Le tour de Midi Olympique

  • Ali Williams - Toulon Montpellier - 21 décembre 2013
    Ali Williams - Toulon Montpellier - 21 décembre 2013
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Comme chaque semaine, les envoyés spéciaux de Midi Olympique décryptent, à travers une anecdote, un joueur ou une image insolite, les moments forts de la quatorzième journée de Top 14. Là, ils reviennent sur les performances de A. Williams, Beauxis, Bardy ou de la mêlée du Stade français et les histoires d'hommes de Brive-Racing.

Toulon-Montpellier: 43-10. Emilie DUDON

Certains craignaient qu'il vienne là s'offrir une retraite dorée. Que de Toulon, il cherche plus la douceur de vivre que le feu de Mayol. Trois mois après son arrivée, Ali Williams a mis tout le monde d'accord. Star parmi les stars, l'ancien All Black (32 ans, 77 sélections) a su s'imposer comme l'un des très bons coups du recrutement varois. Si ses premières sorties sous le maillot des champions d'Europe furent plutôt discrètes, le deuxième ligne rayonne depuis quelques semaines. Extrêmement technique, aussi bien en touche que dans le jeu courant, ce joueur à l'humour dévastateur (il a publié deux livre hilarants et adore se déguiser en Spiderman) est tout sauf un rigolo sur le terrain. Les Montpelliérains, qui sont encore partis de Mayol la valise pleine, pourraient vous en dire quelque chose... A 32 ans, Ali Williams reste un joueur d'exception. Le RCT, qui l'a fait prolonger jusqu'en 2015 - au moins - ne s'y est pas trompé.

Toulouse-Bordeaux-Bègles: 18-16. Grégory LETORT

Beauxis, c'est fort. Mercredi, il s'était pointé en conférence de presse, souriant mais encore une fois plutôt taiseux. Il avait raconté son plaisir après la victoire de Toulouse sur le terrain du Connacht où il s'est illustré par deux passes décisives pour Maxime Médard. "Je pense d'abord à l'équipe. Il faut qu'elle gagne. Mon cas personnel passe après". Il a raconté son retour en forme, cette période hivernale qui lui sied souvent. Et il a parlé de sa fin de contrat. "Ce n'est pas évident de ne pas savoir ce qu'on va faire, du lieu où on va vivre. On verra bien". Des négociations en cours ? "Joker". Et puis l'hypothèse de la signature de l'ouvreur anglais Toby Flood est venue sur la table. Beauxis a répondu: "Je me concentre sur moi-même. Le principal c'est le terrain." Samedi à Ernest-Wallon, il a mis ses actes en adéquation avec ses paroles; Dix-huit points contre Bordeaux pour peser dans la victoire de son équipe. Beauxis, simplement sobre et efficace. Et donc auteur d'un six sur sept dans ses tentatives. Une forme de réponse pour ceux qui doutaient de lui. Il faut en être sûr : Beauxis a du talent et du mental.

Brive-Racing-Metro: 9-9. Jérémy FADAT

Il est parfois des matchs que l'on croirait anodin, ennuyeux, sans relief. Ce Brive-Racing est de cette trempe. Seulement dix-huit points. Aucun essai. Mais le sport, le rugby, la vie ne se résument pas à ce genre de conclusions hâtives. Samedi soir, il était beaucoup plus qu'un simple match. Il était beaucoup plus qu'un simple résultat nul. Il était aussi histoires d'hommes. Et de tout ce qui en découle. De leurs joies comme de leurs peines, de leurs déceptions comme de leurs émotions. Il était histoire de Benjamin Fall, qui a appris le décès de son papa quelques heures avant le coup d'envoi d'une rencontre de Top 14, devenue d'un seul coup moins dramatique qu'il n'y paraît. Il était question de Gaëtan Germain, l'ancien pensionnaire du Racing, où il fit la plupart du temps banquette avant de se relancer en prêt en Corrèze, où il s'est engagé pour les deux prochaines saisons. Même pour nous, en tribunes, il était question du dernier match à Brive de notre confrère et compère Bruno Fabioux, cet amoureux des "oeufs mayo" du Café de la Poste et du vin chaud d'Amédée-Domenech, qui tirera une révérence bien méritée au 31 décembre. Alors ne comptez pas sur nous pour clamer que l'on s'est fait "chier" samedi. Humainement, ce fut l'inverse. Parce que voir Fall choisir d'affronter les affres de la vie pour répondre présent, à son initiative, sur le terrain n'a pas de prix. Pas plus que de recueillir la frustration et l'amertume d'un Germain abattu d'avoir manqué trois pénalités devant ses ex-coéquipiers. Et, enfin, pas plus que d'avoir une dernière fois partagé le privilège d'un déplacement avec Bruno...

