Clermont, la quatrième dimension

18h44 à Geoffroy-Guichard : les Clermontois et leurs supporters entraient dans une liesse comme jamais l'Auvergne n'en a connue. Au terme d'un match de légende, ils venaient de battre Toulon 35-29 et atteignaient la dernière marche dans leur course au Brennus pour la quatrième fois en quatre ans. Une délivrance. A peine deux minutes avant, Canale avait sauvé toute leur saison en poussant l'ailier toulonnais Lovobalavu en touche à un mètre de la ligne.

Une demi-heure plus tôt, le chaudron, déjà bouillant, était prêt à exploser. M. Garcès venait de siffler après 80 minutes de jeu et les deux équipes allaient devoir jouer deux fois dix minutes de prolongations. Après l'essai de Zirakasvhili à la 69e, Clermont menait 22-12 et ses supporters pensaient avoir empoché leur quatrième finale consécutive. C'était sans compter sur les ressources extraordinaires du RCT. Revenus de nulle part, les Toulonnais envoyaient enfin du jeu et inscrivaient dix points en neuf minutes (essai de 100 mètres de Williams à la 74e, puis pénalité de Wilkinson à la 78e), revenant à égalité 22-22 .

Clermont sauvé par sa mêlée

A l'issue de la première mi-temps des prolongations, c'est l'ASMCA qui menait 25-22 grâce à une pénalité James (89e) après avoir passé dix minutes dans les 22 mètres adverses. L'ouvreur australien, tellement malheureux dans ses coups de pied ces dernières semaines, réussissait même le drop de l'année, de 55 mètres en coin à la 92e. Puis à la 94e, Malzieu tapait à suivre pour lui-même et devançait Lovobalavu après un sprint de 80 mètres pour aplatir l'essai de la gagne. Cibray lui répondait quatre minutes plus tard mais cela ne suffisait pas. Les Toulonnais venaient finalement mourir à six points. A un mètre. A un rien, en somme.

Au terme du match le plus intense de l'année, Clermont venait de s'offrir une revanche après la finale perdue contre Perpignan l'an dernier. Alors comment les Auvergnats ont-ils fait la différence ? Grâce à leurs buteurs et à leur mêlée. Les mêmes clés qu'à Montpellier la veille lors de la première demi-finale entre Perpignan et Toulouse... Dominateurs en mêlée, mais aussi guidés par un Parra toujours aussi impeccable et un James au coup de pied retrouvé, les Jaunards ont stoppé l'irrésistible ascension des Toulonnais. Ces derniers peuvent avoir des regrets mais ils payent sûrement leur indiscipline en deuxième mi-temps et leur réveil tardif pour avoir eu le défaut de s'entêter dans une mauvaise stratégie. Dès qu'ils ont envoyé du jeu, ils ont mis leurs adversaires à la peine. Mais ils ont l'ont fait trop tard. Et dans le froid hivernal de Saint-Etienne en ce 15 mai, ils ont vu leurs rêves s'écrouler. Leurs supporters étaient sous le choc, et pas seulement thermique.