Quand Talebula met le Top 14 à ses pieds

Où s'arrêtera Bordeaux-Bègles ? Surement là où Talebula décidera de l'amener. Le rugby est un sport collectif mais en Gironde, on ne peut passer outre la 'Talebula dépendance' qui existe depuis août 2012. Meilleur marqueur du Top 14 avec treize essais dont deux décisifs samedi contre Clermont (26-16), pour la plupart "youtubisés", Talebula "fait partie des joueurs d'exception dont on a besoin pour gagner des matches", se réjouit tous les jours son président Laurent Marti. S'il jouait à Toulon, Clermont ou Toulouse, on parlerait de lui comme d'un grand finisseur dans un collectif de premier plan. A Bordeaux (9e), même si l'équilibre de l'équipe a évolué et que l'ambition s'est renforcée cette saison avec l'arrivée de joueurs puissants, briller de la sorte interpelle.  

Pour faire simple, Talebula, c'est Rupeni Caucaunibuca (ex-Agen et Toulouse) sans les frasques ni les kilos en trop, c'est Napolioni Nalaga (Clermont) avec une bien meilleure défense. "Ce n'est pas le facteur X, c'est le facteur Z, comme Zidane, ose son entraîneur Vincent Etcheto. Cela fait quelques années que j'arpente les terrains, j'ai vu des joueurs doués, puissants, rapides, intelligents, mais lui, il a tout, estime le technicien basque. C'est le plus fort que j'aie jamais vu. Il a du Serge Blanco en lui, c'est une panthère. Il y a de l'acquis mais il y a de l'inné aussi. Parfois, je n'ose même pas aller le voir car je me dis 'que vais-je apprendre à ce joueur-là ?'"

Chalmers: "Les autres sont au ralenti"

A 22 ans, la pépite fidjienne issue du rugby à VII se plait à réinventer la notion d'efficacité. Depuis dix-huit mois qu'il sillonne les terrains français, 'Met' a trouvé l'en-but de douze des quinze défenses qui lui ont été opposées (21 essais marqués en tout). Seuls Agen, Paris et Castres n'ont pas (encore) succombé à son talent, sa puissance, sa dextérité. "C'est un joueur imprévisible qui fait des trucs fous, qui a une confiance incroyable. Quand il touche le ballon, on sait qu'il va se passer quelque chose", explique son coéquipier australien Poutasi Luafutu. "C'est un gars surprenant, un Fidjien assez sérieux car il fait de la muscu, se marre le Néo-Zélandais Hugh Chalmers. Quand il court avec le ballon, t'as l'impression que les autres sont au ralenti. Je regrette simplement d'avoir prolongé juste après lui, il n'y avait plus d'argent dans les caisses du club". 

Félin sur le terrain, très rarement blessé, l'intéressé, qui avant chaque match parie avec l'ouvreur Pierre Bernard sur le nombre d'essais qu'il va marquer, n'est pas du genre à tirer la couverture sur lui. "Le rugby n'est qu'un jeu, je suis là pour m'amuser, prendre et donner du plaisir", répète-t-il inlassablement quand on lui demande jusqu'où il peut aller. Ce n'est pas l'UBB, en embuscade, qui va s'en plaindre.