Le K.O. parfait

Par Rugbyrama
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Dominateur en première période, Clermont semblait enfin en route pour son premier sacre. Mais en l'espace de 10 minutes, la révolte catalane a fait basculer le match en début de seconde période. Une fois menée au score, l'ASM n'a jamais retrouvé le fil d'un match qu'elle croyait pourtant maîtriser.

Jusqu'ici, tout allait bien. La malédiction semblait loin. Clermont dominait son sujet. Sa finale. Son adversaire. Comme s'ils étaient hermétiques au passé, lointain ou plus récent, qui a fait de ce club le roi maudit du rugby français, les Auvergnats avaient pris le match à bras le corps. Plus de détermination, de conviction, de maitrise aussi. Pendant 40 minutes, l'ASM a joué en patronne et si son avantage au score était restreint à mi-chemin (10-6), quatre petits points, elle offrait le sentiment d'une équipe en route pour le Brennus. La machine dégageait suffisamment de force pour cela. On se disait que, cette fois, c'était la bonne. Eux aussi, sans doute.

Puis tout a basculé. Il aura suffi de 10 minutes pour que le fantôme ressurgisse. 10 minutes au cours desquelles Clermont s'est fait marcher dessus. "L'an dernier, nous avions faim, mais Toulouse était encore plus affamé que nous et ça avait fait la différence", rappelait Pierre Mignoni cette semaine en évoquant le souvenir douloureux de la finale 2008. A l'entame du second acte, la phrase de Mignoni a repris tout son sens. Sevrés de titre depuis toujours, les Jaunes avaient sans aucun doute terriblement envie de soulever le trophée. Plus que n'importe qui. Pourtant, sur ce début de seconde période, ils n'ont pas pu, pas su, endiguer la furia catalane. L'essai de David Marty, moins de cinq minutes après la reprise, a porté un premier direct du droit à la face clermontoise. Puis ce fut au tour de Jérôme Porical d'ajuster deux nouveaux coups fatals, via la transformation et une pénalité dans la foulée.

Incompréhension

Voilà, c'était plié. Sans avoir rien vu venir et en ayant encore moins compris ce qui lui arrivait, l'ASM s'est retrouvée menée 16-10. Rien d'insurmontable au plan mathématique, d'autant qu'il restait encore une demi-heure à jouer. Mais en réalité, le match était bel et bien terminé. A partir de là, tout est allé de travers pour Clermont. La bande à Aurélien Rougerie a perdu toute lucidité. Incapable de reprendre le fil de son jeu et de son match, elle a voulu trop en faire. Brock James en fut le symbole. Dans un fauteuil en première période, l'ouvreur australien a voulu forcer, cherchant les touches trop loin sur pénalités. Du coup, il ne les trouva jamais. Il aurait même pu écoper d'un carton jaune pour un plaquage haut. Mais 14 fantômes ou 15, cela ne changeait rien à l'affaire, de toute façon. Une fois dans le dur, Clermont s'est montré incapable de forcer son destin quand l'Usap, elle, a su retourner le cours d'une histoire mal embarquée.

Clermont avait tout pour gagner ce match. Le talent. L'envie. L'expérience, aussi. Et pendant toute une mi-temps, tout cela s'est senti. Mais il semble systématiquement lui manquer ce supplément d'âme sans lequel rien n'est possible dans de telles circonstances. Cette grinta, on pouvait la voir sur l'expression de David Marty après son essai. Elle dégageait plus de rage que de joie. L'ASM est une superbe styliste, souvent formidable à voir jouer. Mais samedi soir, en 10 minutes, elle s'est retrouvée K.O. debout, avant d'errer comme un pantin désarticulé. Il y a un an, on se souvient qu'Aurélien Rougerie avait fondu en larmes dès la fin du match, déversant sa misère sur l'épaule du président René Fontès. Samedi, au coup de sifflet final, plus encore que l'inévitable déception, l'évidence tristesse, c'est l'incompréhension qui creusait les traits du capitaine auvergnat. Non, Clermont n'a pas compris, ni le comment ni le pourquoi de la catastrophe. La 10e d'une histoire qui n'en finit pas de se répéter.

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