Analyse technique : les leçons du test match des Bleus à Tokyo

  • Test match - Charles Ollivon (France)
    Test match - Charles Ollivon (France)
Publié le Mis à jour
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TEST MATCH - Si le dernier test de la saison disputé par les Français à Tokyo ne restera pas dans les annales, il pourrait constituer une bonne base de travail pour le staff dans l’anticipation de ce que leurs prochains adversaires pourraient stratégiquement opposer aux Bleus.

On ne poussera pas le bouchon jusqu’à parler d’exploit, au sujet du match livré samedi par les Bleus, justement qualifié par le deuxième ligne Thomas Lavault du "plus faible joué depuis longtemps par le XV de France sur le plan du contenu". Reste qu’à bien des égards, la rencontre disputée par le XV de France à Tokyo mérite que l’on s’y attarde tant elle fut riche d’enseignements.

Le plus évident étant que les Nippons ont cherché à prendre les Bleus à leur propre piège, poussant même la comparaison jusqu’à pousser le XV de France à être derrière au score pour la première fois de la saison. "On en avait parfois parlé avec Karim Ghezal, on se disait que ce serait intéressant de voir comment nous allions réagir une fois menés au score, souriait le demi de mêlée Baptiste Couilloud. Au moins, on a vu à quoi on pouvait s’en tenir."

L'année parfaite pour les Bleus ???1⃣https://t.co/ShTpwYu7KP

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) July 9, 2022

Entendez par là que les Bleus ont su faire preuve de froideur et de calme pour renverser un scenario bien mal parti, même si ces derniers sont passés tout proches de la correctionnelle en fin de partie pour ne pas avoir su "valider leur marque" après l’essai de Couilloud, la faute à un en-avant de Spring sous le renvoi suivi d’une multitude de petites erreurs autant imputables à la fatigue qu’au stress, heureusement sans conséquences…

"L’attaque verticale" en échec face à la défense glissée

Mais au-delà du scenario ? L’adaptation des Japonais concerna d’abord leur défense, totalement différente du premier test. S’ils avaient en effet cherché à "rusher" au Toyota Stadium, les Brave Blossoms avaient été punis par l’attaque "verticale" des Bleus, qui leur avaient permis d’absorber cette pression. C’est pourquoi, pour ce deuxième test, les Japonais avaient opté pour une défense plus classique, montant très serrée avant de glisser sur les extérieurs, qui a notoirement perturbé l’attaque tricolore.

Laquelle réussit certes à trouver la solution en première période, par une prise du milieu de terrain de Moefana suivie d’une attaque classique au large, avec des joueurs prédisposés sur la largeur et des courses rentrantes, illuminée par une longue passe de Vakatawa. Mais ce fut tout, ou presque… L’essai de la victoire de Couilloud devant indirectement à cette stratégie défensive puisque pendant la mêlée, le vis-à-vis du demi de mêlée français s’était écarté pour marquer Matthieu Jalibert et permettre à ses partenaires de glisser plus vite. Mauvaise pioche, la double flexion de la mêlée tricolore ouvrant un boulevard sur son intérieur, que Couilloud exploita à merveille en solo.

Dépossession contre dépossession

Toutefois, plus que leur défense, c’est bien la stratégie des Japonais qui a surpris les Bleus. Alors qu’ils les avaient habitué lors du premier test à conserver tous les ballons, les Nippons désireux de "trouver un meilleur équilibre" ont cette fois accepté d’engager des parties de ping-pong rugby jusqu’à attendre le bon moment pour contre-attaquer.

Maintenant que la tournée au Japon est terminée, l’heure est venue de dresser le bilan de cet épisode estival ayant vu le XV de France s’emprarer provisoirement de la première place du classement mondial ?https://t.co/r6odqgOvD8

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) July 10, 2022

Ainsi, même si Matthieu Jalibert réussit à trois reprises à gagner du terrain dans son jeu d’occupation (notamment un 50-22), ses imprécisions ont aussi coûté cher puisqu’un mauvais dégagement fut sanctionné d’un essai sur contre-attaque. Les Bleus se retrouvant pris sur le coup à leur propre jeu, la faute à un manque de repères et de communication évidents au large et au fond du terrain.

Reste que l’obstination des Bleus et leur maîtrise de ce jeu de dépossession leur permit malgré tout de reprendre le contrôle du match, bien aidés par un coaching qui offrit un souffle nouveau au pack. Quant à savoir si la stratégie japonaise du "copié-collé" ne donnera pas des idées aux Wallabies ou aux Springboks pour venir chatouiller les Bleus en novembre ? Cela semble aujourd’hui plus qu’une possibilité, à laquelle le staff va devoir d’ores et déjà commencer à se préparer...

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