Les rêves bleus

De toute son histoire, l'équipe de France ne s'est imposée que quatre fois en Nouvelle-Zélande face aux All Blacks. Autant dire qu'un succès en terre kiwi relève toujours de l'exploit, surtout que les Bleus restent sur dix défaites de rang face à la meilleure nation de la planète, double championne du monde en titre. La dernière victoire tricolore remonte au 14 juin 2009 à... Dunedin.

Un peu d'espoir avant le premier de cette série de trois tests où les chances des Bleus sont inexistantes pour tous les médias néo-zélandais. Ils sont même surpris de la décontraction des protégés de Steve Hansen au moment d'aborder leur saison internationale. Peu de préparation commune, une petite virée nocturne pour Jordie Barrett qui s'est terminée en gag (intervention de la police car l'arrière All Black dégustait un burger dans un appartement qui n'était ni le sien ni celui de son copain de virée), et des absents de dernière minute car de nombreux internationaux étaient alignés le week-end dernier par leurs provinces respectives.

La NZRU n'avait certainement pas jugée utile de protéger les All Blacks à moins d'une semaine de la venue des Français. Il faut dire que les hommes de Jacques Brunel ont été assez surpris de lire dans la presse qu'ils venaient de débarquer à l'autre bout du monde avec une équipe B voire C. Seul Steve Hansen a donné l'impression de prendre la France au sérieux. Il s'est donc félicité d'affronter "la meilleure ligne défensive du monde. Si on regarde les statistiques, les Bleus ont réussi 92,5 % de leurs plaquages et n'ont encaissé qu'un essai et demi par match lors du Tournoi des 6 Nations".

De leur côté, les Bleus font preuve d'un sérieux à tout épreuve depuis leur arrivée à Auckland. Mieux, ils préparent ce premier test match depuis de longues semaines. Tout a débuté avec un stage au CNR de Marcoussis début mai dont les joueurs sont repartis avec un programme physique pour être frais et dispos lors de cette tournée. Alors même si l'équipe de France se présente avec un visage qui n'a plus grand chose à voir avec celui du Tournoi des 6 Nations (onze changements dans le quinze de départ par rapport au dernier match à Cardiff), elle veut croire en sa bonne étoile.

Jacques Brunel a ainsi rappelé cette culture française qu'il ne faut pas galvauder, entre enthousiasme et imprévisibilité. Il s'est aussi félicité du retour de joueurs expérimentés capable d'assurer un meilleur équilibre entre fougue et maîtrise. Morgan Parra, Yoann Maestri, Maxime Médard sont là pour épauler le capitaine Mathieu Bastareaud. Des hommes qui savent que leur chance de voir le Japon dans un peu plus d'un an passe par une tournée réussie. A eux de guider les jeunes sur le chemin de l'exploit. Ils veulent y croire.