A Montpellier, Tchalé-Watchou s'est fait une place de choix

Robins Tchalé-Watchou, modeste deuxième ligne, s'est fait une place dans l'ambitieuse équipe de Montpellier, demi-finaliste du championnat face à Castres, et s'est imposé comme un leader naturel dans un groupe recomposé à l'intersaison autour d'un recrutement haut de gamme. "Beaucoup de gens avaient dit que je jouerais trois matchs et puis c'est tout, au début d'une saison où retrouver le plaisir de jouer était mon ambition. Au regard de la rivalité qui existe dans ce club et de la personnalité de (l'entraîneur) Fabien Galthié, tu te dis que ce ne sont pas des choix par défaut", apprécie ce robuste athlète (1,98 m, 120 kg) au regard doux et au parcours atypique.

Le Camerounais, âgé de 31 ans, arrivé à l'intersaison de Perpignan dans le sillage du pilier Nicolas Mas, a imposé sa puissance au coeur d'une deuxième ligne à forte concurrence. Malgré l'ex-Clermontois Thibault Privat, à l'expérience sans égal, le jeune Mickaël De Marco, l'international écossais Jim Hamilton ou l'international australien Sitakeli Timani, il a disputé vingt matches de Top 14 dont seize comme titulaire. "Je suis bien à Montpellier, sur le terrain ou en dehors. Je prends du plaisir à jouer malgré la concurrence qui me tire vers le haut. En fonction du résultat des deux prochains matchs, je pourrai dire si j'ai fait une bonne ou une mauvaise saison", assure le deuxième ligne qui sera probablement titulaire samedi face à Castres. Affable, courtisé par les médias pour sa clairvoyance et sa pertinence, cet amoureux de la littérature, inscrit à un master de finances à Paris, est un leader naturel, comme l'illustre son poste de vice-président du syndicat des joueurs (Provale). C'est donc logiquement qu'il s'est affirmé lors d'un hiver incertain pour façonner une cohésion à un groupe disparate et chamboulé à l'intersaison.

"Tout n'est pas cartésien"

"Même quand cela a été dur, on a réussi à trouver un lien. On vit bien ensemble, on travaille bien ensemble et on profite bien ensemble. Plus ça va, plus on se connaît, plus on se comprend. On a eu un passage à vide énorme à un moment où tout le monde nous attendait, signe que tout n'est pas cartésien, tout n'est pas scientifique", expliquait-il après le dernier succès de la saison régulière face au Racing-Métro (44-10). "Personnellement, j'ai retrouvé des sensations que j'avais perdues, poursuit-il. J'ai vécu une saison compliquée l'an passé car j'ai été blessé durant cinq ou six mois. Elle a aussi été compliquée sur le plan mental dans un sport où l'affectif est partie prenante. On sentait que ce l'on avait vécu était en train de se perdre", témoigne Robins Tchalé-Watchou qui a tout connu à Perpignan durant quatre ans, à savoir sa révélation au plus haut niveau et l'amorce du déclin de l'Usap.

L'ancien joueur d'Aurillac, Gaillac, Auch ou du Stade français, où il a découvert Fabien Galthié durant une saison (2008-09), s'est émancipé dans l'effectif catalan sous l'autorité de Jacques Brunel, actuel sélectionneur de l'Italie. "Jacques m'a fait comprendre que tout était possible: 'Tu es là et tu me feras le boulot'. Quand un entraîneur comme lui te dit ça, même si tu as un doute, tu avances", rapporte le finaliste du championnat 2009-10. Même si le deuxième ligne s'est hissé au plus haut niveau à Perpignan et confirme aujourd'hui à Montpellier tout son potentiel, il retient avant tout la dimension humaine. "Humainement et sportivement, j'ai vécu des choses exceptionnelles. C'est avant tout ce qui me donne satisfaction et plaisir", lance Robins Tchalé-Watchou, désireux de terminer sa carrière à Montpellier et d'y soigner l'état d'esprit.