Face à la justice, Bénézech confirme ses propos sur le dopage

Par Rugbyrama
  • Laurent Benezech a été relaxé par la justice
    Laurent Benezech a été relaxé par la justice
Publié le Mis à jour
Partager :

Attaqué pour diffamation après ses propos sur le dopage dans le rugby, Laurent Bénézech s'est expliqué devant la justice vendredi. Et n'en démord toujours pas.

L'ex-pilier international Laurent Bénézech s'est présenté vendredi devant la justice comme un "lanceur d'alerte" sur les méfaits du dopage dans le rugby, répondant ainsi aux 134 joueurs professionnels l'accusant conjointement d'avoir tenu des propos diffamatoires dans la presse au printemps 2013. "J'accepte un peu contraint que ce soit mon procès", a déclaré Bénézech en introduction à l'audience devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, "mais j'aimerais que ce soit aussi celui de l'irresponsabilité du rugby envers l'accompagnement médicalisé de la performance (...), une science d'apprentis sorciers qui ne maîtrisent rien de ce qu'ils font."

Bénézech a expliqué à la Cour avoir tenu ces propos dans Le Monde et Midi Olympique pour des raisons sanitaires, après avoir vu "lentement se généraliser l'épidémie" dans un sport qu'il a pratiqué sous l'ère amateur puis professionnelle jusqu'en 2000. Pour illustrer ses propos, l'ex-joueur du Stade toulousain, du Racing Club de France, des Harlequins, en Angleterre, ou de Narbonne a cité à nouveau de nombreux exemples et certains noms, de joueurs ou d'équipes. Il a ainsi nommément évoqué le cas de Paul Jedrasiak, deuxième ligne de Clermont "annoncé à 95 kg en mai 2013 et que vous retrouvez à 115 à l'automne de la même année", stigmatisé les "transformations du visage de joueurs de plus de 25 ans qui ne peuvent correspondre qu'à la prise d'hormones de croissance" et dénoncé l'usage très répandu par les rugbymen de corticoïdes, interdits en compétition mais tolérés durant les périodes d'entraînement.

"Soutenu" par le GIGN

En avril 2013, Bénézech avait déclaré au quotidien Le Monde que le rugby était "exactement dans la même situation que le cyclisme avant l'affaire Festina". Il a donc réitéré vendredi soutenu par quatre témoins, notamment un ex-gendarme du GIGN venu raconter comment l'un de ses collègues avait pris 14 kilos de muscles en quelques semaines, en absorbant des compléments alimentaires offerts par l'équipe d'Angleterre après le Mondial 2011. Des propos sur lesquels a renchéri son avocat Me Basile Ader, qui a montré à la Cour des photos de nombreux internationaux, dont Thierry Dusautoir, Frédéric Michalak ou Nicolas Mas, suggérant une transformation physique suspecte.

En l'absence remarquée et regrettée des plaignants - y compris de Serge Simon, le président de Provale qui avait déposé plainte au nom de 134 joueurs -, c'est leur avocat, Me Romuald Palao qui a apporté la contradiction à l'ex-international. Me Palao défendant également l'ex-Bayonnais François Carillo qui avait porté plainte individuellement contre Bénézech pour avoir insinué dans Le Monde que son accident cardiaque, en décembre 2012, était suspect.

"On peut être amené à dire des bêtises, mais mettre en pâture nommément des joueurs, c'est inexcusable, a déclaré l'avocat. On peut d'autant moins l'excuser que c'est un ancien sportif, qu'il a une parfaite connaissance de la matière. Elle est où la bonne foi ? On ne peut pas dire qu'il a été trompé, abusé." "Personne ne dit qu'il n'y a pas de dopage dans le rugby", a repris M. Palao, reprenant le témoignage de Jean-Claude Perrin, médecin de la Ligue, venu attester de l'"absence de dopage organisé" dans son sport. "Le rôle de l'alerteur, c'était vrai il y a 40 ans. Aujourd'hui, il fait ça avec manque de respect. Bénézech, c'est l'éclaireur pas éclairé", a poursuivi l'avocat, réclamant un euro symbolique pour chacun de ses 134 clients. Le jugement a été mis en délibéré au 26 septembre.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?