Sivivatu a des choses à prouver

On avait pris l'habitude de le voir tirer des bords dans les défenses adverses et plonger dans l'en-but, mais l'ailier de Clermont Sitiveni Sivivatu a quelque peu disparu des radars avant d'aborder les barrages samedi face à son futur club, Castres. Sivivatu, ce sont des bains de soleil interrompus, parfois, par des éclipses. Et ces dernières semaines, l'astre All Black (32 ans, 45 sél) était plutôt mal luné, voire carrément dans le creux de la vague au milieu d'une saison marquée par l'annonce précoce de son transfert à Castres. "Peut-être qu'il a eu un passage à vide", concède tout juste l'entraîneur des trois-quarts Franck Azéma. "Mais j'ai l'impression qu'il remonte la pente, ça c'est positif, et le plus important c'est de l'avoir maintenant", ajoute-t-il en marchant sur des oeufs.

Car s'il est sur le chemin du retour, Sivivatu s'était sérieusement laissé aller auparavant. Dossier sensible en Auvergne. Touché à une épaule le 21 mars lors du match contre Toulon, il a pris du poids, beaucoup, une dizaine de kilos en très peu de temps. Et a logiquement affiché un rendement insuffisant qui l'a privé notamment du quart de finale de Coupe d'Europe face à Leicester début avril.

5 essais, 3 cartons

Une absence remarquée, quand au même stade de la compétition, l'an dernier, il avait étincelé face à Montpellier, avec un essai servi sur un plateau à Aurélien Rougerie puis un slalom de 60 mètres dans une défense héraultaise aux abois. Forcément, alors que le club entame la dernière ligne droite, l'attitude de Sivivatu a posé la question de son implication ou d'un éventuel malaise. Mais le joueur a, dit-on, redoublé d'efforts. Titulaire samedi dernier lors de la victoire poussive face à Perpignan (25-22), il a donné satisfaction à l'encadrement malgré son exclusion temporaire. "C'est lui qui a débloqué l'action sur l'essai (de Wesley Fofana, ndlr), remarque Franck Azéma. Et il a travaillé beaucoup en défense".

Toutefois, de manière générale, ses performances sont en baisse. Auteur de 10 essais en 25 matches l'an passé, il a aujourd'hui bloqué son compteur à cinq (avec trois cartons jaunes) et n'a marqué qu'une seule fois en Top 14 depuis le 23 novembre (contre Montpellier, le 22 avril, ndlr). Quatre jours avant la révélation de son départ pour Castres.

Impact psychologique

En Coupe d'Europe, il n'a frappé qu'une seule fois cette année, contre les Harlequins en janvier. Certes, sa présence seule dans un XV de départ suffit à susciter la crainte des adversaires, à l'image de l'entraîneur des Saracens Mark McCall qui, avant la demie largement remportée par ses hommes (46-6), vantait la capacité du Néo-Zélandais à "surgir là où on l'attend le moins". Homme réservé et discret dans la vie, Sivivatu a semble-t-il négocié un peu maladroitement l'annonce de son déménagement dans le Tarn. En début de saison, il clamait sa volonté de rester en Auvergne, dans un club pour lequel il était prêt à "laisser de (s)on sang", comme il le confiait en avril 2013.

Mais fin novembre, après avoir reçu des propositions de Toulon et Castres, il confirmait avoir choisi le CO pour un salaire qui avoisinerait les 45.000 euros mensuels et un bail long de trois ans. "Nous ne pouvions pas nous aligner sur la proposition de Castres, justifie le directeur sportif de l'ASM Jean-Marc Lhermet, nous avons un équilibre à respecter par rapport à notre effectif". De fait, la pilule a été un peu difficile à avaler pour l'ASM, qui avait su patienter avec le joueur, le temps de son adaptation, après son arrivée à l'été 2011 et des débuts timides. Son départ sera ainsi compensé par la venue d'un autre All Black, Zac Guildford. Et Sivivatu, lui, pourra encore se rattraper en revenant dans la lumière pour offrir un titre à l'ASM, une joie qu'il n'a pas encore connue après quatre demi-finales et une finale perdues en trois ans, toutes compétitions confondues.