Afrique du Sud: Des quotas, et des questions

Par Rugbyrama
  • Equipe d'Afrique du Sud - italie - 8 juin 2013
    Equipe d'Afrique du Sud - italie - 8 juin 2013
Publié le Mis à jour
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L'Afrique du Sud a décidé de (re)mettre en place son système des quotas ethniques la saison prochaine pour son championnat des provinces. Alors, réminiscence des années 90, ou réelle avancée ? L'objectif en tout cas est de favoriser l'émergence de joueurs noirs au sein de l'élite.

3 sur 23. C'est le pourcentage de joueurs de couleur sélectionnés avec les Springboks pour affronter l'Argentine dans le cadre du Four Nations, ce samedi à Soweto. Un chiffre qui est appelé à s'accroître dans les années, voire les mois à venir. Le président de la fédération sud-africaine a en effet décidé d'instaurer des quotas ethniques, sorte de résurgence des années 90, afin de relancer l'émergence de joueurs noirs au plus haut niveau. Les règles sont simples, mathématiques même.

Toute formation engagée dans la Vodacom Cup devra aligner au moins sept joueurs, dont deux avants, de couleur sur la feuille de match. Cinq d'entre eux devront ainsi être titularisés. "Le but de ces quotas c'est de voir émerger un réservoir de talents noirs où les entraîneurs de Currie Cup et des provinces sud-africaines du Super 15, puissent puiser, a expliqué Oregan Hoskins aux médias britanniques. Ce qui fournirait, à terme, davantage d'options au sélectionneur des Springboks". Si l'idée en elle même semble noble, c'est la manière de procéder qui fait débat. Vouloir instaurer plus de disparité au sein des équipes sud-africaines n'est en soit, pas vraiment critiquable. En faire une règle intransigeante au détriment de la méritocratie sportive va cependant à l'encontre d'une certaine équité. Dans les années 90, un tel procédé avait déjà vu le jour avant d'être finalement abandonné. En 1999, le rugby sud-africain s'était encore doté d'un système de quota ethnique spécifiquement sur des joueurs "non blancs".

Un procédé pas vraiment nouveau

Preuve que la problématique ne date pas d'hier. Supprimés depuis 2004, les quotas n'avaient jusqu'alors profité qu'aux joueurs métissés. Un échec qui n'a pourtant pas refroidi les ardeurs de la fédération de rugby sud-africaine. Tel revirement ne fait-il pas figure de retour en arrière ? Difficile de répondre, mais la décision semble avoir été perçue favorablement par les principales équipes concernées. "Le sentiment, au sein de l'organisation, est que nous avons dû intervenir afin de faire participer plus de joueurs noirs. Les provinces partagent notre point de vue", appuie Oregan Hoskin dans le quotidien sud-africain Die Burger.

Si ce nouveau règlement soulève de nombreuses interrogations - les joueurs seront-ils, par exemple, alignés grâce à leur talent ou à leur couleur de peau- il confirme en revanche que les instances sud-africaines tentent de s'attaquer à un réel problème. En Afrique du Sud, le rugby demeure, encore aujourd'hui, difficilement accessible aux hommes de couleur. C'est pourquoi l'hypothèse de l'ajout d'une sixième franchise (conserver les Southern Kings de Port Elizabeth tout en promulgant les Lions de Johannesbourg, ndlr.) a fait son chemin au pays de Nelson Mandela. "Nous comprenons ce désir émanant de l’Afrique du Sud", reconnaissait Greg Peters, président de la SANZAR, il y a une semaine: "La région des Kings représente 32% des licenciés sud-africains, et 72% d’entre eux sont de couleur. Dans un souci de représentativité, nous comprenons le besoin de six franchises en Afrique du Sud".

Les hautes instances tentent donc comme elles peuvent de faciliter l'accès au rugby. Notamment aux personnes de couleur, dans un soucis d'équité et de mixité sociale. Le système des quotas portera t-il pour autant ses fruits ? Pas sur au vu du procédé employé. Brian Mujati, le pilier du Racing-Métro, avait par exemple mis un terme à sa carrière internationale en raison des faits évoqués. Las de ne devoir ses sélections en équipe nationale qu'à sa seule couleur de peau.

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