La bombe Ngwenya

Par Rugbyrama
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Révélé par un essai venu d'ailleurs face à l'Afrique du Sud lors de la Coupe du monde, Takudzwa Ngwenya est en train de conquérir son monde à Biarritz. L'ailier américain est un diamant à l'état brut, qui a besoin de se polir. Mais il impressionne déjà.

Dans la vie d'un sportif de haut niveau, il existe souvent un acte fondateur, comme une forme de naissance, de révélation. Pour Takudzwa Ngwenya, il existe ainsi un avant et un après 30 septembre 2007. Ce jour-là, en pleine Coupe du monde, il s'est révélé à la face du rugby pour qui il n'était qu'un inconnu au sein d'une équipe américaine presque anonyme, en inscrivant un essai d'anthologie face à l'Afrique du Sud: 50 mètres ballon en main et nu duel en un contre un gagné face à Bryan Habana en personne, au prix d'une accélération phénoménale. En 20 secondes à peine, Ngwenya venait d'entrer en pleine lumière.

Depuis, la vidéo de cette action de folie (l'IRB a désigné cet essai comme le plus beau de l'année 2007) a connu un joli succès sur internet. Surtout, la flèche américaine a changé de dimension. Alléchés par la pointe de vitesse sidérante du bonhomme, plusieurs ténors du rugby européen ont cherché à l'enrôler. "J'avais deux propositions intéressantes venant d'Angleterre (NDLR: les Saracens lui ont proposé de le prendre un mois à l'essai), mais j'ai finalement choisi Biarritz", explique l'intéressé. Drôle de trajectoire que celle de l'enfant d'Harare. Elle l'a mené du Zimbabwe au Pays basque en passant par le Texas puis côte Est des Etats-Unis.

Lagisquet: "Il apprend vite"

Lorsqu'il a touché pour la première fois un ballon de rugby à l'âge de 16 ans, à Vainona High School d'Harare, Ngwenya était sans doute loin d'imaginer un tel destin. Une fois arrivé aux Etats-Unis, il joue dans un club à Dallas et tape rapidement dans l'oeil des sélectionneurs américains, d'abord à VII puis à XV. Il ne lui restait plus qu'à saisir sa chance. La scène grandiose de la Coupe du monde constituait pour lui le théâtre idéal. Le 30 septembre 2007 a fait le reste...

Mais ce qui n'était qu'un jeu est aujourd'hui devenu un métier pour le jeune trois-quarts aile d'origine zimbabwéenne. Il doit en apprendre les exigences. "Il a besoin d'être un peu plus concentré parfois", confie Patrice Lagisquet, chargé de polir ce diamant brut. "Il lui faut aussi apprendre à travailler avec ses mains. Mais il apprend vite et il est très déterminé ", assure le coach du BO. Ngwenya n'est pas un enfant de la balle. La culture rugby lui est étrangère. Il ne possède donc pas les automatismes du joueur qui a "bouffé" du rugby depuis l'âge de huit ans.

10"25 sur 100 mètres

Pour autant, chacun à Biarritz est convaincu que ce handicap reste largement surmontable. "A son poste, estime ainsi Imanol Harinordoquy, il n'a pas besoin d'avoir une grosse culture tactique. Il y a des postes beaucoup plus stratégiques au rugby. L'important pour un ailier, c'est d'avoir de l'instinct. Et ça, il l'a. Quand il voit la ligne, il n'a qu'une idée: aller derrière. C'est un marqueur-tueur, avec des qualités hors-normes de finisseur. " "Il a peut-être quelques lacunes parce qu'il n'a pas fait d'école de rugby, mais il va tellement vite", confirme Julien Dupuy.

Chronométré à 10"25 sur 100m quand il était à l'Université aux Etats-Unis, Ngwenya est un fantastique dévoreur d'espaces. Le BO en a déjà profité puisqu'avec quatre essais, l'Américain s'est imposé comme le meilleur marqueur de son équipe en Top 14. Le joueur est prometteur. L'homme, lui, a déjà conquis son monde. "C'est un bon mec, apprécie Harinordoquy. Ce n'est pourtant pas évident pour lui. Il débarque de Philadelphie, une grande ville. Il doit se sentir un peu à l'étroit ici. Mais il a tout le temps le sourire. Il s'est parfaitement intégré. Laissez-lui juste un peu de temps. On va parler de lui pendant longtemps."

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