Vosloo, l'heure du brave

Avec sa longue chevelure blonde, ses yeux bleus, ses biceps gros comme des cuisses et son corps de gladiateur, Gerhard Vosloo c'est d'abord un physique à jouer dans un film. Qui pourrait s'intituler "Le retour du guerrier" ou "Le combat final", avec à l'affiche l'un des acteurs majeurs de la saison de l'ASM Clermont-Auvergne. "Il est pour quelque chose dans le rayonnement actuel de l'équipe", reconnaît l'entraîneur clermontois Franck Azéma. "En ce moment c'est un peu notre fer de lance. Avec Fritz Lee, ils nous apportent beaucoup de puissance en troisième-ligne", apprécie son complice Elvis Vermeulen.

J'ai encore l'esprit jeune, et mon corps suit

Le sud-africain affiche un sourire qui en dit long sur sa forme et ses prestations. Gerhard Vosloo cumule cette saison des statistiques de premier choix. Sept essais inscrits, deux unités derrière Nalaga. Et troisième joueur le plus utilisé, après Sivivatu et James. Le guerrier est reparti à la charge. Enfin débarrassé des ennuis physiques qui lui ont gâché presque une année, entre mars 2012 et janvier 2013. "Ça a commencé avec une première blessure, j'ai continué à jouer et ça s'est aggravé", explique Gerhard Vosloo. Jusqu'à la rupture. Fracture de fatigue au bassin en octobre 2012. Trois mois d'arrêt. "C'était peut-être un mal pour un bien, ça m'a permis de récupérer un peu, et je me sens très bien maintenant. J'ai toujours l'envie et c'est le plus important. J'ai encore l'esprit jeune, et mon corps suit."

Les trois ans que j'ai passé ici vont marquer ma vie jusqu'au dernier jour

"Il a été tellement frustré qu'aujourd'hui il prend beaucoup de plaisir, témoigne Franck Azéma. Ça se sent dans sa façon de jouer, de partager avec le groupe. Ça fait plaisir de le voir à ce niveau là et épanoui comme ça. C'est plus facile de récupérer à 25 ans qu'à 34, mais quand tu es en pleine forme, il n'y a pas de limites..." Gerhard Vosloo confie vivre ses plus belles années en Auvergne, et s'est fixé un unique défi, celui de remporter un titre avec Clermont. "J'ai envie de faire quelque chose avec cette bonne équipe, ces supporters et ce stade énorme. C'est mon seul objectif. Je veux bien finir avec l'ASM et gagner quelque chose. Pas seulement pour moi mais pour tout le monde. Les trois ans que j'ai passé ici vont marquer ma vie jusqu'au dernier jour. Ça aura été une expérience énorme, et j'ai envie d'un terme énorme."

Vosloo voulait continuer, pas Clermont

Ce sera son ultime occasion. Vosloo mène sa dernière croisade sous le maillot jaune et bleu. A bientôt 35 ans, après trois saisons en Auvergne, le club a fait le choix de ne pas le prolonger. "Ca a été décidé ensemble, ce sont des choses qui font partie d'une carrière professionnelle, explique Franck Azéma. Le plus important c'est l'image qu'il va laisser ici, au groupe et au public." Gentleman, le joueur a accepté la décision. "Je suis un peu triste parce que je me sens bien ici. Mais j'avais signé pour trois ans, et quand on signe dans un club on sait que ce n'est pas pour la vie. La carrière de sportif est très courte. J'avais envie de rester, mais le club pense à l'avenir, je le comprends, et je veux tout donner pour bien finir. La décision des dirigeants est positive pour le club."

Son avenir s'écrit en France. Plusieurs clubs de Top14 seraient intéressés, et les choses devraient être conclues avant la fin du mois de mars. Ancien briviste comme lui, Elvis Vermeulen ne rate jamais une occasion de chambrer "son Gégé". Et décrypte dans un éclat de rire ses performances du moment. "Il est en train de chercher un club pour la saison prochaine, du coup il veut montrer sa belle musculature sur tous les stades. Il a à cœur de prouver qu'il a encore de beaux restes..."

J'ai envie de rester en France après le rugby

Après Castres, Brive et Clermont, l'ancien joueur des Lions de Johannesburg devrait connaître un quatrième club en France. Après huit saisons en Top14, il est aujourd'hui français de cœur et de papiers, après sa naturalisation il y a un peu moins d'un an. "Quand j'ai décidé de venir en France avec ma femme, on l'a fait parce qu'on voulait changer de culture et de langue. Mes enfants ont commencé l'école ici, et ils ne connaissent que la France. A la maison, quand ils jouent entre eux ils parlent français. Ils ne connaissent pas l'Afrique du Sud à part pour les vacances. Je me sens privilégié, et j'ai envie de rester en France après le rugby. Ça a commencé comme une aventure pour nous, mais maintenant c'est le top !"