Le RCT, moteur du renouveau de la ville

  • Rugby club toulonnais - Stade Mayol - 4 mai 2014
    Rugby club toulonnais - Stade Mayol - 4 mai 2014
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Longtemps ville meurtrie, Toulon brille aujourd'hui grâce à son club de rugby qui, avec ses "Galactiques" en lice samedi pour un rarissime doublé Coupe d'Europe-Top 14, lui offre un nouveau dynamisme économique et une publicité mondiale.

"Nous avons deux ambassadeurs dans le Var : le RCT et Saint-Tropez", s'amuse Jean-Pierre Ghiribelli, président de l'Umih 83, principal syndicat de l'hôtellerie et de la restauration. "Les gens, ça les fait rêver, c'est festif, pour nous c'est du pain béni !", s'enthousiasme-t-il, évoquant une vénération pour le club de la part de toute une région, où le RCT n'a pas d'égal dans le monde du ballon ovale. Les "Galactiques" - dont le légendaire ouvreur anglais Jonny Wilkinson, l'Australien Matt Giteau ou encore les Sud-Africains Bryan Habana et Bakkies Botha - attirent la foule à chaque rencontre. Synonyme d'une notoriété accrue pour la capitale varoise, et aubaine économique pour les commerces.


Des brasseries qui ne désemplissent pas, des hôtels qui affichent des réservations en hausse de 30% à chaque rendez-vous, des aficionados qui en profitent pour découvrir la superbe rade et ses environs, se mêlant aux croisiéristes : le nombre de touristes a bondi, passant de 158 000 en 2011 à plus de 200 000 en 2013, selon l'Office du tourisme. De nouveaux restaurants essaiment, tenus par de jeunes entrepreneurs motivés par cet élan rugbystique, assure M. Ghiribelli qui veut désormais passer à la vitesse supérieure en lançant des "propositions innovantes, avec des packages tout compris", incluant billets de match, balades...

Arsenal militaire et FN

Avant la professionnalisation et l'ascension à la fin des années 2000 du RCT, en quête de sa gloire d'antan, Toulon était plus connu pour son arsenal militaire, son "petit Chicago", du nom d'un quartier autrefois malfamé, et sa douloureuse expérience municipale frontiste. "L'image de la ville a bien changé", observe avec satisfaction Hubert Falco, le sénateur-maire (UMP) qui a succédé en 2001 à Jean-Marie Le Chevallier (FN). L'agglomération Toulon Provence Méditerranée (plus de 420.000 habitants, dont 167.000 pour Toulon), "territoire qui a créé le plus d'activité en région Paca en 2012 et 2013", affiche "le taux de chômage le plus faible du Var (environ 11%)", un dynamisme indissociable, selon l'élu, du succès du club de rugby, fortement subventionné.

"Nous aidons le RCT parce qu'aujourd'hui c'est devenu un club phare, qui a enchaîné six finales en trois ans", se justifie M. Falco. Les trois collectivités (ville, agglomération et conseil général) lui versent chaque année 4,2 millions d'euros par an, formation des jeunes comprise. La commune met par ailleurs à sa disposition le stade Mayol pour 10 000 euros par an et consent de lourds investissements pour le rénover. A terme, cette enceinte située au coeur de la ville devrait ainsi dépasser la barre des 20 000 places, contre 15 500 actuellement. Un projet d'un coût total de près de 30 millions d'euros, porté par les différentes institutions.

Formidable engouement

Outre les aides publiques, le club varois, fort de 120 salariés, s'appuie sur une multitude de partenariats privés (11,2 millions d'euros) et des recettes marketing conséquentes (4,8 millions), pour un budget global de 33 millions d'euros. Son président Mourad Boudjellal - habile homme d'affaires qui s'est fait un nom dans la bande dessinée avec sa maison Soleil Editions, vendue en juin 2011 - a en effet su faire prospérer la marque RCT dans la région, à travers plus d'une centaine de points de vente de produits dérivés, quatre boutiques physiques et bientôt deux brasseries.

"J'essaie simplement de monétiser le formidable engouement que suscite notre club", expliquait récemment le dirigeant dans une interview au journal Midi Olympique. "Le RCT contribue au rayonnement de la ville à travers la France et l'Europe", à la faveur de ses bons résultats et du "tapage médiatique" du tandem Boudjellal-Laporte, poursuivait-il. Et de conclure : "Nous avons calculé que sur les six derniers mois, la ville de Toulon aurait dû débourser 18 millions d'euros pour obtenir la même visibilité médiatique".

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