Construit dans la douleur

Par Rugbyrama
  • Julien Malzieu - Clermont Perpignan - Top 14 2010
    Julien Malzieu - Clermont Perpignan - Top 14 2010
Publié le Mis à jour
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Les Clermontois sont unanimes sur ce point : cette année, le groupe est plus soudé qu’auparavant. Une cohésion nouvelle née des désillusions passées et fruit d’une saison dans laquelle ils ont dû davantage s’employer pour s’offrir une quatrième finale de Top 14 d’affilée. Sera-ce suffisant ?

La question revient sans cesse ces dernières semaines : qu’est-ce qui a changé à Clermont depuis l’an passé ? Dans le jeu, pas forcément grand-chose. L’ASMCA s’appuie toujours sur un pack conquérant, une conquête efficace et une ligne d’arrières ambitieuse et bercée aux sirènes du large-large chères au couple Cotter-Schmidt. Alors il faut chercher ailleurs. Julien Malzieu donne un élément de réponse : "Notre groupe est plus soudé qu’auparavant. Il existe plus d’affinités et donc Clermont est plus fort, j’en suis persuadé. Est-ce que cela suffira cette fois ? Je ne sais pas mais si, comme en demi-finale, il faut aller jouer cent minutes pour l’emporter, je sais qu’on le fera." La principale évolution serait donc psychologique ? Pas uniquement, rétorque l’ailier international, mais tout simplement dans les rapports humains : "Cela me change par rapport aux années précédentes. Je ne dis pas qu’il n’existait pas de solidarité entre nous mais celle-ci s’est clairement accentuée au quotidien. Aux entraînements, on s’encourage en permanence. Il y a beaucoup plus de communication. Et cette cohésion se retrouve sur le terrain."

Les raisons de cette union à la fois naissante et particulière ? Evidemment les frustrations et les déceptions accumulées par les Clermontois ces dernières saisons. Car le groupe a peu évolué. "C’est vrai et on se sent bien ensemble, confirme Thomas Domingo. Nous avons plus de vécu commun maintenant." Mais il n’y a pas que ça. Cette saison, les Auvergnats ont certainement plus souffert pour en arriver où ils en sont. Ils ont traversé "des périodes de flottement", comme le dit Julien Bonnaire, et dû disputer davantage de matchs accrochés. Et sur ce point, les joueurs sont unanimes : ce fût bénéfique. "Cette saison a été plus compliquée pour nous, indique ainsi le pilier. Nous avons eu beaucoup de rencontres difficiles, serrées. Nous avons remporté des énormes batailles en Coupe d’Europe et dû nous relever après la déception du Leinster (défait en quart de finale de H Cup, ndlr). Nous y avons laissé des plumes physiquement mais nous en nous sommes bien sortis quand même… Et nous sommes plus forts au niveau du mental et de l’engagement."

"Courage, abnégation et solidarité"

Voilà donc en quoi l’ASMCA n’est plus la même équipe aujourd’hui. Voilà aussi pourquoi elle s’est particulièrement ressoudée pendant ces deux semaines de préparation. Pour créer une sorte de cocon, pour que le groupe se resserre encore. Ce que Julien Bonnaire appelle "l’égoïsme" des joueurs : "Nous devons être égoïstes et gagner pour nous avant tout." Le but : arrêter d’être la formation talentueuse mais gentille et vulnérable des exercices précédents. Un premier élément de réponse a été apporté lors du barrage contre le Racing et de la demi-finale face à Toulon. A chaque fois, Clermont a été bousculé, a flirté avec la défaite mais s’en est sorti. "Ces matchs nous ont marqués et nous ont renforcés, insiste Julien Malzieu. Nous avons été à la limite de la rupture mais nous n’avons rien lâché. Nous avons tout simplement joué les uns pour les autres." Et l’ailier de se fendre d’un "c’est l’illustration de la solidarité dont je parlais tout à l’heure."

Alors cette cohésion, les Clermontois en auront encore bien besoin samedi face au rouleau compresseur perpignanais. Car sur ce plan, les Catalans n’ont certainement rien à envier à leurs adversaires. Vern Cotter le sait : "C’est une équipe coriace, féroce, accrocheuse. Une formation constante, qui est toujours présente. Contre l’Usap, on ne peut jamais dire que l’on a gagné au bout de 30 ou 40 minutes. Mieux vaut attendre la fin…" Mais l’entraîneur néo-zélandais des Auvergnats a été impressionné par l’état d’esprit de ses troupes depuis quelques semaines. "Mes joueurs ont fait des efforts énormes, concède-t-il. Le courage, l’abnégation et la solidarité ont été leurs principales qualités. Il faudra le renouveler." Pour, cette fois, aller enfin soulever ce fameux Bouclier de Brennus. Parce que si le groupe clermontois a mûri, il est temps d’en cueillir les fruits.

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