"Je ne voulais prendre aucun risque"

Par Rugbyrama
  • eduard coetzee biarritz 2011-2012
    eduard coetzee biarritz 2011-2012
Publié le Mis à jour
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Après onze saisons de rugby pro dont sept en France, le pilier sud-africain de Biarritz, Eduard Coetzee, doit mettre un terme brutal à sa carrière à cause d'une série de trois commotions cérébrales subies en quatre mois. Pour notre site, il se livre avec émotion mais non sans humour.

Comment avez-vous pris la décision de mettre un terme à votre carrière ?

Eduard COETZEE: De façon très simple, j'ai consulté trois neurologues différents, et tous m'ont préconisé une interruption définitive de la pratique du rugby. A partir de là, il était difficile de ne pas suivre la décision des médecins. Et puis là, on ne parle pas d'une cheville ou d'un bras, mais du cerveau : c'est autrement plus grave. Je ne voulais prendre aucun risque.

Aviez-vous déjà eu des alertes ?

E.C.: Oui, bien sûr. Cela fait maintenant quinze ans que je joue au rugby, et j'ai déjà reçu des chocs très importants. Mais il est vrai que la fréquence de ces chocs s'est dangereusement accélérée ces derniers temps: en quatre mois, j'ai subi trois commotions cérébrales. En match amical contre les London Irish, ensuite contre Toulouse, et enfin contre Perpignan. Heureusement que les médecins du Biarritz olympique sont très compétents: ils m'ont recommandé à un spécialiste dès la première alerte. Mais le repos n'a pas suffi, et aujourd'hui encore je souffre de vertiges.

Pourquoi n'avez-vous pas décidé de porter un casque après la première alerte ?

E.C.: Tu as vu la tête que je me paye ? Alors si en plus, je mets un casque... (rires) Et puis, comme moi je suis beau, et que j'accorde beaucoup d'importance à mon image, c'était impossible ! (rires)

Plus sérieusement...

E.C.: Non, c'est vrai. Mais c'est trop tard maintenant.

Comment vos partenaires ont appris votre décision ?

E.C.: J'ai tout d'abord eu une discussion avec Serge Blanco, le staff médical et les autres dirigeants pour faire un point sur la situation. Ensuite je leur ai demandé une semaine de réflexion, ainsi que la possibilité de l'annoncer à mes coéquipiers. Alors je me suis présenté devant eux un matin, juste avant la séance vidéo, et leur ai tout simplement expliqué que je ne pouvais plus continuer, et que j'avais déjà eu beaucoup de chance d'exercer ce métier pendant si longtemps. Je leur ai aussi dit que si même je n'étais plus sur le terrain, je serais pas loin, dans les tribunes.

Quelle a été leur réaction ?

E.C.: Je ne sais pas trop, j'étais très ému, alors je suis vite parti juste après ! Ils avaient l'air un peu tristes, mais c'est aussi peut-être parce qu'ils savaient qu'ils avaient une séance d'analyse vidéo juste après ! (rires)

Il vous reste encore un an de contrat avec le Biarritz olympique. Que va t-il se passer ?

E.C.: Je ne sais pas. Il est encore tôt pour se prononcer. Mais nous sommes en train de réfléchir à ça, et je laisse aux personnes compétentes le soin de s'occuper de ces choses-là...

Et à titre personnel ?

E.C.: Je ne sais pas encore. C'est aussi trop tôt pour dire. Je pense profiter de deux ou trois semaines avec ma famille pour prendre une décision. Je ne sais pas si je vais rentrer en Afrique du Sud ou rester ici. J'ai un diplôme en comptabilité et je passe actuellement un master en gestion de finances.

Quel souvenir allez-vous garder de votre passage sur la côte basque ?

E.C.: L'extrême gentillesse des gens. Voilà trois jours que je reçois d'innombrables messages de soutien, qui viennent des supporters bayonnais (où il a joué deux saisons, N.D.L.R.) et biarrots, autant de mes amis proches que de personnes que je ne connais pas. Cela me touche vraiment, et je tiens à les remercier. Pour moi, et ma famille, le Pays basque est un endroit formidable où nous souhaitons rester si nous en avons la possibilité.

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