Boudjellal: "J'en ai marre de financer le rugby mondial"

Par Rugbyrama
  • Boudjellal - Toulon - 14 septembre 2012
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  • Laporte - Toulon Brive - Septembre 2011
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Publié le Mis à jour
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Le président du RC Toulon Mourad Boudjellal a déclaré mardi à l'AFP en avoir "marre de financer le rugby mondial", appelant à une revalorisation de l'indemnisation des clubs qui mettent à disposition leurs joueurs pour les matches internationaux.

Que pensez-vous de la situation du XV de France, qui a perdu ses trois premiers matches du Tournoi ?

Mourad Boudjellal: Philippe Saint-André, sa quête doit être de gagner la Coupe du monde. Et cela doit passer par des défaites car il est dans une phase de construction. Il doit faire fi de ses ambitions dans ce Tournoi, voire dans celui de l'année prochaine parce que son Graal, c'est la Coupe du monde.

Les joueurs ont paru bien usés face à l'Angleterre car leur saison en club est déjà longue...

M.B : C'est plus complexe qu'une histoire de temps de jeu. Et puis, il ne faut pas oublier qu'on est arrivé en finale de Coupe du monde avec ce système. Philippe, il doit reconstruire, mais pas sur du vide. Les clubs ne bossent pas si mal. Quand quelque chose ne va pas, il ne faut pas reporter la faute sur les autres.

Boudjellal - Toulon - 14 septembre 2012
Boudjellal - Toulon - 14 septembre 2012

Les clubs sont les boucs émissaires des résultats du XV de France ?

M.B : Je pose la question: pourquoi certains joueurs ne sont pas aussi bon en Bleu qu'ils le sont en club ? Est ce que les schémas de jeu mis en place parviennent à bonifier l'apport en joueurs des clubs ?

Pensez-vous qu'il faille totalement refondre le système de mise à disposition des internationaux ?

M.B : Je crois que ce système n'est pas si pourri. On glorifie le système anglais, mais on les bat en quarts de finale de la Coupe du monde. En novembre (3 victoires en test-matches), on n'a pas dit merci aux clubs non plus. C'est un peu facile de leur faire porter la faute maintenant.

Que faudrait-il retoucher alors ?

M.B : Il faut mettre en place une vraie politique de revalorisation de la formation, elle n'est pas assez rémunératrice. Former un jeune, ça me coûte plus cher que d'aller chercher un joueur dans un autre club, puisque je dois à la fois payer son salaire et sa formation. Et je risque aussi de le perdre très vite au profit d'un autre club.

C'est un appel à la Fédération ?

M.B : La Fédération doit résoudre un vrai problème d'image. Le rugby n'est pas assez symbole d'ascension sociale. Pour les jeunes, le rugby, c'est un complément de salaire, c'est tout. Les jeunes doivent faire des sacrifices, avec leurs études, leur famille, leur vie sociale, leur travail. Il faut qu'il y ait une vraie rémunération !

Mais ne vit-on pas bien du rugby quand on est professionnel ?

M.B : Pfff. A la fin, il reste quoi ? Tout juste de quoi s'acheter un bar-tabac, et encore. On gagne bien sa vie, oui, mais sur un laps de temps très court. Arrêtons de misérabiliser le rugby si l'on veut que les jeunes viennent à ce sport. Il faut que ce tabou de l'argent cesse.

N'avez-vous pas peur que le rugby devienne bling-bling ?

M.B : Est-ce que c'est parce qu'on gagne bien sa vie qu'on a moins de valeurs?

En ce sens, la Fédération n'aura-t-elle pas du mal à suivre le rythme d'expansion économique des clubs ?

M.B : Mais la Fédération a les moyens, c'est juste une question de répartition. On dit que l'on n'a pas d'argent. Mais regardez les réceptions d'après match, c'est smoking et champagne. On est très bling-bling à la Fédération et ça ne gêne personne.

Pensez-vous que les clubs et la Fédération parviendront à un accord convenable pour les deux ?

M.B : Il le faut. J'emploie 140 salariés à Toulon, je paye des internationaux et c'est loin d'être donné. Il faut revoir ces règles amateurs, ces doublons à la con. Moi, il y a deux semaines, j'ai juste eu le droit de payer mes internationaux français, pas de les faire jouer, et je n'ai pas eu d'indemnisation. C'est invivable, impensable dans le droit du travail. Moi, j'en ai marre de financer le rugby mondial. La semaine dernière, Bernard (Laporte) a dû aller pleurer auprès du sélectionneur géorgien pour ne pas qu'il retienne nos deux piliers.

Laporte - Toulon Brive - Septembre 2011
Laporte - Toulon Brive - Septembre 2011

Que demandez-vous ?

M.B : Une véritable indemnisation. La Fédération veut se payer un stade à 600 millions, c'est très bien. Mais avant, il faudrait penser à payer ceux qui sont sur la pelouse.

Vos internationaux vont-ils jouer ce week-end face à Toulouse ?

M.B : Il y a un travail de reconstruction. Je connais Philippe (Saint-André), c'est loin d'être un incompétent mais il a fait le genre d'erreurs que je faisais quand j'étais jeune président: il a ciblé des noms. Je pense à Frédéric Michalak. J'ai un peu peur pour lui car c'est un garçon sensible. Alors oui, on aimerait bien les faire jouer ce week-end, c'est Bernard qui décidera. Mais moi, j'avais oublié que Bastareaud et Michalak jouaient à Toulon!

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