Lassé des dirigeants actuels, Laporte va postuler à la présidence de la FFR

Malgré la pression d'une demi-finale de H Cup qui se profile face au Munster dimanche, le manager de Toulon, Bernard Laporte, s'est longuement livré dans les colonnes de L'Equipe ce vendredi. Et si nos confrères de La Provence avaient déjà évoqué l'éventualité d'une candidature de "Bernie" au poste de président de la FFR, pour la première fois, le principal intéressé a dévoilé ses intentions pour 2016. Une décision qui découle d'une certaine lassitude concernant son rôle actuel mais également d'une envie de donner un grand coup de neuf au rugby français.

Durant la saison, il ne le cache pas: l'ancien secrétaire d'état au Sport a bien failli claquer la porte. Comme notamment lors de la défaite face à Grenoble (21-22) où son président, Mourad Boudjellal s'était montré inquiet quant à sa présence à l'entraînement lundi."Il peut m’arriver d’avoir des coups de blues. Et j’en ai eu cette saison. Notamment après la défaite à Oyonnax. Je l’ai dit aux joueurs: 'Si vous n’avez pas envie, dites-le-moi, je partirai'. J’aime bien entraîner des mecs qui ont envie. Après la défaite à Mayol contre Grenoble, j’ai aussi eu un coup de blues. Mais pas à cause des joueurs. A cause de l’arbitrage. Je ne vais pas y revenir, ils m’ont fait assez de mal, mais je ne supporte pas l’injustice".

Cet épisode, et sa suspension de seize semaines pour ses propos envers l'arbitre Laurent Cardona, l'ont marqué. Laporte poursuit: "Je me disais comment vivre avec un arbitre qui décide de mes émotions. Ce n’est pas possible. J’ai passé l’âge. Après, en rentrant chez moi, déçu, j’ai reçu des appels de joueurs, des textos. La nuit a été difficile. Et le matin, au réveil, je me suis dit : ‘Si je suis un lâche, je m’en vais, si je suis quelqu’un qui respecte les joueurs, je reste’".

Ce qu'il n'avait jamais dit: oui, il est candidat à la présidence de la FFR

Remonté contre les dirigeants actuels du rugby français qu'il qualifie de "médiocres" et "egoïstes", Bernad Laporte le dit désormais sans détour: il a envie de postuler au poste de président de la Fédération. " J’ai envie de jouer un rôle important à la Fédération. Depuis deux ans, des amis proches me disent d’y aller. Et là, depuis deux mois, j’en ai envie. Le fait d’avoir été sanctionné m’a encore plus donné envie". Et pour les chantiers prioritaires, il a déjà son avis: "Ce que je voudrais, c’est qu’un président de la Fédération ne puisse se présenter que pour deux mandats. Pareil pour un membre du comité directeur. Et si un jour je suis président, c’est la première chose que je ferai. [...] La Fédération, au lieu de s’enfermer, je veux qu’elle vive, que ça bouillonne d’idées. C’est ça qu’il faut changer. Dans ma tête, je suis prêt".

Les phrases-clefs de l'entretien

Ma sanction me saoule. Elle m’agace profondément. Que la commission fédérale se soit fait plaisir à me mettre trois semaines de plus... Ils pensaient peut-être que ça allait nous empêcher de gagner.

Bernad Laporte n'a toujours pas digéré la suspension infligée par la Ligue concernant ses propos envers Laurent Cardona. Interdit de vestiaire et de communiquer avec ses joueurs durant le match, il ne comprend pas l'intérêt de cette sanction.

Qu’on m’interdise de parler. Mais qui va interdire de parler ? C’est pire que la Stasi ces gens-là. Ces médiocres, il faut qu’ils partent du monde du rugby car ils se comportent mal. Et s’ils ne partent pas, on fera tout pour les virer.

Son président, Mourad Boudjellal n'avait pas hésité à dire "le rugby a grandi sous le régime de Pétain", cette fois, son manager, lui, ose la comparaison avec la Stasi, police secrète de l'Allemagne de l'Est.

Oui, ma décision est prise. Je vais d’abord en parler à mon président, Mourad Boudjellal. C’est la moindre des choses. Il est aussi capable de me faire changer d’avis. Je vais aller au bout de mon contrat qui se termine en 2015. Et après, oui, il faut se présenter aux élections de 2016. J’ai des idées. Si j’y vais, c’est pour changer les choses.

Pour Bernard Laporte, la décision semble donc prise: il ira jusqu'au bout de son contrat avec le RCT avant de se lancer dans une nouvelle aventure.

L'instant drôle

Bernard Laporte est-t-il déjà entré en campagne pour l'élection de la présidence de la FFR en 2016 ? En tout cas, son expérience politique lui a apporté un don certain pour les attaques bien senties envers ses adversaires. Et c'est très habilement qu'il a adressé une pique aux dirigeants actuels du rugby français. Nul doute, ils apprécieront cette délicate attention.

Je trouve inacceptable, je dis bien inacceptable, que des gens soient dans une Fédération depuis trente ans. Ce sont des égoïstes. Ils ne servent pas le sport. Il se servent, eux. On sait pourquoi ils viennent. On se fait chier en province. C’est mieux de venir à Paris, de se coucher à 4 heures du matin quand on monte tout seul. Vous voyez ce que je veux dire... Ah oui, il ne faut pas le dire, il paraît. Chut  ! Mais c’est la vérité, donc je dirai la vérité. Je pourrais écrire un livre sur ce que j’ai vu.

Où lire cet entretien en intégralité

Cette interview est parue ce vendredi dans l'édition papier du journal L'Equipe. Vous pouvez la lire en intégralité en page 12. Sinon, il est disponible sur le site ici