Pourquoi l'histoire des "quotas" peut conduire le rugby sud-africain à sa perte

  • Steven Kitshoff et Bongi Mbonambi (Afrique du Sud) - novembre 2016
    Steven Kitshoff et Bongi Mbonambi (Afrique du Sud) - novembre 2016
  • Teboho Mohoje (Afrique du Sud) - Novembre 2016
    Teboho Mohoje (Afrique du Sud) - Novembre 2016
  • Rudy Paige (Afrique du Sud) - Novembre 2016
    Rudy Paige (Afrique du Sud) - Novembre 2016
  • JP Pietersen (Afrique du Sud) - Novembre 2016
    JP Pietersen (Afrique du Sud) - Novembre 2016
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OPINION - L'Afrique du Sud traverse une période délicate marquée notamment par la première défaite de son histoire contre l'Italie samedi dernier (20-18). La volonté de la Fédération sud-africaine d'imposer un quota de joueurs de couleur est-elle la bonne ? Pas si sûr. Surtout sur le plan sportif.

Sale temps en Afrique du Sud. Pour la première fois de leur histoire, les Springboks se sont inclinés face à l'Italie, samedi dernier à Florence (20-18). Une défaite vécue comme un sérieux séisme au pays. La presse a tiré à boulets rouges : le nouveau sélectionneur Alistair Coetzee est clairement mis en cause ; Netwerk24 a quant à lui décidé d'attribuer un zéro pointé à tous les joueurs qui ont participé à ce fiasco. C'est aussi un sérieux coup pour la Fédération qui souhaite effectuer un gros virage en imposant des quotas ethniques, que ce soit au sein du championnat des provinces ou pour son équipe nationale.

Teboho Mohoje (Afrique du Sud) - Novembre 2016
Teboho Mohoje (Afrique du Sud) - Novembre 2016

Où est la méritocratie sportive ?

Cette idée est louable. Vous connaissez tous le contexte : l'Afrique du Sud a une histoire particulière, marquée notamment par l'Apartheid. En 1995, voir les Springboks remporter la Coupe du monde devant le président Nelson Mandela, véritable emblème de la lutte contre la ségrégation raciale, a fait caisse de résonnance à travers la planète. La Fédération sud-africaine avait déjà tenté d'imposer des "quotas" dans les années 90. Mais sans succès. Avec la nomination d'Alistair Coetzee après le Mondial 2015, elle a ressorti des cartons cette idée. En l'accentuant : "Favoriser l'émergence de joueurs noirs au sein de l'élite". Elle espère "50% de non-blancs" chez les Springboks d'ici 2019. Ambitieux.

Avouons-le : sur le plan purement sportif (le thème unique de ce papier, que cela soit bien clair), cela n'a guère de sens.

Mettons-nous quelques secondes à la place du sélectionneur des Springboks : comment procéder pour constituer la meilleure équipe possible ? Un sacré casse-tête, tout simplement. Prendre les meilleurs éléments ? Cela semblerait logique mais la Fédération n'en fait pas une priorité absolue. Qui retirer du groupe si celui-ci ne respecte pas les "quotas" imposés par la Fédération sud-africaine ? Et surtout, comment expliquer à un joueur sa mise à l'écart ? Cette "règle intransigeante" au détriment de la méritocratie sportive va à l'encontre d'une certaine équité. Les joueurs sont-ils, par exemple, alignés grâce à leur talent ou à leur couleur de peau ?

Rudy Paige (Afrique du Sud) - Novembre 2016
Rudy Paige (Afrique du Sud) - Novembre 2016

Un phénomène culturel et historique ?

Le procédé soulève lui aussi des questions. En est-il de même pour l'équipe de football sud-africaine ? Ou de basketball ? Ou de volleyball ? Des quotas sont-ils mis en place dans ces sports ? Non. Il est vrai qu'il y a très peu de Noirs chez les Springboks. Mais c'est le cas dans le rugby en général. N'est-ce tout simplement pas un phénomène culturel et historique en Afrique du Sud ? Le football en Afrique du Sud attire davantage les Noirs, le rugby les Blancs. La Fédération sud-africaine tente de réduire ce phénomène. Va-t-elle y arriver ? A voir.

Mais si l'Afrique du Sud "s'embourbe" dans cette règle des "quotas", c'est son équipe nationale qui va en pâtir. Et ce à court terme. L'année 2016 est déjà une catastrophe (7 défaites en 11 tests disputés) et un revers à Cardiff samedi face au pays de Galles pourrait avoir de lourdes conséquences. Surtout, elle devrait inciter la Fédération à se mettre autour d'une table pour réfléchir. Réfléchir aux raisons des problèmes et mauvais résultats actuels. L'exode massif des jeunes joueurs vers l'Europe, attirés fortement par les salaires proposés, largement au-dessus de ce qu'ils peuvent espérer en Afrique du Sud par exemple... L'Afrique du Sud a besoin d'agir. Et vite.

JP Pietersen (Afrique du Sud) - Novembre 2016
JP Pietersen (Afrique du Sud) - Novembre 2016
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