Clermont-Biarritz: 35-6. Jérôme FREDON  

Personne à Clermont ne pourra lui reprocher de ne pas avoir le sens du sacrifice. A la demande de Vern Cotter, Julien Bardy a en effet écourté ses vacances au Portugal pour venir prêter main forte à son équipe dépourvue en troisième ligne. En l'absence d'Alexandre Lapandry et Julien Bonnaire blessés mais aussi de Damien Chouly (vacances), Fritz Lee et Gerhard Vosloo étaient les deux seuls pros sur lesquels l'ASMCA pouvait compter pour la réception de Biarritz au Michelin. Vern Cotter ne souhaitait pas prendre le risque de mettre deux néophytes en élite, Arthur Roulin et Peceli Yato sur la feuille de match. Seul Roulin a finalement joué, réussissant des débuts tonitruants chez les pros. Rentré en Auvergne jeudi matin, Bardy a pris part sur le banc. Auteur d'une entrée remarquée en deuxième période, l'international lusitanien a contribué à débloquer le match. Omniprésent dans les regroupements, Bardy en a aussi profité pour faire admirer une autre facette de son jeu: son habileté balle en main. En position de centre, il fixait parfaitement le dernier défenseur pour envoyer Regan King en terre promise à la 66ème minute. C'est également lui qui d'une course tonique au ras, amena l'essai du bonus offensif inscrit par Thierry Lacrampe.

Oyonnax-Bayonne: 9-6. Jean-Pierre DUNAND

Serré, indécis jusqu’au bout, parfois tendu, le match de la peur entre Oyonnax et Bayonne aurait pu se jouer sur un coup de dé, mais ce sont les coups de pied qui décidèrent de son issue. Sur un plan purement comptable il est aisé d’établir la comparaison entre le sans faute réalisé par Benjamin Urdapilleta et le décevant taux de 50% de réussite de son homologue bayonnais Martin Bustos Boyano. Vu par ce bout de la lorgnette, la victoire oyonnaxienne ne souffre d’aucune contestation. Pourtant, le jeu au pied des joueurs du Haut-Bugey fut loin d’être convaincant. Souvent trop court ou imprécis, il n’a pas permis aux Oyonnaxiens de se défaire de l’étreinte basque. A l’inverse, c’est ce même jeu au pied qui servit d’appui aux Bayonnais pour maintenir la pression et mettre en difficulté le club de l’Ain. A deux minutes du terme, avec un écart de trois points, tout aurait pu se jouer sur un nouveau coup de pied. Une pénalité aurait pu offrir le partage aux Basques. Ils tenaient le ballon, aux 30 mètres d’Oyonnax, mais ce sont eux qui furent sanctionnés.

Castres-Perpignan: 37-13. Vincent BISSONNET

On ne peut pas encore savoir si Castres figurera pour la cinquième fois consécutive en phases finales du Top 14. Mais les spectateurs du stade Pierre-Antoine peuvent au moins d'ores et déjà se targuer d'assister à un appétissant spectacle offensif, tous les quinze jours. Samedi, face au rival perpignanais, les champions de France, détenteurs de la deuxième meilleure attaque du championnat, ont en effet obtenu leur cinquième bonus offensif de la saison en huit rencontres à domicile. Ou quand le rugby produit sur le terrain allie l'agréable à l'utile. Arrivé sur la pointe des pieds, sans fracas, le duo Milhas-Darricarrère a su en seulement cinq mois transposer ses convictions au collectif castrais, pourtant profondément marqué par la patte Travers-Labit. Pour l'heure, cet état de fait ne garantit rien. Mais c'est déjà une belle première victoire en cette saison du renouveau.

Stade français-Grenoble: 21-6. Arnaud BEURDELEY

Même le directeur sportif de Grenoble Fabrice Landreau, pourtant très au fait de la qualité de la mêlée parisienne, s'est dit "surpris". Vendredi soir, le pack stadiste a encore impressionné. Deux ballons gagnés sur introduction adverse dont le second est à l'origine de l'essai de Bosman, une flopée de pénalités et de coup francs récoltés, et une domination qui a régulièrement empêché les Grenoblois de lancer le jeu. Inutile d'en rajouter. Tout juste faut-il féliciter Patricio Noriega pour le travail accompli avec les avants stadistes. La mêlée parisienne avait déjà fière allure l'an passé sous la houlette de David Auradou, elle a franchi un palier supplémentaire sous la baguette du technicien australo-argentin. Parce que si le club de la capitale peut compter sur une première ligne titulaire impressionnante depuis le début de saison avec Van Der Merwe, Sempéré (qui fêtait vendredi son centième match sous les couleurs parisiennes) et Slimani, celle entrée en cours de match (Taulafo, Van Vuuren, Kubriashvili) a su se montrer à la hauteur. Un exemple ? C'est cette première ligne-là qui a chipé le ballon offrant le deuxième essai parisien. A croire les joueurs interchangeables. Si bien que le travail collectif entrepris par Noriega ne peut être passé sous silence. Au contraire.

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