Ras-le-bol sur Marcoussis

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  • Louis Pïcamoles contre l'Afrique du Sud
    Louis Pïcamoles contre l'Afrique du Sud
  • La déception de Mathieu Bastareaud, Guilhem Guirado et Louis Picamoles, après la défaite des Beus face à l'Afrique du Sud - 18 novembre
    La déception de Mathieu Bastareaud, Guilhem Guirado et Louis Picamoles, après la défaite des Beus face à l'Afrique du Sud - 18 novembre
  • Jefferson Poirot (XV de France) face à l'Afrique du Sud - 17 juin 2017
    Jefferson Poirot (XV de France) face à l'Afrique du Sud - 17 juin 2017
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TEST-MATCH - Plombés par des résultats inquiétants, les Bleus tentent tant bien que mal ne pas sombrer dans la sinistrose. Mais après un mois de travail commun à Marcoussis, les faibles progrès entrevus commencent à agacer certains joueurs. Les mots sont forts, lucides, ne cherchent plus d’excuses.

L’histoire récente du XV de France est une succession de désillusions, de vagues rebonds de fierté, de claques humiliantes. Excepté un Grand Chelem décroché lors du Tournoi des 6 Nations 2010 et une place de vice-champion du monde en 2011, le rugby français traverse depuis 8 ans un désert de résultats gratifiants. Les défaites en Italie (2011 et 2013), face aux Tonga lors du Mondial 2011 (19-14) ou la fessée reçue par les All Blacks en quarts de finale du Mondial 2015 (62-13) illustrent à jamais l’album tricolore. Les cinq défaites consécutives enregistrées en 2017 ne font que confirmer ce lent et inéluctable déclin. "Tous les week-end, on voit les autres nations jouer juste, souligne Louis Picamoles (31 ans, 67 sélections). Elles ne font pas les mêmes erreurs que nous. Il faut prendre conscience de ce pallier à franchir. Il y a un manque de concentration, des attitudes qui passent en Top 14 mais au plus haut niveau, on est puni. Le déclic, c’est de prendre conscience que le niveau international ne permet pas de rattraper nos petites erreurs. On donne trop de choses aux adversaires. Aujourd’hui, on a du retard sur les meilleures nations."

Quand tu bosses depuis un mois, Marcoussis il y a quand même plus jovial, et que tu enchaînes les contre-performances, ça commence un peu à… fumer et à agacer (Louis Picamoles)
Louis Pïcamoles contre l'Afrique du Sud
Louis Pïcamoles contre l'Afrique du Sud

Malgré un cœur énorme, les Bleus sont systématiquement rattrapés par leurs lacunes techniques fragilisant le système de jeu. "En regardant la vidéo, on ne peut pas gagner un match en perdant 19 ballons dans le jeu courant, reconnaît le numéro 8 montpelliérain. Techniquement, c’était pauvre. C’est logique de perdre face à l’Afrique du Sud. L’inverse aurait été illogique malgré tout notre investissement. Mais on s’est beaucoup parlé, on s’est dit ‘les gars à un moment donné, si on ne prend pas conscience de certaines choses, ça ne viendra pas de l’extérieur. On ne se cache derrière aucune excuse." Malgré plus de trois semaines de travail au CNR de Marcoussis (les Bleus sont rassemblés depuis le 29 octobre, ndlr), la fébrilité collective et la litanie d’approximations condamnent tout espoir de progression. "Quand tu bosses depuis un mois, Marcoussis il y a quand même plus jovial, et que tu enchaînes les contre-performances, ça commence un peu à… fumer et à agacer, souffle Louis Picamoles. Il faut qu’on prenne du plaisir. On a parfois l’impression de ne pas montrer un visage très plaisant sur le terrain."

Il faut se remettre en question et avoir un sursaut d’orgueil. On n’a pas envie de passer pour des cons. C’est un petit peu le cas actuellement. (Mathieu Bastareaud)
La déception de Mathieu Bastareaud, Guilhem Guirado et Louis Picamoles, après la défaite des Beus face à l'Afrique du Sud - 18 novembre
La déception de Mathieu Bastareaud, Guilhem Guirado et Louis Picamoles, après la défaite des Beus face à l'Afrique du Sud - 18 novembre

Sur le terrain d’entraînement du domaine de Bellejame, les ateliers ludiques déclenchent quelques sourires. Tout est fait pour échapper à la morosité de ce mois de novembre où la peur de chuter face au Japon s’est invitée dans le quotidien du XV de France. "Il ne faut surtout pas lâcher l’affaire, insiste Mathieu Bastareaud (29 ans, 41 sélections). Si on se dit que ça ne sert à rien, on rentre tous à la maison et on laisse le truc en plan. Au bout d’un moment, c’est l’équipe de France… Il y a une histoire, un passé. Il faut tous se remettre en question et avoir un sursaut d’orgueil. On n’a pas envie de passer pour des cons. C’est un petit peu le cas actuellement. Personnellement, ça m’énerve, ça me gêne."

Nous, les jeunes, ça nous fait vraiment de la peine de voir après les matches des joueurs qui sont là depuis 8, 10 ans aussi abattus. (Jefferson Poirot)
Jefferson Poirot (XV de France) face à l'Afrique du Sud - 17 juin 2017
Jefferson Poirot (XV de France) face à l'Afrique du Sud - 17 juin 2017

Le visage grave, Louis Picamoles et Mathieu Bastareaud n’ont jamais semblé aussi préoccupé par le champ de ruine que représente le XV de France. Leur volonté d’y croire résiste, pour l’instant. Mais dans les coulisses, ces cadres peuvent difficilement masquer leur ras-le-bol face à cette accablante réalité. "Il y a des joueurs qui sont là depuis, 8, 10 ans et qui n’ont pas gagné grand chose. Je pense que ça pèse, confie le pilier Jefferson Poirot (25 ans, 13 sélections). Nous, les jeunes, ça nous fait vraiment de la peine de les voir après les matches aussi abattus. Quand je vois l’investissement qu’ils ont au quotidien, je suis triste pour nous mais je suis avant tout triste pour eux." Alors que faire ? "Il faut prendre du recul, avancer et ne pas se morfondre éternellement, lance Bastareaud. Ce n’est pas évident, on a connu des jours meilleurs. Mais il y a des raisons d’espérer. Avec l’espoir, on peut tout faire. C’est notre métier maintenant d’avancer pour essayer de redonner un peu le sourire aux gens..." Et de ne pas ruiner les deux années menant à la Coupe du monde 2019 au Japon.

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