Bayonne: Clap de fin pour Déjardin

  • Alexis Dejardin - Bayonne - 2011
    Alexis Dejardin - Bayonne - 2011
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Après plus de trente ans de bons et loyaux services, le préparateur physique Alexis Déjardin va prendre du recul avec le rugby pro. Une page se tourne.

Nul ne sait encore si Christian Lanta et Christophe Deylaud honoreront leur troisième année de contrat la saison prochaine avec l’Aviron Bayonnais, mais en ce qui concerne, Alexis Déjardin, le troisième homme du trio venu d’Agen il y a deux saisons, l’aventure bayonnaise sera belle et bien terminée dans quinze jours. Le préparateur physique devait déjà arrêter il y a deux ans, mais avait succombé aux arguments de ses complices Lanta et Deylaud pour venir au Pays basque. "J’aurais 62 ans le 5 mai et après 31 saisons de préparation physique dans le rugby il est temps d’aller se reposer un peu. Au début de la saison je me tâtais de savoir si je continuerais ou non et j’ai pris ma décision définitive en septembre. J’ai averti le club au mois d’octobre".

Né au Vietnam, enfant de Toulon, l’athlète Alexis Déjardin est arrivé dans le rugby en 1981 "pour faire courir" les rugbymen de Tulle. Il était alors un jeune Cadre Technique de la Fédération Française d’Athlétisme muté en Corrèze. Ensuite Brive, Nice, Toulon, Béziers, Bayonne, Agen et Bayonne ont fait appel à lui. "J’ai fait partie de toute cette génération de prof et d’entraîneurs venus ouvrir un nouveau métier", dit-il avec ce sourire qui ne le quitte que très rarement. En 2000 il devient pour la première fois salarié d’un club professionnel, Béziers présidé par Olivier Nicollin. A cette époque, il est aussi le préparateur physique du club de football de Montpellier, dont le président s’appelle Louis Nicollin, père d’Olivier. Alexis Déjardin fit une autre escapade hors rugby en 2007 pour s’occuper de la préparation des Athlètes Vietnamiens sélectionnés aux Jeux Olympiques de Pékin.

Des conseils du côté de Toulon

"J’ai eu la chance de connaître l’évolution du rugby, de l’époque où on s’entrainait trois fois par semaine à celle ou on s’entraîne trois fois par jour. Lorsque nous avons été champions de France avec Toulon en 1992, il y avait Jean-Claude Ballatore l’entraîneur, un adjoint pour les trois-quarts et il y avait moi. C’était révolutionnaire d’avoir un préparateur physique", se rappelle-t-il. La préparation physique est depuis devenue incontournable et les staffs ont pris du poids. Au-delà du nombre de personne et de l’arrivée de l’informatique qui ont fait changer le métier, Alexis Déjardin pensent que "la prépa physique dans le rugby" subit plus "des modes" que "des évolutions". "Les exercices restent les mêmes. Les joueurs adhèrent souvent à des choses que l’on faisait déjà il y a vingt ou trente ans déjà. La technologie prend le dessus sur beaucoup de points, mais les hommes restent les hommes. Au moment de rentrer sur le terrain, il y avait la même concentration, la même envie, la même combativité, il y a trente ans".

A 62 ans, Alexis Déjardin va continuer à prodiguer ses conseils avisés dans le sport et dans le rugby. Sans doute du côté de Toulon où se trouve sa famille, mais pas dans le rugby professionnel. S’il regarde ce sport avec toujours autant de passion, il ne cache pas aujourd’hui une certaine usure face à cet environnement. Il retrouve d’ailleurs dans le rugby pro d’aujourd’hui certains comportements négatifs qu’il avait vu lors de son époque foot pro de Montpellier. "Je m’en vais car c’est l’heure pour moi de partir. Je me sens en pleine forme, toujours prêt à innover, mais je pense que le professionnalisme implique une autre mentalité. J’ai déjà beaucoup évolué là-dessus en trente ans. Mais rester me demanderait d’évoluer encore plus pour pouvoir adhérer à cette mentalité. L’environnement, le comportement des joueurs qui arrivent d’horizons très divers avec des motivations différentes, pour moi ça suffit. Avant il y avait le maillot, la région, tout était identifiable. Il y avait Bayonne, Toulon, Béziers, Clermont… Maintenant les équipes qui réussissent sont celles qui arrivent à faire adhérer le maximum de joueurs à un projet de jeu, de résultat. Il ne faut plus forcément parler en termes de 'valeurs ancestrales'. Aujourd’hui c’est plus une histoire de projet que de maillot"

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