Brunel enfin récompensé

Par Rugbyrama
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Nommé manager sportif de Perpignan à l'été 2007, Jacques Brunel a soulevé son premier Bouclier de Brennus le week-end dernier après 21 ans passés sur les bancs du championnat. Retour sur le parcours du technicien gersois.

Il n'est pas de nature à s'emporter, Jacques Brunel. Pourtant, il ne tenait plus en place au Stade de France. Levant les bras, gesticulant, haranguant ses joueurs, l'entraîneur de Perpignan s'est laissé dévorer par la passion, conscient de n'être plus qu'à quelques minutes d'un sacre de champion de France. Quelques minutes interminables pour couronner vingt-une saisons passées sur un banc de touche. "Après 21 ans de carrière comme entraîneur, j'ai enfin réussi à entraîner l'équipe championne" , souriait-il dans les travées du Stade de France. Un titre qui est venu récompenser une carrière riche mais bien moins médiatique que celle de certains confrères.

Au moment de toucher le Bouclier de Brennus, il a certainement pensé à toutes ces années passées à courir derrière. Si Jacques Brunel a permis à Perpignan de terminer en tête de la phase régulière, il avait déjà réussi cet exploit avec Auch lors de la saison 1993-1994. Il avait emmené le club gersois à la place de numéro un à l'issue de la phase régulière. Un premier fait d'armes qui n'était pas passé inaperçu. Colomiers l'appelait alors pour guider sa génération dorée avec laquelle il remportait le Challenge européen (1998) avant d'échouer en finale de la Coupe d'Europe la saison suivante. En 1998, il amenait aussi Fabien Galthié et ses coéquipiers jusqu'au stade des demi-finales du championnat (défaite face à Perpignan).

Apprentissage avec Laporte

Il quittait ensuite l'USC pour rejoindre la Section paloise. Une arrivée dans un club ambitieux avec un début en fanfare (dix victoires consécutives) et une demi-finale à la clé qui se terminait par la qualification de... Colomiers après une dernière pénalité de David Skrela. Si Jacques Brunel n'arrivait toujours pas à s'ouvrir les portes de la finale du championnat, ses résultats ne laissaient pas indifférent Bernard Laporte, jeune sélectionneur de l'équipe de France. Le Gersois, après une saison en demi-teinte à Pau, intégrait alors l'encadrement des Bleus, quelques jours avant la tournée 2001 en Afrique du Sud où le quinze de France s'imposait lors du premier test (23-32) au terme d'un match magnifique.

La collaboration des deux hommes se prolongeait jusqu'à la fin de la Coupe du monde 2007. Toujours dans l'ombre de l'actuel secrétaire d'Etat aux sports, le Gersois était pourtant un rouage essentiel lors des victoires françaises dans le Tournoi des 6 Nations en 2007, 2006 et lors des Grand Chelem 2002 et 2004. L'expérience acquise au fil des saisons lui permettait d'explorer de nouvelles pistes et de tendre vers un rugby plus complet. Réputé comme un excellent meneur d'hommes, il se perfectionnait sur le plan tactique et technique. Expert d'un jeu rude qui a fait la renommée de Perpignan, il était l'homme de la situation pour permettre à l'Usap de franchir un cap tout en s'appuyant sur la culture du club catalan.

Des débuts difficiles

Mais son arrivée tardive à Perpignan après le mondial 2007 ne lui permettait pas de connaître des débuts faciles en Catalogne. Le groupe, en manque de résultats et contraint d'intégrer beaucoup de jeunes, était, au coeur de l'hiver, au bord de l'implosion. L'Usap végétait en deuxième partie du classement à la mi-saison. Brunel rappelait Christophe Porcu pour resserrer les liens et retrouver le goût du combat. Le 8 mars 2008, les Catalans arrachaient un succès précieux et fondateur sur la pelouse de Jean-Bouin face à Paris. L'unité préservée, l'entraîneur pouvait commencer son chantier avec l'aval du groupe. L'Usap enchaînait huit victoires. "Quand vous voulez faire changer les choses, il faut avoir la chance d'avoir des résultats rapidement", reconnaissait-il au moment d'expliquer le travail entrepris depuis deux saisons. "C'est toujours plus facile sinon les joueurs ne comprennent pas les changements et tout se complique. Nous avons gardé notre culture mais nous avons su évoluer et trouver un équilibre dans notre potentiel."

Depuis la progression de l'équipe a été constante et les piqures de rappel, rares (défaite à Aimé-Giral face à Paris lors de la 3e journée). Le 17 avril 2009, Perpignan s'installait à la première place du classement pour la première fois depuis l'arrivée de Jacques Brunel. Il fallait ensuite réussir à franchir le cap des demi-finales. Le Gersois y parvenait enfin face au Stade français avec à la clé trois essais magnifiques. Tout pouvait alors arriver.

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