L’antisèche : Le Japon a donné une leçon de rugby

Par Rugbyrama
  • Les joueurs français à terre après le nul concédé contre le Japon
    Les joueurs français à terre après le nul concédé contre le Japon
  • France Japon Picamoles
    France Japon Picamoles
Publié le Mis à jour
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Dominés dans les grandes largeurs par le Japon, les Bleus n’ont dû qu’à un échec au pied de l’ouvreur nippon de s’en sortir avec un nul miraculeux. Pris de vitesse sur le terrain synthétique de la U Arena qui a joué son rôle de révélateur géant, le XV de France a touché le fond.

Le match : Des Bleus impuissants

Le hasard a parfois de drôles de clins d’oeil. Alors que jusqu’alors, le tennis demeurait le seul sport sur laquelle la surface de jeu pouvait sembler déterminante, les Bleus avaient été expulsés du gazon de Pierre-Mauroy pour laisser place à la finale de Coupe Davis France-Belgique. Trouvant un point de repli dans la flambant neuve U Arena et son terrain synthétique… Présenté comme une des inconnues majeures de la partie, le "gazon" de la défense a ainsi considérablement contribué à accélérer le jeu, ce dont les petits gabarits Japonais ont fait leur miel face à des Français lourds et empruntés.

Quant à la raison invoquée par Gabriel Lacroix pour justifier sa faute grossière synonyme de carton jaune ? Elle fut d’avoir été aveuglé par les spots lumineux sous le toit francilien… Des éléments contraires qui ont achevé de perdre leurs nerfs aux Bleus, à l’image de Rabah Slimani ou de l’entraîneur des trois-quarts Jeff Dubois, tous deux vertement repris par M. Pearce… Il faut dire que l’impuissance des Français, tout bonnement réduits à courir après la balle et les Japonais pendant 80 inutes, avait de quoi faire céder au doute, qui plus est après un retour des vestiaires catastrophique. Si bien que c’est la peur au ventre que les Bleus ont été contraints de terminer la rencontre, incapables de remonter le terrain pour aller chercher une victoire, et pour tout dire dans la désorganisation la plus totale.

L’action : Lafaele avait de la reprise

Les Japonais avaient déjà enthousiasmé le public lors de la première période. Ils ont tout bonnement achevé de gagner les coeurs à la sortie des vestiaires, lorsqu’un énorme mouvement collectif envoya sur le coup d’envoi le trois-quarts centre Lafaele derrière l’en-but au terme d’une séquence à une dizaine de temps de jeu, qui vit les Nippons promener le ballon de la gauche à la droite du terrain, avec des passes dans le bon tempo à l’image d’une belle redoublée de l’ouvreur Tamura, des interventions tranchantes de l’arrière Matsushima et de l’ailier Lemeki, sans oublier le deuxième ligne Van der Walt impressionnant d’activité. Lafaele achevant cette démonstration en profitant d’une montée en pointe mal calculée de Penaud pour prendre l’extérieur de Chavancy, et s’écrouler dans l’en-but...

Le facteur X : Et Spedding sauva la patrie...

K.-O. debout après l’essai encaissé sur le coup d’envoi de la deuxième période, les Bleus ont été tout proches d’en concéder la copie conforme dans la continuité. Ce qui empêcha le troisième ligne Himeno d’aplatir ? Rien moins qu’un retour désespéré de Scott Spedding, assez prompt pour passer son corps en opposition entre le ballon et la pelouse synthétique de l’U Arena. Un sauvetage qui offrit évidemment aux Bleus un sursis. Car s’ils avaient encaissé un essai à cet instant de la partie, on serait prêt à parier notre paie que les Bleus auraient carrément sombré à Nanterre, et n’auraient en tout cas sûrement pas sauvé les apparences avec un résultat nul… De quoi nuancer la performance de l’arrière tricolore, certes emprunté la plupart du temps, mais décisif sur ce coup.

France Japon Picamoles
France Japon Picamoles

La stat : 65 % de possession pour le Japon

Onzième nation mondiale, les Japonais ont donné une leçon de rugby moderne aux Bleus. Misant sur la vitesse et le dynamisme, les Nippons ont tenu le ballon 65 % de la partie face à des Tricolores infoutus de réaliser trois passes de suite, à l’image de leurs essais (série de percussions sur celui de Slimani, passe au pied directe de Trinh-Duc pour Lacroix). Incapables de trouver d’autre solution que de miser sur des mauls après touches stériles et leur mêlée, les Bleus ont été contraints de rendre systématiquement la ballon au pied à leurs adversaires, dont ils se sont nourrris avec avidité.

La décla : Guilhem Guirado (capitaine du XV de France)

"Le premier sentiment de ce match nul, c’est qu’il sonne comme une victoire japonaise. Je suis vraiment dépité, on touche le fond. On peut s’apercevoir que les Japonais jouent plus vite que nous, et ont su nous mettre toujours sur le reculoir. On n’est pas passé loin de la catastrophe, on est dans le dur, je suis désolé pour tout le monde. Ce qui m’énerve, c’est qu’on est toujours dans la réaction, et ça me rend la tâche amère. Je ne sais pas si on se rend compte de ce qu’on fait, et cela va être mon discours aux joueurs."

La question : L’essai de Ishihara était-il valable ?

Ce n’est pas qu’on soit d’humeur à contester le match nul des Japonais (qui, eu égard au contexte de la partie et de la transformation manquée de Tamura tient lieu de victoire morale), qui le méritent pour le moins. Mais force est de se poser une question factuelle : l’essai qui leur valut de revenir à égalité était-il bien valable ? On peut en douter sachant que le pilier Ishihara faisant bien partie du regroupement qui l’a vu manipuler le ballon, et n’en était assurément pas le dernier joueur. Pour des actions pareilles, de nombreux essais ont cette saison été refusés en Top 14… Or, sur le coup, M. Pearce ne broncha pas. De quoi provoquer l’incompréhension des Bleus, qui il est vrai n’avaient pas attendu la 73e minute pour se demander où ils se trouvaient samedi soir...

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