Les Bleus peuvent-ils reproduire l’exploit irlandais ?

  • L'Irlande a battu les All Blacks à Chicago - Novembre 2016
    L'Irlande a battu les All Blacks à Chicago - Novembre 2016
  • Kevin Gourdon (XV de France) - 19 novembre 2016
    Kevin Gourdon (XV de France) - 19 novembre 2016
  • Greg Cooper, ancien All Black et actuel entraîneur du Stade français
    Greg Cooper, ancien All Black et actuel entraîneur du Stade français
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XV DE FRANCE - En faisant chuter les All Blacks à Chicago, les Irlandais ont montré la voie au XV de France. Mais le projet prôné par Guy Novès est très éloigné du style de jeu des hommes de Joe Schmidt. Les Bleus devront-ils réduire leurs intentions ? Décryptage avec l’entraîneur néo-zélandais du Stade français, Greg Cooper.

Comment les battre ? Jusqu’au 5 novembre dernier, toute tentative d’explication semblait un peu vaine voire carrément ridicule. Et puis la bande à Joe Schmidt est venue balayer une série de 18 victoires consécutives prête à assommer les nations européennes lors des tests d’automne. Tombeurs des All Blacks à Chicago (40-29), les Irlandais ont en partie répondu à la problématique néo-zélandaise ! Oh, les coéquipiers de Jamie Heaslip n’ont rien inventé de génialissime ou trouvé soudainement LA formule miracle. Ils se sont "simplement" envoyés comme des barjots avec une intensité à soulever des montages.

Ballons portés, rucks, jeu au pied d’occupation : les Bleus de Novès ont-ils ces armes ?

En s’appuyant sur un plan de jeu fermé (les Irlandais n’ont parcouru que 194 mètres ballons en main, NDLR), un énorme contest dans les rucks (95% de rucks gagnés), du jeu au pied à tire larigot, une discipline de fer (seulement 4 pénalités concédées) et des ballons portés monstrueux, l’Irlande a fini par étouffer la machine kiwi. La défense néo-zélandaise est rarement prise en défaut sur la largeur du terrain où les replacements sont très rapides, nous explique Greg Cooper, ancien arrière des All Blacks (7 sélections, 63 points entre 1986 et 1992) aujourd’hui entraîneur des arrières du Stade français. En revanche, les All Blacks sont un peu moins à l’aise face à un paquet d’avants rugueux qui insiste au ras. C’est une approche que l’on retrouve moins en Super Rugby et il leur arrive d’être surpris.

Kevin Gourdon (XV de France) - 19 novembre 2016
Kevin Gourdon (XV de France) - 19 novembre 2016
La France est peut-être la seule nation au monde qui peut inquiéter les All Blacks en envoyant du jeu (Greg Cooper)

Bousculés sur deux ballons portés australiens samedi soir (23-25), surclassés dans les rucks par David Pocock, souvent brutalisés dans les duels d’homme à homme, les joueurs de Guy Novès ne semblent pas franchement armés pour rééditer l’exploit irlandais. Doivent-ils alors conserver leur philosophie de jeu où les prises d’initiatives sont devenues un leitmotiv ? La France est peut-être la seule nation au monde qui peut inquiéter les All Blacks en envoyant du jeu, insiste Greg Cooper. Il ne faudra pas hésiter à jouer. Mais c’est une option qui peut coûter très cher. Les joueurs français, notamment dans la ligne de trois-quarts, ont un talent incroyable mais toute la difficulté sera de conserver une cohésion collective durant 80 minutes. Si les attaques deviennent brouillonnes après l’heure de jeu, les Français se feront punir sur chaque turnover.

Les ballons de turnover : la punition préférée des All Blacks

Et les motifs de punition sont nombreux face aux Champions du monde. Aujourd’hui, on ne peut pas prétendre battre les All Blacks juste avec des intentions de jeu, prévient Cooper. Il faut avant tout être irréprochable techniquement. Je pense notamment aux ballons aériens où Ben Smith (blessé au doigt, l’arrière des All Blacks est forfait, ndlr) et Israel Dagg sont très à l’aise. Julian Savea a également fait de gros progrès. Je me souviens que les Français avaient vraiment souffert dans ce secteur lors du quart de finale de la Coupe du monde. Ce sera la même chose sur le jeu au pied d’occupation. L’alternance face aux All Blacks, c’est bien mais encore faut-il être d’une précision sans faille. Vouloir se dégager de la pression, c’est une chose mais si c’est fait dans l’urgence, derrière c’est l’essai 9 fois sur 10.

Greg Cooper, ancien All Black et actuel entraîneur du Stade français
Greg Cooper, ancien All Black et actuel entraîneur du Stade français

Mais pour l’ancien entraineur des Highlanders (entre 2003 et 2007), l’erreur la plus grossière serait de cibler des joueurs dans l’espoir de mettre à mal l’organisation néo-zélandaise. Beaucoup d’équipes pensent qu’en ciblant Kieran Read, Aaron Smith, Beauden Barrett, elles réussiront à casser le collectif des All Blacks et à les faire douter, souligne Greg Cooper. Mais le X Factor, ce n’est pas tel ou tel joueur mais l’organisation de cette équipe quel que soit les joueurs présents sur le terrain. C’est une culture qui ne se repose pas sur un joueur. Les Néo-Zélandais ont compris depuis longtemps qu’il ne fallait pas dépendre d’un joueur. Ce sont les joueurs qui doivent maîtriser et s’adapter au système. Si les Français commencent à viser des mecs en pensant qu’ils gagneront comme ça, ils vont perdre leur temps… Et prendre une marée noire.

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