France - Japon 2017 : quand les Nippons faisaient exploser le rugby français

Par Rugbyrama
  • Test-match - Le XV de France d'Henry Chavancy dépité après avoir concédé le match nul contre le Japon
    Test-match - Le XV de France d'Henry Chavancy dépité après avoir concédé le match nul contre le Japon
  • Test-match - Gabriel Lacroix marque le deuxième essai français, toutefois insuffisant pour l'emporter contre le Japon.
    Test-match - Gabriel Lacroix marque le deuxième essai français, toutefois insuffisant pour l'emporter contre le Japon.
  • Test-match - Ce 25 novembre 2017, Guy Novès a mené son dernier match à la tête du XV de France. Il sera licencié un mois plus tard
    Test-match - Ce 25 novembre 2017, Guy Novès a mené son dernier match à la tête du XV de France. Il sera licencié un mois plus tard
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TEST-MATCH - L’équipe de France retrouvera le Japon, samedi à Toulouse, quatre mois après avoir affronté les Nippons, et cinq ans après la dernière réception des Cherry Blossoms. Le 25 novembre 2017, d’apathiques Bleus concédaient un match nul historique, qui allait déverser un tsunami de conséquences. Récit.

"Je n’ai plus le droit de me tromper" soufflait d’un air désabusé Guy Novès, dans les colonnes de Midi Olympique. Le sélectionneur du XV de France de l’époque est marqué. Marqué par une prestation fantomatique de ses hommes face à une virevoltante équipe japonaise. , un match nul entre une équipe en fin de vie face à une nation en plein éveil. Mais bien avant la rencontre, un premier coup du sort frappe déjà l’équipe de France. Les Bleus ne joueront pas l’épilogue de leur tournée automnale au stade Pierre-Mauroy de Lille, en raison de la finale de Coupe Davis entre l’équipe de France de tennis et la Belgique.

Cap sur la U Arena, nouvel écrin technologique de l’Hexagone, qui accueille une rencontre de rugby pour la première fois. Une salle bardée de projecteurs, une pelouse criarde et une absence de chronomètre qui, à l’époque, perturbent grandement les acteurs de la rencontre. Surtout, la pelouse synthétique du complexe francilien est un terrain de jeu parfait pour les feu-follets japonais, beaucoup moins pour les lourds français. Leitch, Himeno, Matsushima et consorts émergent à l’heure où les Français sombrent. Six défaites de suite et une troisième place peu enthousiasmante lors du Tournoi laissent craindre une année 2017 dans le noir absolu, au milieu des sons et lumières de l’Arena.

Les "clowns" français emportés par les Japonais

Dès les premières minutes de la rencontre, les Cherry Blossoms récitent leur partition avec un jeu d’arrières huilé. Kotaro Matsushima donne le tourni aux défenseurs français, pendant que Timothy Lafaele dicte sa loi au centre du terrain. En face, une équipe française, sans identité ni réaction, concède le premier des trois essais japonais à la 22ème minute, sur un mouvement quatre étoiles. Courses rentrantes, libérations rapides, passes sur un pas volleyées, tout y passe pour envoyer Shota Horie à dame. N’ayant d’autres armes que la dimension physique, les Bleus réagissent grâce à un essai tout en puissance de Rabah Slimani, après deux charges de Jefferson Poirot et Romain Taofifenua.

13-8 à la pause, les Bleus semblent avoir pris l’ascendant. Mais dès le coup d’envoi du second acte, les électriques trois-quarts japonais remontent le terrain à toutes enjambées et s'engouffrent dans les vingt-deux mètres français. Trois passes plus tard, Tafaele profite d’un trou béant dans la défense tricolore pour remettre les Nippons sur les rails. S'ensuit le seul éclair français de la partie avec une sublime diagonale de François Trinh-Duc permettant à Gabriel Lacroix de marquer le dernier essai de sa deuxième et dernière sélection. Un deuxième essai français, mais des conséquences similaires. À sept minutes du terme, Valu profite d’un maul dans l’avancée pour finalement s’extraire d’un ruck et planter l’essai du chaos.

Test-match - Gabriel Lacroix marque le deuxième essai français, toutefois insuffisant pour l'emporter contre le Japon.
Test-match - Gabriel Lacroix marque le deuxième essai français, toutefois insuffisant pour l'emporter contre le Japon.

Heureusement pour l’honneur des hommes de Guy Novès, la transformation de Tamura passe à droite. 23-23, un score final dont le seul mérite fut d’avoir stoppé la série de six défaites d’affilée des Bleus.. Mais pour les acteurs de la rencontre, la coupe est pleine. "On passe pour des clowns. Quand je vois comment jouent les Japonais… on est largués. Ils vont plus vite, tapent plus fort, ils collent aux standards internationaux en fait" lâchait Hugo Bonneval. Au milieu des sifflets de l’Arena, des insultes pleuvent sur Louis Picamoles meurtri par ce nul aux allures de défaite. "Mon fils était au stade… Et à la fin du match il m’a dit : "papa, j’ai entendu des gros mots dans les tribunes". Sincèrement , c’était dur à encaisser". Le XV de France "a touché le fond", dixit Mathieu Bastareaud

Une atmosphère lourde de conséquences

En coulisses, c’est la Bérézina. Alors que Bernard Laporte avait présenté tout sourire le trophée Webb-Ellis pour pousser la candidature française au Mondial 2023, le président de la FFR s’enferme après le match derrière son iconique paire de lunettes fines. "Je me donne quinze jours pour réfléchir. Le rugby français est malade, et cela ne date pas du dernier match contre le Japon, mais cela ne peut plus continuer. Est-ce la solution (de changer de sélectionneur) ? Il faut trouver le bon médicament" lâchait celui qui avait connu tous les succès en tant que manager de Toulon. Dans la glaciale nuit francilienne, certains membres du staff se lâchent. "La moitié d’entre vous peuvent se considérer chanceux, car pour certains, vous n’auriez jamais dû jouer au niveau international".

Test-match - Ce 25 novembre 2017, Guy Novès a mené son dernier match à la tête du XV de France. Il sera licencié un mois plus tard
Test-match - Ce 25 novembre 2017, Guy Novès a mené son dernier match à la tête du XV de France. Il sera licencié un mois plus tard

La coupe est pleine. Le match nul contre le Japon fait tout exploser et sonne le glas d’une année 2017 terrible pour le rugby français avec huit défaites, un match nul, et trois petites victoires. Un mois après la performance kamikaze de Nanterre, le couperet tombe pour Guy Novès, licencié pour "faute grave" par Bernard Laporte, Yannick Bru et Jean-François Dubois font également leurs cartons. Un épisode que l’entraîneur le plus titré de France a très mal vécu. "Ces mecs (Bernard Laporte et les dirigeants de la FFR) m’ont conduit vers une fin de vie de merde. Il n’y aura jamais de pardon" déclarait l’ancien sélectionneur dans Midi Olympique. Après s’être "trompé", Guy Novès n’aura donc jamais pu rectifier le tir, si ce n'est devant les prud'hommes où la FFR sera condamnée, en avril 2019, à verser un million d'euros à l'ancien sélectionneur.

Par Clément LABONNE

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