Full mental jacket

"Clermont mérite cette victoire.  Je pense que l'an dernier, on n'aurait pas gagné cette rencontre." Ces mots ne viennent pas d'un joueur de l'ASMCA mais bien d'un Toulonnais : Pierre Mignoni. Ce qui ne leur confère que plus de force. Après la qualification en finale des Auvergnats, leur ancien demi de mêlée reconnaissait que quelque chose avait changé chez les Jaunards. Et tout le monde s'accorde à le dire. Le capitaine Aurélien Rougerie en premier lieu : "Je ne pense pas, non, que nous aurions gagné ce match il y a quelques années. Mais nous avons fait preuve de caractère tout au long de la saison. Ce groupe est orgueilleux, il l'a encore prouvé aujourd'hui. "

Une saison difficile

Il est vrai que les choses semblent différentes pour l'ASMCA cette fois. Car elle ne va pas aborder sa quatrième finale consécutive dans les mêmes conditions que les trois premières. Cette saison a été beaucoup plus difficile que les précédentes pour elle. Contrairement aux années passées, elle a souffert. Vraiment souffert. Et pas seulement durant ces phases finales, qui l'ont vu s'imposer sur le fil en match de barrages contre le Racing (21-17) et après prolongations face à Toulon (35-29).

C'est au fil des mois que les Clermontois se sont forgé leur caractère quand, juste avant l'hiver, ils passaient un mois sans victoire et s'inclinaient à domicile contre Biarritz (13-16). Début avril aussi, quand ils ont été éliminés en quart de finale de H Cup au Leinster d'un petit point (28-29). Quand ils ont fait corps autour de leur buteur Brock James également, montré du doigt après cette défaite contre les Irlandais et qui a mis un mois et demi à renaître, par ce drop incroyable de 55 mètres en coin durant les prolongations de la demi-finale de Top 14 contre Toulon.

Mêmes symptômes depuis 2007

Clermont aurait donc grandi. Il possède un véritable mental maintenant. Et c'est précisément ce qui lui a fait défaut les années précédentes. Souvenez-vous : en 2007, les Auvergnats avaient dominé toute la finale avant de s'écrouler à la 78e minute de jeu avec un essai du Parisien Samo. L'an dernier aussi, ils menaient à la mi-temps et s'étaient liquéfiés en deuxième période pour se laisser rattraper par la verve des Perpignanais. Aujourd'hui, ils paraissent capables de se relever de ce type de situations, comme ils l'ont montré face au Racing et à Toulon. Pierre Mignoni est d'ailleurs persuadé que cette année est la bonne pour eux : "A force de prendre des coups, tu progresses, assure-t-il. Cette équipe a franchi un cap cette année."

Aurélien Rougerie est d'accord avec lui. Et il sait de quoi il parle, trimballant derrière lui ses cinq finales perdues (1999, 2001, 2007, 2008 et 2009). "J'espère que la sixième sera la bonne", s'exclame-t-il dans un sourire. Pour cela, il ne faudra pas craquer sous la pression, comme ce fut le cas ces trois dernières saisons. Bref, il s'agira de ne pas s'en faire une montagne : "On a passé le Mont-Blanc, il nous reste l'Everest, le plus long, le plus dur mais aussi le plus beau à grimper", conclut le troisième ligne Julien Bonnaire.