"Mieux vaut faire 5 kilos de moins et courir 3 km/h plus vite..."

Par Rugbyrama
  • Romain Taofifenua et Kevin Gourdon (XV de France) - Juin 2017
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  • Gaël Fickou - Afrique du Sud-France - 24/06/2017
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  • Yoann Maestri, Yacouba Camara et Romain Taofifenua (XV de France) - juin 2017
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  • Guy Accoceberry - XV de France - 1995
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TEST-MATCH - Le rugby français est au plus mal après la tournée d'été catastrophique du XV de France en Afrique du Sud. Il est inévitable de revoir en profondeur son fonctionnement pour sortir de l'impasse. Quitte à repartir d'une feuille blanche. La formation est un gros enjeu comme le confirme l'ancien international Guy Accoceberry.

Les trois déroutes concédées en Afrique du Sud traduisent le déclin du rugby français contraint d'entreprendre une profonde mutation dont les effets pourront porter leurs fruits lors du Mondial-2019, mais plus sûrement après.

Il faut utiliser ces deux années pour travailler, mais ne pas se dire que dans deux ans on sera champions du monde. D'ici là le retard semble trop important à combler en deux ans. Par contre en six ans (Coupe du monde 2023), c'est possible, explique l'ancien demi de mêlée international Guy Accoceberry (19 sélections). Ainsi, des réformes devront être menées (ou approfondies). Au passage, il faudra permettre au groupe actuel de sortir de la "poule de la mort" (Argentine et Angleterre notamment) au Mondial-2019 au Japon.

Une préparation physique ciblée

Le terme est revenu comme un refrain dans la bouche de l'encadrement en Afrique du Sud : les Bleus, balayés trois fois par les Springboks (37-14, 37-15, 35-12), sont en retard dans la dimension athlétique par rapport aux équipes de l'hémisphère Sud qui n'arrêtent pas d'avancer, souligne l'entraîneur des avants Yannick Bru. Le constat, qui ne peut s'expliquer seulement par la fatigue de fin de saison - l'Angleterre a gagné ses deux tests en Argentine -, n'est pas nouveau.

Gaël Fickou - Afrique du Sud-France - 24/06/2017
Gaël Fickou - Afrique du Sud-France - 24/06/2017

Il a conduit la FFR et la LNR à signer un avenant à la convention qui les lie pour octroyer, dès cet été, une intersaison de dix semaines à 45 internationaux. Quatre semaines de repos, et six de préparation dans leur club mais, explique Bru, avec un cahier des charges imposé par l'encadrement de l'équipe nationale et sur les standards de ce niveau-là. Où la vitesse et l'explosivité priment sur la force brute, avec comme référence les All Blacks : Physiquement, ils ne sont pas monstrueux, par contre leur rapport puissance/vitesse est exceptionnel. Mieux vaut faire cinq kilos de moins et courir trois km/h plus vite, souligne Accoceberry.

Formation et technique individuelle

Mais ce n'est pas courir autour de la piste qui nous fera tenir les ballons. C'est un tout, note le deuxième ligne Yoann Maestri, rejoint par Bru : C'est un point de départ de la réponse, mais il n'y a pas que ça. On ne peut pas résumer (l'écart entre la France et les meilleurs) à un déficit athlétique : il y a aussi la prise de décision.

Yoann Maestri, Yacouba Camara et Romain Taofifenua (XV de France) - juin 2017
Yoann Maestri, Yacouba Camara et Romain Taofifenua (XV de France) - juin 2017

Les All Blacks, toujours, excellent dans ce domaine ; dans la vitesse d'exécution, effectuant (presque) toujours le geste juste au bon moment, servis par une technique individuelle hors pair. Sans forcément atteindre le niveau d'une nation où le rugby est le sport roi dès le plus jeune âge, comment s'en rapprocher ? Il faut revoir le système de formation, remettre au centre de celle-ci, dès l'école de rugby, la technique individuelle. Qu'on sache jouer des cinq contre trois, faire des passes longues à droite et à gauche, sur un pas..., avance Accoceberry.

Un championnat mieux adapté

Accusé, levez-vous : après le deuxième test perdu à Durban, l'entraîneur des arrières Jean-Frédéric Dubois avait pointé du doigt le Top 14, championnat qui doit se remettre en question et se jouer beaucoup plus sur la vitesse. Le championnat n'est pas responsable de tous les maux du rugby français, mais possède sa part : la plupart des entraîneurs, par culture et/ou confrontés à la pression du résultat, préfèrent assurer leurs arrières en réduisant la voilure. Il faut que tous les clubs s'inspirent de la philosophie de Clermont, La Rochelle cette année, où Bordeaux-Bègles et le Stade Français, souligne Accoceberry.

Guy Accoceberry - XV de France - 1995
Guy Accoceberry - XV de France - 1995

L'arbitrage doit aussi favoriser la vitesse en sanctionnant plus durement les hors-jeu et fautes dans les rucks, d'après l'ancien international, qui voit par ailleurs d'un bon oeil le passage la saison prochaine à une seule descente automatique (le 13e disputera un barrage d'accession/relégation avec le finaliste de la Pro D2). Mais les intentions offensives font souvent long feu en phase finale et la présence massive de joueurs étrangers, bride l'éclosion de talents français, surtout à certains postes (pilier doit, numéro 8, ouvreur, ailier). Le chantier est colossal et multiple.

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