Plisson, drops en stock

L'horloge du stade Jean-Dauger brille dans la nuit et indique une heure tardive : il est 22h43. Bien que la rencontre opposant l'Aviron bayonnais au Stade français soit terminée depuis plus d'une demi-heure (19-10), quelques joueurs parisiens squattent encore la pelouse pour pousser les organismes dans leurs derniers retranchements. Parmi eux, un élément se démarque des autres: il s'agit de Jules Plisson.

Peu inspiré lors de l'opposition initiale, le natif de Neuilly-sur-Seine s'inflige une séance d'entraînement supplémentaire. Une punition ? Pas vraiment, une délivrance plutôt. Son souffle, ses impacts, ses courses résonnent au sein d'une enceinte désormais complètement vide. Le demi d'ouverture enchaîne les percussions, inlassablement, sous le regard protecteur de son nouvel entraîneur, Gonzalo Quesada. "Chaque fois que j'ai entraîné, même en équipe de France, j'ai toujours été naturellement très proche des numéro dix, confie ce dernier. Tout le système de jeu que nous désirons mettre en place est imaginé pour donner énormément de solutions à l'ouvreur. L'équipe doit circuler d'une certaine façon, pour qu'une menace constante pèse sur les défenses adverses. Nous essayons d'élaborer des structures d'attaque très intéressantes autour du demi-d'ouverture", explique le technicien.

Ce nouveau projet de jeu semble conçu sur mesure pour les larges épaules de Jules Plisson. Doté d'un sens créatif hors du commun, le jeune parisien correspond mot pour mot à cette définition du numéro dix moderne établie par Gonzalo Quesada. Peut-être même un peu plus que le sud-africain Morné Steyn, certes extrêmement doué au pied, mais moins créatif.

6 drops la saison dernière

Mais pourquoi les opposer ? L'arrivée d'un joueur de ce calibre pourrait finalement se révéler bénéfique pour la progression du jeune français, notamment dans ses coups de pied. Car si Plisson est passé maître dans l'art du drop - il en a inscrit 6 la saison dernière - son jeu d'occupation est encore trop léger, trop tendre pour le haut niveau international. Des exigences qu'il convient dorénavant de combler. "J'espère que Morné Steyn me fera travailler mon jeu au pied, rigole le demi-d'ouverture parisien. J'ai hâte de bosser avec lui pour qu'il m'apporte toute son expérience. Il y aura une concurrence saine."

Du haut de ses vingt et un printemps, le joueur du Stade français a le temps et l'avenir devant lui. Il capitalise pourtant déjà 29 titularisations en Top 14 et 17 de Challenge européen. De belles statistiques qui devraient encore considérablement gonfler cette saison. A condition cependant d'écouter les conseils de ses entraîneurs. "Il a deux anciens numéro 10 en tant que coach. Un droitier et un gaucher. Il faut qu'il en profite", synthétise Gonzalo Quesada.

Doté d'un profil atypique, Jules Plisson possède encore néanmoins une belle marge de progression. Et ce à tous les niveaux. "Je peux encore progresser dans beaucoup de secteurs. Au niveau de mon jeu au pied, dans la précision de mes attaques, en défense... Même si aujourd'hui j'ai essayé de m'envoyer un peu plus. Pour être un bon demi-d'ouverture, il faut être complet donc il me reste des aspects à travailler."

Souvent considéré comme l'ennemi numéro un de la formation française, les transferts des stars internationales pourraient bien, dans ce cas là, profiter à la sélection tricolore. En Morné Steyn, Jules Plisson semble avoir trouvé l'un de ses mentors les plus précieux. Peut-être est-ce finalement le meilleur moyen pour exploser définitivement.