Flashback : La demi-finale 1995, les rêves noyés de Durban

  • Abdelatif Benazzi lors de la demi-finale de la coupe du Monde 1995
    Abdelatif Benazzi lors de la demi-finale de la coupe du Monde 1995
  • Jean-Luc Sadourny sous le déluge de Durban en 1995
    Jean-Luc Sadourny sous le déluge de Durban en 1995
  • Olivier Merle pris dans l'étau sud-africain
    Olivier Merle pris dans l'étau sud-africain
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TEST-MATCH - Samedi les Bleus tenteront de prendre leur revanche sur les Springboks à Durban. 22 ans plus tôt, le 17 juin 1995, dans ce même stade, le XV de France s'inclinait en demi-finale de Coupe du monde.

Il y a eu les Bleus de Marc Lièvremont, tombés d'un rien en finale (8-7) contre les All Blacks en octobre 2011 à Auckland. Il y a eu au rayon des finalistes malheureux ceux de Jean-Claude Skrela et Pierre Villepreux dominés en finale en 1999 contre l'Australie et ceux de Jacques Fouroux, soufflés par les Néo-Zélandais en 1987, déjà à l'Eden Park.

Et pourtant, avec le recul de huit éditions de Coupe du monde, c'est une autre bande qui semblait le plus près d'offrir une étoile à la France : les Bleus de Pierre Berbizier. Une équipe qui tutoyait les meilleurs : elle avait fait plier les Springboks en juin 1993, balayé les All blacks chez eux en 1994, remporté le Tournoi 1993… Mais ces Bleus sont tombés en demi-finale de l'édition 1995 : le 17 juin à Durban, là où exactement 22 ans plus tard, les hommes de Guy Novès tenteront de relever la tête après le crash-test de Pretoria (37-14).

Jean-Luc Sadourny sous le déluge de Durban en 1995
Jean-Luc Sadourny sous le déluge de Durban en 1995

Un véritable déluge

Pour eux, il s'annonce un ciel sans nuage au-dessus de la cité majeure du Kwazulu-Natal. Leurs devanciers de 95 apprécieront l'ironie. Vingt-deux ans plus tôt, l'équipe du capitaine Philippe Saint-André a joué sous un ciel d'apocalypse, un déluge absolu surgi de nulle part qui a tout bouleversé. Titulaire à l'ouverture, Christophe Deylaud raconte : On a arrêté deux fois l'échauffement, on rentrait dans le vestiaire boire du café. Mentalement, nous étions prêts mais c'était injouable.

Cela s'est joué tout de même, après que le terrain fut balayé pour évacuer autant d'eau que possible. Mais d'évidence, cela n'était pas fait pour avantage les Bleus. Cela ne correspondait pas à notre jeu, ni au mien, résume, mémoire intacte, Christophe Deylaud.

Les Bleus font pourtant jeu égal : ils encaissent un essai de Kruger transformé par Stransky mais l'adresse de Thierry Lacroix les laisse dans le match jusqu'à la dernière seconde (19-15). Le match ne nous a jamais échappé. Ça aurait pu basculer d'un côté comme de l'autre. Ça s'est joué à pile ou face, éclaire l'ancien numéro 10 emblématique du Stade toulousain.

Olivier Merle pris dans l'étau sud-africain
Olivier Merle pris dans l'étau sud-africain
J'ai toujours cette demi-finale en travers de la gorge (Deylaud)

Côté pile, il y a eu cette occasion que Deylaud a dû se repasser cent fois : une chandelle dans l'en-but sud-africain, un en-avant d'un Springbok, Ntamack surgissant mais un essai refusé par l'arbitre gallois Bevan. Je n'ai toujours pas compris pourquoi. Et puis surtout, il y a cette action dans la triste légende du rugby français : une autre chandelle, Abdelatif Benazzi qui finit par récupérer le ballon, se jette sur la ligne, les Bleus qui lèvent les bras avant de comprendre que rien ne leur sourit. Abdel s'est jeté mais il a été freiné par le dos de Philippe saint-André en train de se relever. Je crois qu'avec sa puissance, il aurait été à l'essai. Ça s'est joué à deux centimètres et encore...

Côté face, il y a eu ces genoux à terre. Forcément, les souvenirs restent amers. J'ai toujours cette demi-finale en travers de la gorge, insiste Deylaud. C'est un mauvais souvenir, une grande déception. J'ai ce sentiment que cette élimination était préméditée par les différents éléments : il fallait que l'Afrique du Sud gagne, les conditions atmosphériques étaient titanesques. Ma performance aussi fut très moyenne… La pluie, le vent, c'était aux antipodes de mes qualités. Il y a eu de la déception, de la frustration. Des critiques derrière aussi qui font partie du jeu au haut-niveau. Toutes n'étaient quand même pas acceptables. J'ai reçu des courriers anonymes à mon domicile, raconte Deylaud.

Une défaite mais de la fierté

À Durban, le 17 juin 1995, une génération a vu son rêve lui échapper. Nous faisions partie des prétendants au titre. On avait été programmés pour gagner par Pierre Berbizier. Malheureusement, on a traversé un mauvais jour, insiste l'actuel entraîneur de Blagnac, qui a souhaité arrêter dans la foulée. J'avais 31 ans, je n'allais pas y être 4 ans plus tard, il fallait préparer une nouvelle génération. J'ai participé à la Coupe Latine à l'automne pour encadrer les nouveaux puis je me suis retiré.

Les Bleus de 1995 se sont quand même raccrochés à leur fierté : la défaite ne fut pas un naufrage, derrière la bande de Saint-André s'est donnée les moyens de battre l'Angleterre lors du match de la troisième place, ce que les Bleus de 2003 et 2007 n'ont pas su faire. Une forme de revanche. Valeur d'exemple pour cette équipe qui s'avancera un 17 juin à Durban.

  • Le XV de France ce jour-là :
  • Sadourny ; Ntamack, Sella, Lacroix, Saint-André ; Deylaud (o), Galthié (m) ; Cabannes, Cecillon, Benazzi ; Roumat, Merle ; Califano, Gonzales, Armary.
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