatre ans avec nous, ils avaient besoin d'entendre un autre discours pour se remettre en question. Nous avons terminé par un titre, ce qui est merveilleux, mais je ne suis pas sûr que nous aurions fait aussi bien cette année. Je n'ai en revanche pas été surpris du comportement de cette équipe et de ses valeurs. Elle a montré une fois de plus qu'elle était taillée pour les phases finales.

Avec votre regard désormais extérieur, qu'est-ce qui a fait, selon vous, la force du Castres de cette année ?

L.L. : Plusieurs facteurs ont fait que le CO est encore debout aujourd'hui. Il y a évidemment la continuité du travail qui a été effectué avant, avec les quatre qualifications d'affilée pour les phases finales, qui ont apporté beaucoup de confiance aux joueurs. Le titre de la saison passée leur a aussi fait prendre conscience qu'ils étaient capables d'évoluer au plus haut niveau. On met souvent en avant les qualités de combat lorsqu'on parle de Castres. Avec Laurent Travers, nous avons bataillé pendant quatre ans à crier haut et fort qu'il y a des joueurs de grande qualité dans cette équipe. Ça n'a pas été beaucoup relayé car cela n'intéressait pas, mais il y a des éléments de très haut niveau. Citons des exemples : Capo Ortega, dans son registre, est pour moi le meilleur deuxième ligne du Top 14 sur la saison. Même chose pour Romain Cabannes. Il a une intelligence de jeu, que ce soit offensivement ou défensivement, qui fait qu'il est pour moi parmi les meilleurs. Rémy Lamerat et Brice Dulin sont les joueurs en forme du moment.

Les buteurs auront forcément une importance particulière samedi. Les deux équipes ont la chance d'avoir deux phénomènes dans ce domaine...

L.L. : Rory, à l'image de l'équipe, est un joueur qui excelle quand arrive le money time. Il est très fort mentalement et a besoin de ces grands matchs pour être au rendez-vous. Le duel de buteur aura évidemment lieu car, comme on le sait, une finale se joue pas à grand-chose. Avec Kockott et Wilkinson, on a à faire à deux maîtres en la matière, très fort mentalement et qui ne doutent jamais.

"On voit des joueurs qui prennent plaisir à être ensemble"

Cette affiche est parfois réduite à une opposition de style entre, d'un côté, les galactiques toulonnais, avec leur armada de bulldozers, et, de l'autre, la force du groupe tarnais…

L.L. : On connaît le profil de joueurs comme S. Armitage, Botha ou Bastareaud et ça va forcément passer par le combat, l'affrontement et le un contre un. Mais Castres et Toulon ont finalement beaucoup de points communs. On parle souvent des stars toulonnaises, mais ce qui transpire aussi de ce groupe varois est leur état d'esprit. On voit des joueurs qui prennent plaisir à être ensemble, à avoir la banane à la fin des matches. Leur qualité réside aussi dans cet esprit de solidarité. On souligne souvent l'état d'esprit des Castrais, mais il existe aussi à Toulon.

"Le RCT a dû enchaîner trois matches de haut niveau en trois semaines..."

Les pronostiques donnent Toulon favori. Qu'est-ce qui, selon vous, peut faire pencher la balance en la faveur de Castres ?

L.L. : C'est vous et tout ce qui peut être dit dans ce sens ! Le CO aime ce genre de rendez-vous, où la France entière, Castres et la région tarnaise mise à part, va supporter le RCT et pronostiquer sa victoire et le sacre de Jonny Wilkinson. Castres n'est jamais aussi dangereux que lorsqu'il est dans cette position du seul contre tous. L'an dernier, Toulon avait préparé cette finale, peut-être pas en nous prenant de haut, mais du moins en pensant très fort que le doublé était quasiment acquis. Il leur a manqué ce pourcentage de motivation qui nous a bien servi. Il ne reproduira peut-être pas la même erreur. À l'inverse, les Castrais sont champions de France en titre. Ils savent qu'ils peuvent réaliser quelque chose de grand en étant sacrés une deuxième fois consécutive mais aussi perdre gros. Ils arrivent à cette finale avec cette pression qu'ils n'avaient pas la saison dernière. Pour ma part, mon cœur penche pour le CO et j'espère qu'il sera champion.

Le manque de fraîcheur physique des Toulonnais, qui ont dû batailler contre les Saracens samedi dernier alors que le CO se reposait, peut-il jouer dans cette finale ?

L.L. : C'est inévitable ! Le week-end de repos dont a pu bénéficier les Castrais leur a fait du bien. Ils ont pu emmagasiner beaucoup d'énergie pour ce grand rendez-vous. Le RCT a dû, de son côté, enchaîner trois matches de haut niveau en trois semaines.

À quel scenario peut-on s'attendre samedi ?

L.L. : Je pense que ce sera un match assez fermé avec beaucoup d'engagement. Les 25 premières minutes devraient être terribles en termes d'impacts et d'intensité. Les buteurs devraient meubler le score au début pour construire le match. Je ne crois pas que ce soit une rencontre très débridée, à moins qu'il y ait un fait de jeu ou un exploit. Mais pour être honnête, je m'attends à un match cadenassé.

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