Le printemps de Jeanjean

Par Rugbyrama
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Longtemps freiné par des blessures, Nicolas Jeanjean revit en ce printemps 2007 avec le Stade Français. L'ancien arrière de Toulouse apporte sa fraicheur et son envie, et rêve d'un deuxième Bouclier de Brennus, six ans après. Après tout ce qu'il a travers

Six ans qu'il attendait ça. Samedi, Nicolas Jeanjean devrait disputer sa deuxième finale de championnat au Stade de France. Peut-être dans la peau d'un titulaire, comme en demi-finales à Bordeaux, ou à Agen lors de la dernière journée de la phase régulière. Même s'il devait s'installer sur le banc, l'arrière parisien a tout pour jouer un rôle face à Clermont, tant il s'est montré tranchant à chacune de ses récentes sorties. En cette fin de saison où tant de joueurs n'en peuvent plus, il est frais, il a faim et il marche fort. Il y a encore quelques semaines, sa carrière semblait pourtant au point mort.

L'histoire de Nicolas Jeanjean, c'est celle d'un mec doué, mais un peu poissard. Une première moitié de carrière tout sauf rectiligne. Fulgurante, d'abord. Propulsé arrière titulaire du Stade Toulousain à 19 ans, il prend la succession de l'icône des Sept-Deniers, Stéphane Ougier. Avec Michalak, Bouilhou ou Poitrenaud, il incarne la nouvelle vague, celle qui déferle sur le Stade de France le 9 juin 2001 pour s'adjuger le Bouclier de Brennus face à Montferrand. Le dernier, à ce jour, du club toulousain. Un souvenir inoubliable. Il n'a pas connu mieux depuis. "C'était une période euphorique, confiait-il récemment dans Midi Olympique. Rien ne pouvait nous arriver. D'un autre côté, je ne réalisais pas vraiment ce que ça représentait."

La métaphore parisienne

C'était le temps de l'insouciance. De la jeunesse triomphante. C'était le temps du XV de France, aussi. Déjà. Une semaine après le titre de champion de France, Jeanjean débute sous le maillot tricolore. Pas contre n'importe qui, face aux Springboks. Et pas n'importe où. A l'Ellis Park de Johannesburg. L'enfant de Montpellier est titulaire en 15 et la France s'impose. Encore deux semaines et voilà Jeanjean, toujours aligné d'entrée mais à l'aile cette fois, face au grand Jonah Lomu. "Je m'accrochais à tout ce que je pouvais pour le ralentir", se souvient-il. Jeanjean a tout juste 20 ans, et l'avenir devant lui. Sauf que le destin se montre parfois capricieux avec ceux qu'il a trop gâtés. Alors la suite sera moins heureuse.

La suite, c'est une succession de saisons chaotiques, sinusoïdales. Quelques brefs retours en forme au milieu d'une longue succession de blessures. Jeanjean ne joue plus que des demi-saisons, au mieux. En février 2005, alors qu'il revenait au plus haut niveau et avait gagné sa place de titulaire au sein du XV rouge et noir, il se blesse gravement à l'entrainement. Fin de saison et grosse galère. Ses blessures lui minent le corps mais lui blindent la tête. "Il faut apprendre à vivre avec, à les gérer." En 2005/2006, il ne joue que trois matchs. Après huit années sur les bords de la Garonne, il décide de tourner la page. Direction Paris.

Plus qu'un défi, c'est presque un suicide. Avec Corleto et Hernandez, la place n'est pas franchement vacante. Les premiers mois seront effectivement difficiles. Peu de temps jeu, encore, et l'infirmerie, toujours. Blessé fin janvier face à Calvisano, l'ancien Toulousain reste trois mois sur le flanc, avant un retour sur la pointe des pieds, à Montauban, fin avril. Et le revoilà à nouveau en haut de l'affiche. Son nom recommencerait même à circuler dans les hautes sphères du XV de France... Par une drôle d'ironie, ce sont aujourd'hui les blessures des autres qui lui permettent de se relancer. Il est ainsi presque devenu le symbole de cette équipe parisienne, laminée par les bobos depuis deux mois, mais qui reste debout, malgré tout. Presque une métaphore de la carrière de Jeanjean.

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