Une défense héroïque, clé du succès tricolore

Encore sonné au milieu de la pelouse du Stade de France, Michael Hooper reprend péniblement son souffle. Les premiers mots du capitaine des Wallabies disent tout: c’était vraiment très dur… Dès la sortie du tunnel, le troisième ligne australien, défié du regard et caressé par l’épaule de Pascal Papé (34 ans, 56 sélections), était prévenu de l’état d’esprit tricolore. Ce sont des histoires du rugby, sourit le deuxième ligne du XV de France. On est en France, on n’est plus en Australie. Il faut savoir le montrer…  Châtié par la défense du XV de France, l’Australie a rarement été en mesure d’échapper à la furia tricolore. C’est toujours spécial de jouer contre une nation du Sud, confie Papé. On a tellement peur de prendre une branlée, comme en 2010 (16-59). On est toujours dans l’inconnu. Il faut toujours essayer de remettre notre fond de commerce en place et nous c’est l’agressivité, la défense. On savait que si on arrivait à les perturber, ça pouvait passer. On a vu que cela avait été le tournant du match lors de la victoire de l’Argentine contre l’Australie (21-17).

Papé: Sur des séquences, on faisait de la plongée sous-marine

Avec 94% de plaquages réussis et une activité débordante dans chaque ligne (10 plaquages pour Benjamin Kayser en seconde période, 14 plaquages pour Damien Chouly, 15 à l’actif de Bernard Leroux, 11 pour Camille Lopez, NDLR), le XV de France a asphyxié les Wallabies. On est monté un peu plus, sans non plus monter comme des dingues, avec une défense plus collective, explique Pascal Papé (auteur d’un 100% avec 12 plaquages réussis, NDLR). Il s’agissait de fermer toujours intérieur pour les pousser vers l’extérieur. Je crois qu’on l’a bien fait. On s’est bien trouvé. Il n’y a pas eu de grosses erreurs individuelles. Ils ont de drôles d’énergumènes derrière. Après, on a parfois subi mais il faut savoir être patient. On ne peut pas mettre que des plaquages offensifs. On a été intelligents. Sur ce secteur, j’ai trouvé que l’équipe avait évolué, qu’elle était plus mâture. Une maturité affichée en fin de match malgré le carton jaune récolté par Rémi Tales (73e) et l’essai de Rob Simmons (75e). Sur les dix dernières minutes, ils revenaient forts et on n’a rien lâché, même à 14, insiste le deuxième ligne du Stade Français. Il a fallu se replacer avec le masque à oxygène. Il y a eu des séquences, on faisait de la plongée sous-marine (rire). Il n’y a pas eu d’affolement avec un mec qui est sorti de la ligne en créant une fragilité. C’est l’élément déterminant de la soirée.

Dusautoir: "Notre défense les a étouffés"

A l’image de la victoire héroïque contre les Springboks en 2009 à Toulouse (20-13), le XV de France a prouvé une nouvelle fois que son mental pouvait faire plier les meilleures nations du monde. Ce succès nous fait énormément de bien, confie le capitaine Thierry Dusautoir (33 ans, 69 sélections, 100% au plaquage, 12/12). Au delà du score, la production est très intéressante. Notre défense a été cohérente et les a étouffés. Je n’ai pas été surpris par cette réaction d’orgueil. Quand tu es si prêt d’atteindre l’objectif, quelque soit ton âge, tu es conscient qu’il ne faut pas lâcher. Il y a eu de beaux comportements. Je pense notamment à Uini Atonio et Benjamin Kayser qui avaient pris des coups juste avant la dernière mêlée. Ils ont tout donné ! Ce genre de sacrifice est important. Il y a eu beaucoup d’abnégation. Il faut le garder pour le prochain match. Ce 15 novembre 2014, une équipe est sans doute née.