Urios, le batisseur de l'Ain

  • Christophe Urios - 23 novembre 2013 - Oyonnax
    Christophe Urios - 23 novembre 2013 - Oyonnax
Publié le Mis à jour
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Arrivé à Oyonnax en 2007, Christophe Urios s'est identifié à ce club atypique qu'il a fait monter en Top 14 et qui tient aujourd'hui tête aux grosses écuries comme le Racing-Métro qu'il reçoit samedi.

Christophe Urios, montpelliérain de naissance, ne se serait jamais imaginé élire domicile dans cette région reculée, aux confins de la France et de la Suisse. A son départ de Bourgoin, relégué en Pro D2 en 2007, il se voyait plutôt revenir vers son Sud natal où il avait fait sa carrière de joueur, à Carcassone (1985-1989) et Castres (1990-1999), puis ses débuts d'entraîneur (à Castres entre 2000 et 2005). "Mais les dirigeants d'Oyonnax insistaient alors je me suis dit que je devais y aller, au moins par politesse. J'y suis monté tout seul, mais vraiment pour manger avec eux et repartir. J'ai rencontré des dirigeants et on a discuté pendant des heures sur le rugby, la formation, le rôle du club dans la vallée... Deux jours plus tard, j'ai signé pour trois ans, aime-t-il à raconter. On m'avait dit que j'allais m'y enterrer mais je ne l'ai pas senti comme ça. C'est un endroit qui me correspondait, j'avais besoin de calme. A la seconde entrevue, je n'ai pas hésité".

Rigueur et franc-parler

Christophe Urios s'est identifié à cette petite ville située au pied des rudes montagnes du Jura et qui "s'est élevée grâce au labeur de ses habitants" comme le clame sa devise, et à son club de rugby fondé en 1909. "Comme souvent dans les endroits reculés, ce club s'est construit sur un jeu d'avants et sur l'idée qu'il faut être très fort à domicile. Dans toutes les épopées qui ont marqué l'histoire du club, la priorité, c'était d'avoir un gros paquet d'avants, un buteur et de gagner à la maison", explique-t-il. Avec son franc-parler et une rigueur qui inspirent le respect autant que sa massive carrure, l'ancien talonneur aujourd'hui âgé de 48 ans a fait fructifier cet héritage. Et a donné entière satisfaction aux dirigeants qui l'ont prolongé jusqu'en 2015 avec des prérogatives élargies de manager général.

Sous sa direction, le stade Charles-Mathon est devenu une forteresse où seul le Stade Français a réussi à s'imposer (16-15 le 21 septembre) depuis le 26 novembre 2011. Cette saison, les champions d'Europe de Toulon (25-22), leurs dauphins clermontois (30-19) ou encore les champions de France de Castres (19-9) s'y sont cassé les dents. Avec le plus petit budget de Top 14 (9,17 millions d'euros), Urios a choisi de s'appuyer sur des joueurs de devoir et de caractère (Tian, Denos...) et/ou en échec dans d'autres clubs comme Guillaume Boussès (ex-Racing-Métro), le pilier Clément Baïocco (ex-Bayonne), Thibaut Lassalle (ex-Agen) ou le troisième ligne Joe El-Abd (ex-Toulon) dont il a fait son capitaine.

Etendard d'une région

"Les joueurs qui sont arrivés chez nous, ils avaient tous quelque part été malheureux avant", expliquait-il en début de saison au journal Sud-Ouest. Attaché à un état d'esprit de solidarité, voire de famille, Christophe Urios cultive aussi l'idée du "petit qui veut faire tomber les gros" et a fait de l'USO l'étendard d'une région jusqu'ici seulement réputée pour son industrie de transformation du plastique. "Les adversaires ne doivent pas se sentir en sécurité (à Charles-Mathon) et le public a une très grande importance là-dedans", explique-t-il. Ses petites phrases ont d'abord fait sourire les habitués de l'élite avant que la plupart ne chutent dans le Haut-Bugey. "Et encore les conditions sont bonnes, avait-il ironisé après la victoire sur Castres en septembre. Quand il y aura 20 centimètres de neige et les ours, ce sera encore plus facile pour nous." La neige n'est pas annoncée samedi sur Oyonnax mais le Racing-Métro et sa cohorte d'internationaux sait qu'il arrive sur un terrain hostile, où Urios a le don de catalyser les énergies.

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