Le plein en novembre, les Bleus ne l'ont fait que deux fois en dix ans

Remporter trois matchs consécutifs n'est jamais une mince affaire quand on ne s'appelle pas la Nouvelle-Zélande. Depuis la prise de fonction de Philippe Saint-André après la Coupe du monde 2011, le XV de France ne l'a fait qu'une seule fois. C'était il y a deux ans lors de la première tournée d'automne à la tête des Bleus de l'ancien entraîneur de Toulon (33-6 contre l'Australie, 39-22 contre l'Argentine et 22-14 contre les Samoa). Les Wallabies et les Pumas étaient déjà au programme ainsi qu'une nation du Pacifique. Peut-on y voir pour autant un signe ? Ce n'était pas vraiment la même configuration, tempère le talonneur Benjamin Kayser. On avait créé l'exploit contre l'Australie au premier match, on avait ensuite confirmé contre l'Argentine et on avait fini par les Samoa qui nous avaient surpris par leur conquête et leur dimension physique. J'espère que ce pseudo-relâchement qu'on avait eu il y a deux ans contre les Samoa ne sera pas d'actualité samedi. Quand on part jouer trois fois les Blacks en juin, on sait que la tournée sera réussie si on les bat une fois. Là, on se dit juste qu'on a fait deux bons matchs et qu'on doit absolument les valider par une troisième victoire pour tirer un bilan positif de cette période .

Même à la maison, ce cap des trois victoires au mois de novembre est historiquement difficile à franchir côté tricolore. Marc Lièvremont s'y est toujours cassé les dents avant PSA et Bernard Laporte ne l'a réussi qu'une fois après la Coupe du monde 2003 (en 2005 : 50-6 contre le Canada, 43-8 contre le Tonga et 26-10 contre l'Afrique du Sud). En termes de chiffres, on pourrait presque parler d'exploit en cas de succès samedi au Stade de France face aux hommes de Daniel Hourcade. Je ne sais pas si cela en serait un, mais c'est vrai que c'est toujours compliqué d'enchaîner et de gagner trois matchs de cette intensité, confirme le Clermontois Damien Chouly. Le maître-mot sera de ne pas se relâcher et de rester motivés.

Profitons un peu de la victoire de samedi, faisons un grand match face à l'Argentine et nous tirerons ensuite les conclusions (Kayser)

La question de la fraîcheur physique sera pour le coup déterminante. Les Bleus ont laissé beaucoup de jus et d'influx pour imposer un gros combat physique aux Wallabies et tenir la victoire dans les dix dernières minutes. L'arrière Scott Spedding se veut pourtant rassurant sur l'état physique des troupes. Le coach nous a donné assez de temps pour récupérer. On a eu deux jours pour bien se régénérer, il nous reste un match et il faut tout faire pour le remporter.

En 2012, la tournée d'automne triomphante n'avait pas débouché sur un Tournoi des VI Nations très abouti. Ce fut même tout l'inverse puisque le XV de France avait obtenu une catastrophique dernière place en 2013. Mais à quatre jours du match face aux Pumas, les Bleus ne veulent pas s'encombrer la tête avec une histoire récente et douloureuse qu'ils entendent effacer. On ne pense pas à l'historique, confirme Benjamin Kayser. On a tellement ressassé les défaites, les hauts et les bas... profitons un peu de la victoire de samedi, faisons un grand match face à l'Argentine et nous tirerons ensuite les conclusions. Un ultime coup de collier pour aborder une année de Coupe du monde l'esprit (enfin) libéré.