Hasta la victoria siempre !

  • XV de France - Jacques Brunel avant le match contre l'Afrique du Sud
    XV de France - Jacques Brunel avant le match contre l'Afrique du Sud
  • Lauret Wenceslas - France
    Lauret Wenceslas - France
  • Jacques Brunel (France) contre l'Afrique du Sud
    Jacques Brunel (France) contre l'Afrique du Sud
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TEST MATCH - Alors qu’une nouvelle défaite pourrait conduire le XV de France à la pire série de son histoire, les Bleus sur les nerfs devront certes se révolter, tout en conservant leur lucidité. Car les Pumas ne sont jamais aussi forts que lorsqu’il s’agit de faire perdre leur sang-froid aux Tricolores...

L’histoire remonte au début des années 50. C’était en Argentine, lors d’un tournoi de rugby inter-universitaires. Alors que l’équipe de la faculté de médecine partait pour l’échauffement, son entraîneur remarquait l’absence de l’ailier gauche Ernesto Fuser, dit "Chancho" (cochon). Interrogeant ses coéquipiers quant aux raisons de l’absence, le malheureux coach s’entendit répondre l’excuse la plus lunaire de tous les temps : "il n’est pas là, il fait une révolution au Panama..." Car oui, Ernesto Guevara (c’est bien de lui qu’il s’agissait) était Argentin, rugbyman et fin connaisseur de ce jeu.

Alors, on ignore quel regard le Che aurait porté sur l’action des "gilets jaunes", dont la FFR craint qu’elle plombe au dernier moment l’affluence en ce 17 novembre. En revanche, on imagine bien en substance quel message ce dernier aurait glissé aux Bleus, à l’heure d’éviter la pire série de défaites de son histoire moderne : "révoltez-vous, nom de D… !"

Parce que la défaite, contrairement à ce que beaucoup l’ont laissé entendre au vu du terrible épilogue de France-Afrique du Sud, n’est jamais une fatalité. Simplement la conséquence d’erreurs, petites ou plus grosses, et doit susciter une sainte colère. Les paroles de Wen Lauret, qui souhaitait en début de semaine "faire fermer la bouche aux journalistes" en étaient-elles un embryon ?

Lauret Wenceslas - France
Lauret Wenceslas - France

Mais peu importe si les raisons en sont fondées, on ne souhaite que ça ! Cela dit, s’il s’agissait de chercher les motivations d’une animosité quelconque, on inciterait plutôt les Bleus à aller chercher du côté des paroles de l’ouvreur argentin Nicolas Sanchez, lequel déclarait dans la semaine que "le vainqueur de ce match prendrait un ascendant mental en vue de la Coupe du monde"... Mais bon, après tout, peu importe le flacon, pourvu qu’il y ait l’ivresse…

Soyez réalistes, demandez l’impossible...

Ce que l’on souhaite, en réalité ? C’est que cette colère, si elle est nécessaire, ne soit pas une finalité. L’histoire récente est là pour le prouver tant les Argentins, plus malins, ont su user à maintes reprises de ce ressort pour faire déjouer le XV de France… En clair, plutôt que de se ruer à l’aveuglette sur le premier Puma qui passe, les Bleus seraient sûrement mieux avisés de garder leurs nerfs et leur lucidité, qui leur a tant manqué ces derniers temps dans le money-time. Le rôle des leaders sera ici crucial, mais pas seulement.

Car c’est toute l’équipe qui devra répondre présente et, tout simplement, réciter un rugby pour lequel elle conserve des atouts. En effet, si ces Argentins présentent des qualités indéniables, ils n’en comportent pas moins des faiblesses, avec des jeunes piliers pas encore tout à fait au point dans le secteur de la mêlée fermée, et une défense parfois suspicieuse en bout de ligne. Au XV de France, tout simplement, d’en prendre cas et de bâtir un plan assez ambitieux pour les exploiter... Parce que la chance, voyez-vous, ne sourit jamais qu’aux audacieux et qu’à ce titre, si la pièce est encore une fois retombée du mauvais côté face aux Springboks, les Tricolores ont aussi le droit de se regarder dans une glace et de s’en prendre à eux-mêmes…

Jacques Brunel (France) contre l'Afrique du Sud
Jacques Brunel (France) contre l'Afrique du Sud

Avec seulement deux victoires en neuf matchs sous l’ère Brunel et une série de cinq défaites consécutives, il serait temps, pas vrai ? Alors, pas le temps de pinailler. "Hasta la victoria siempre", disait en son temps le Che qui fut aussi (le saviez-vous ?) un journaliste de rugby qui fonda son propre magazine, Tackle. Toujours, jusqu’à la victoire. Pas grand-chose d’autre à rajouter, hormis l’autre formule favorite du plus célèbre révolutionnaire de tous les temps : soyez réalistes, demandez l’impossible. À savoir quelques passes et deux beaux essais susceptibles d’orner une victoire qui ne serait pas de trop en ces temps troublés, et pas seulement par les gilets jaunes...

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