Revol : "Etre le plus attractif possible"

Par Rugbyrama
  • Pierre Yves REVOL - 10.10.2010
    Pierre Yves REVOL - 10.10.2010
Publié le Mis à jour
Partager :

En marge de l'interview accordée à Midi Olympique publiée ce lundi, le président de la Ligue Nationale de Rugby Pierre-Yves Revol s'est également épanché sur le cas de sa compétition phare: le Top 14. Il se livre sans tabou et espère une grande réussite pour les phases finales. Morceaux choisis.

Quel regard portez-vous aujourd'hui sur le Top 14 ?

Pierre-Yves REVOL: On trouve aujourd'hui une grande diversité de profils de clubs et de dirigeants, qui induit de la concurrence et des enjeux à tous les niveaux. Je crois que tout le monde a conscience de la nécessité d'être solidaires pour pérenniser un rugby professionnel attractif. C'est pour cela que 40% des droits TV sont reversés à la Pro D2. Il faut entretenir une concurrence suffisante, parce que rien n'est jamais acquis. Qui aurait pu prédire le renouveau du Racing, moribond en bas de la Pro D2 ? Qui sait si le Lou ne va pas renaître, Grenoble rejouer les premiers rôles en Top 14 ou Bordeaux-Bègles refaire de Musard cette forteresse si difficile à assiéger ? Qui sait si une petite ville ne va pas inventer un nouveau modèle économique de club, fondé sur la formation, que nous devrons d'une façon ou d'une autre revaloriser à l'avenir ?

Les fameux "nouveaux présidents", désireux de tirer le Top 14 vers le haut, adhèrent-ils à ce discours solidaire ?

P-Y.R: J'observe l'évolution des acteurs importants les plus récents. Jacky Lorenzetti dit toujours ce qu'il pense, parfois avec vigueur mais il cherche aussi à comprendre les règles du milieu dans lequel il évolue et à respecter les différences. On ne réalise pas un parcours comme le sien sans qualités exceptionnelles. Mourad Boudjellal est en perpétuel mouvement et c'est un excellent client pour les média, avec son sens de la répartie et de la formule. Mais derrière l'homme de spectacle, je vois aussi une grand sensibilité et une véritable ouverture aux autres.

Quid des difficultés financières connus aujourd'hui par plusieurs clubs, notamment par le CSBJ, qui vient de se voir retirer cinq points par la DNACG ?

P-Y.R: Le cas le plus épineux est celui de Bourgoin, les autres répondent davantage à des problèmes conjoncturels. Mais dans le passé, le CSBJ a montré sa capacité à trouver des ressources. Rien ne dit que cela ne sera pas encore le cas. Le plus important est de faire avec ses moyens. Le Racing ou Toulon ont une politique d'expansion et ont des moyens de le faire. Mais les clubs qui n'ont pas leurs moyens doivent garder leur raison et suivre leur chemin.

La Ligue a connu un bouleversement notable dans son organigramme avec le départ de son directeur historique, Arnaud Dagorne...

P-Y.R: La LNR est une institution récente avec encore des lacunes. Arnaud Dagorne lui a beaucoup donné et nous lui en sommes reconnaissants. Une ère nouvelle s'ouvre. Je travaille très bien avec Emmanuel Eschallier, un homme du sérail. Et nous modifions notre organisation pour être encore plus performants au service des clubs.

Autre sujet marquant de 2011, dont on parle moins : celui des stades, dans le cadre duquel vous avez rencontré début décembre la ministre des Sports Chantal Jouanno. Qu'avez-vous retiré de cette entrevue ?

P-Y.R: Je crois qu'il y a eu une prise de conscience de la part de la ministre des Sports. Si à l'occasion de l'Euro de foot, des dispositions vont être prises dans certaines grandes villes, ces initiatives ne vont favoriser que quelques clubs. Or, il existe en parallèle un problème d'infrastructures dans les villes moyennes, qui constitue une préoccupation réelle du ministère des Sports quant à l'aménagement du territoire. J'ai ressenti une réceptivité à notre problématique, une volonté réelle de trouver des solutions.

Une politique forte est-elle indispensable ?

P-Y.R: Ce qui est certain, c'est qu'il est plus compliqué pour les villes moyennes de rester compétitives sans stade. Les recettes guichet sont l'objet du plus de disparités. Et comme notre économie n'est pas fondée, à l'instar de celle du foot, sur les droits TV et la politique de formation et cession des joueurs, les clubs sans infrastructures adaptées sont forcément pénalisés.

La période s'y prête : quel voeu formulerez-vous pour le rugby français en 2011 ?

P-Y.R: J'en effectuerai deux. Que notre championnat soit le plus attractif possible, et que la phase finale, en particulier le week-end à Marseille, soit couronnée de succès. Je souhaite une grande fête du rugby français. C'est la phase finale qui devra donner la meilleure image de notre sport. Et au-delà, j'espère que tous les acteurs du Top 14 auront le souci de rendre notre sport encore plus attractif. Globalement, en-dehors du terrain, notre image est plutôt enviée. La passion engendre parfois des débordements, mais si l'on ne touche pas à notre identité profonde, à l'attachement que nous portons au respect de l'autre après un match, dans nos tribunes ou envers l'arbitre, alors ils peuvent être tolérés. La passion est le sel du rugby. En revanche, pour exister sur la durée, il faudra montrer une progression en terme de spectacle, et nous sommes capables de le faire. Mais tous les acteurs doivent en être conscients.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?