La dure vie du champion

Par Rugbyrama
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Perpignan a subi sa première défaite de la saison dès son premier déplacement, le week-end dernier à Montpellier (18-12). Plus surprenants, les Catalans ont été nettement dominés dans l'engagement, ce qui n'est pas si fréquent. L'Usap découvre à ses dépens que le champion est attendu partout.

Dur, dur, d'être un champion. Le Brennus apporte l'ivresse du bonheur, le temps d'une soirée, et les effluves de la fierté, durant tout un été. Mais il impose surtout de nouvelles obligations à celui qui le possède. Comme une forme d'excellence permanente. Car le champion de France est attendu partout au tournant. Chacun veut "se le payer". C'est un honneur qui lui est fait. Perpignan, qui n'avait plus goûté au gros bout de bois depuis près d'un demi-siècle, découvre encore les inconvénients dus à son rang. Pour son premier déplacement de la saison, samedi, à Montpellier, l'Usap a eu un aperçu de ce qui l'attend dans les mois à venir. Une expérience douloureuse, mais une leçon peut-être salutaire.

Les Catalans, et ça ne leur arrive pas souvent, se sont fait marcher dessus dans l'Hérault. Ils s'en doutaient, d'autant que le MHR, fessé à Brive une semaine plus tôt, avait le couteau sous la gorge autant qu'entre les dents. "Ils seront sûrement vexés d'avoir pris 30 points à Brive et ils ont dit qu'ils nous attendaient ", avait prévenu David Marty la veille du derby languedocien. Pourtant, les Sang et Or sont restés presque sans réaction, comme apathiques pendant 80 minutes. "On a été pris dans l'engagement en première période, peste Marty. On n'a pas répondu dans le défi physique." Un avis partagé par Jacques Brunel: "On n'était pas au niveau de Montpellier dans l'intensité, notamment en première période."

Vices et vertus du sacre

Au final, pas un match catastrophique, non. Plutôt une copie fadasse, sans vie et sans âme, qui ressemble si peu aux vertus véhiculées par ce club et ce groupe. Dans ces conditions, impossible de gagner. "Nous n'avons pas d'excuses à faire valoir. Montpellier mérite largement sa victoire, il n'y a rien dire ", poursuit David Marty, sévère mais juste avec ses troupes. Au-delà de l'engagement, Perpignan a aussi failli dans le jeu, trop approximatif. "Nous avons commis beaucoup trop de fautes pour pouvoir prétendre l'emporter", avoue le talonneur Guilhem Guirado. Dommage, car, malgré ces errements, l'Usap n'était pas loin du compte au tableau d'affichage. Dans les vingt dernières minutes, le champion a eu des opportunités de marquer, au pied ou à la main. Mais le manque de réussite au pied de David Mélé et le défaut de réalisme de l'attaque catalane ont été rédhibitoires.

Après une victoire en trompe-l'oeil en ouverture face à une équipe de Bayonne terriblement inefficace, les Catalans n'ont eu que ce qu'ils méritaient à Yves-du-Manoir. Au plan comptable, l'accroc est ennuyeux. Mais à long terme, il peut s'avérer salvateur. Il marque en tout cas officiellement la fin de l'état de grâce et le retour sur terre. Inévitable. Perpignan est en train d'apprendre qu'une finale est presque aussi dure à digérer quand elle est gagnée que quand elle est perdue. La victoire a ses vertus. Elle a aussi ses vices, radicalement différents de ceux générés par la cruauté de la défaite. Mais tout aussi dangereuses sur le rendement futur d'une équipe.

Heureusement, serait-on tenté de dire, voilà Toulouse qui se pointe à Aimé-Giral le week-end prochain. Bien sûr, l'adversaire fait peur, surtout au vu de sa carburation aoutienne. Le Stade a démarré en mode turbo ce Top 14. Le diesel catalan a eu deux journées pour se mettre en route. Le moteur avait toussé contre Bayonne mais il avait tenu le coup. A Montpellier, ce fut donc la panne sèche. Mais contre Toulouse, on a peine à croire que l'Usap puisse faillir dans le domaine de l'engagement. On ignore si les hommes de Jacques Brunel battront Toulouse samedi. Mais dans le combat, ils seront là. "Là, ce sera une question d'orgueil", lance Guirado. A ce sujet, 'lUsap en connait un rayon.

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