La pilule a du mal à passer pour les supporters

  • Ambiance supporter Bayonne Biarritz - Septembre 2013
    Ambiance supporter Bayonne Biarritz - Septembre 2013
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Alors que la fusion entre Bayonne et Biarritz est à l'étude, les supporters des deux clubs n'ont pas caché leur colère, jugeant inacceptable cette idée.

Inacceptable, mais quelque part sans doute inéluctable: à Biarritz et surtout à Bayonne, les supporters des deux grands clubs basques enrageaient jeudi à l'idée d'une fusion. Mais que ce soit le stade, la formation, les couleurs ou l'ADN basco-basque, certains songent déjà au "comment" au surlendemain de l'annonce par les présidents des deux clubs de l'ouverture de discussions. Gelés par un froid glacial mais bouillonnant à l'intérieur, des fidèles de "l'Aviron" observaient jeudi la fin de l'entraînement au Stade Jean-Dauger. Dans leurs mots, aucun enthousiasme pour le "possible rapprochement" avec le voisin.

"Bayonnais un jour, Bayonnais toujours", clament Bernadette et Pierre Pérez, 60 et 62 ans. "On reste comme on est et on laisse Biarritz descendre", tranchent-ils, en référence à la position précaire du Biarritz Olympique, quatorzième et dernier du championnat à mi-parcours et vraisemblable candidat à la relégation, alors que l'Aviron est également menacé, à l'antépénultième place, à égalité de points avec le deuxième club relégable, Oyonnax. "L'Aviron n'est pas à vendre. Le BOPB est dans une situation financière et sportive bien plus difficile que nous", assène Philippe Garbay, 63 ans. Serge Blanco, président du BO, "sait qu'il est foutu, il se demande comment il peut faire pour sortir de là. Il a trouvé la réponse en phagocytant l'Aviron", persiffle Roger Hank, 64 ans. "Les matches auront lieu à Biarritz, parce que Blanco est le plus fort et on n'entendra plus parler de Bayonne".

Un stade en terrain neutre

"On restera supporters de Bayonne, c'est tout. Et nous ne nous rendrons plus au stade pour voir l'équipe première", affirme de son côté Jacques Noble, co-président de la puissante Pena Baïona, club des supporters de l'Aviron. A sept kilomètres de là, au bar-restaurant "Les Colonnes" de Biarritz, où joueurs et supporters se mêlent lors des après-matches, l'humeur n'est pas mieux disposée. Mais on sait aussi les difficultés actuelles et à venir. "C'est inéluctable", lâche le patron, Jean-Michel Suhubiette, 44 ans, partenaire du BO. "Si on n'a pas d'argent, on est mort. La question est de savoir quelles couleurs on va porter, quel nom et où va-t-on jouer".

"C'était inéluctable si l'on voulait continuer à jouer un rôle en Top 14", estime pour sa part Patrice Caillot, président des Amis du BO. "Il faudra une information importante envers les supporteurs qui attendent des explications. Et laisser les choses se décanter". Mais l'idée, là aussi, passe mal: "Tous mes copains biarrots sont contre et mes copains bayonnais aussi", martèle en secouant la tête Philippe Lissonde, supporter du BOPB de 45 ans. "Ca fait combien d'années qu'il y a cette guerre de clochers ? Difficile de l'enterrer, c'est tellement ancré", poursuit-il. "Je préfère être en ProD2 qu'avoir une fusion".

"Refaisons le Comité côte Basque"

Paradoxalement, peut-être, d'anciens joueurs ne sont pas les plus hostiles. "J'y suis favorable, mais pas n'importe comment", a commenté Pierre Dospital ancien pilier international de Bayonne, qui plaide depuis 10 ans pour une union mais "sans que les clubs disparaissent". Autre illustre pilier, le Biarrot Pascal Ondarts, restaurateur à... Bayonne, est surtout agacé "du moment mal choisi pour parler de fusion. Il fallait attendre la fin de la saison. Il n'y a rien de fait et ça fait le bonheur des médias". Sur le principe, Ondarts verrait même plus large, vers les équipes de provinces des années 80-90. "Tant qu'à fusionner, j'aurais tendu la main à Dax et Mont-de-Marsan (Landes). Refaisons (l'équipe du) Comité Côte basque. J'ai joué pendant 14 ans au Comité. On gagnait tous les matches contre les nations" en tournée.

Basque ou basco-landaise, cette question d'identité revient dans les propos: comme une consolation, une piste. "Si on crée un nouveau club, il faut ratisser large. Former un club d'élite avec des éléments fédérateurs comme Héguy ou Harinordoquy, mais pas d'étrangers", conclut Suhubiette. Un club qui intègre les joueurs du Pays basque intérieur, du Pays basque espagnol. "Il faut surtout avoir un centre de formation où tous les jeunes du Pays basque peuvent être attirés". Et déjà d'envisager des compromis: "Il faut un stade à Anglet (à mi-chemin entre Bayonne et Biarritz), en terrain neutre".

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