Bras de fer en vue pour les droits télés du Top 14

Par Rugbyrama
  • La justice a décidé de remettre en jeu les droits TV du Top 14
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  • Le programme du week-end (15-16 juin) sur BeIN Sport
    Le programme du week-end (15-16 juin) sur BeIN Sport
Publié le Mis à jour
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La Ligue nationale de rugby va disputer une partie de poker menteur ces prochaines semaines, avec dans son jeu la possibilité de dénoncer son contrat avec Canal +, diffuseur du Top 14, et la présence d'un nouvel acteur, BeIN Sport.

Entre le 1er septembre et le 31 décembre, la LNR aura en main une arme atomique: une clause lui permettant de procéder à un nouvel appel d'offres pour les droits de retransmission du championnat de France.

Pour certains présidents de club, c'est un euphémisme de dire que les termes actuels du contrat avec Canal + ne leur conviennent pas. Signé en mai 2011 et courant sur cinq ans (entre les saisons 2011-2012 et 2015-2016), il prévoit le versement d'une somme annuelle de 31,7 millions d'euros, dont 4,5 millions de part variable. Une somme vitale au regard du budget de la LNR pour l'exercice 2013-2014: 72,1 millions d'euros. "Il y a un peu d'amertume et de déception, convient à mots très choisis le président de la LNR, Paul Goze, interrogé par l'AFP. Il semble que Canal aurait pu faire mieux. Cela tombe bien donc: Canal pourrait avoir l'occasion de faire que tout le monde oublie cet épisode." "Canal a simplement fait jouer le système de l'offre et de la demande, rétorque un acteur proche du dossier qui a requis l'anonymat. Depuis 20 ans, c'est la seule chaîne à vouloir retransmettre le championnat de France, il n'y a pas de concurrence."

De fait, Canal + avait même formulé une première offre à 18 millions d'euros par saison pour seulement trois à quatre matches par journée, provoquant l'ire de la LNR à l'époque qui évoquait en privé des chiffres entre 60 et 100 millions pour l'intégralité de la saison. Dans un contexte où les clubs de Top 14 accusent en moyenne un déficit d'exploitation de l'ordre de 1,8 million d'euros depuis trois saisons, l'éventualité de rénégocier à la hausse les droits aiguise les appétits.

BeIN Sport, le nouveau concurrent

Paul Goze, élu en novembre 2012, a mis sur pied dès décembre un comité de pilotage, faisant appel à l'expertise de deux sociétés spécialisées dans les droits audiovisuels. Car désormais la concurrence est vive avec la montée en puissance de BeIN Sport, contre laquelle Canal a déposé une plainte en juillet pour "concurrence déloyale." La filiale du puissant groupe qatari Al Jazira, lancée en janvier 2012, s'est distinguée en ravissant à Canal + une partie des droits de la Ligue 1 et l'intégralité du championnat espagnol. Principalement positionnée sur le football, cette chaîne à péage tente quelques incursions sur le rugby à XV, avec notamment la retransmission cet été de matches amicaux entre clubs de Top 14.

Sollicitée par l'AFP, BeIN Sport se refuse à confirmer son intérêt pour le Top 14. Mais Paul Goze appuie avec malice sur la présence de journalistes de la chaîne à la conférence de presse de lancement du Top 14 lundi 12 août... Reste à savoir dans quelle mesure la Ligue bénéficierait d'un basculement sur BeIN Sport. "Il ne s'agit pas d'attribuer les droits au plus-disant mais au mieux-disant", note ainsi Paul Goze.

Problème d'exposition

Le programme du week-end (15-16 juin) sur BeIN Sport
Le programme du week-end (15-16 juin) sur BeIN Sport

En coulisses, on ne manque ainsi pas d'insister sur la perte supposée d'exposition dont souffrirait le Top 14 à être diffusé sur BeIN Sport, dont le nombre d'abonnés est estimé à 1,5 million, contre un peu moins de 10 millions à Canal. Canal +, qui diffuse 187 matches par saison, a ainsi battu cette année son record d'audience pour un match de championnat, avec 1.612.000 téléspectateurs pour la demi-finale Toulon-Toulouse le 24 mai. Et en moyenne, la chaîne revendique 726.800 téléspectateurs sur les matches de la saison régulière. BeIN Sport parviendra-t-elle à de telles audiences, qui influent par ricochet sur le sponsoring et le marketing, deux autres ressources des clubs ?

D'autres paramètres vont aussi peser dans la balance, comme la nécessité pour la Ligue d'avoir des caméras sur tous les matches de Top 14 pour garantir l'arbitrage vidéo. "C'est beaucoup plus complexe que cela en a l'air", convient ainsi Paul Goze, à qui il reste donc quatre mois de fenêtre de tir pour appuyer sur la gâchette et déclencher une nouvelle guerre des droits.

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