Yachvili : "Un pronostic ? Je dirais 19-18 pour la France face aux All Blacks"

  • Coupe du monde 2011 - Dimitri Yachvili (XV de France) lors de la finale contre les All Blacks (Nouvelle-Zélande)
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  • Test match - L'Irlande réalise l'exploit face aux Néo-Zélandais
    Test match - L'Irlande réalise l'exploit face aux Néo-Zélandais
  • Test match - Antoine Dupont, demi de mêlée et capitaine du XV de France
    Test match - Antoine Dupont, demi de mêlée et capitaine du XV de France
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TEST MATCH - Consultant pour France 2, Dimitri Yachvili se projette sur le défi immense qui attend les Bleus, samedi face à la Nouvelle-Zélande. L’ancien demi de mêlée parle de son successeur Antoine Dupont, des forces et faiblesses des All Blacks, des clés du match pour les Bleus et prévient : "Ce sont les meilleurs joueurs du monde en face. Il faut se sublimer le jour J, tout simplement."

Le grand soir est tout proche. Dans quel état d'esprit appréhendez-vous ce choc ?

C’est le rendez-vous de l’année, dans un stade qui sera enfin de nouveau plein. Tout le monde a coché depuis longtemps la date, surtout que ça fait plusieurs années que nous ne les avons pas défiés. Les Blacks, c’est la référence, un adversaire que l’on respecte beaucoup, qui nous fait rêver. Et c’est un objectif perpétuel d’essayer d’arriver à jouer comme eux. Le compte à rebours est également déclenché. Dans deux ans, ce sera le match d’ouverture de la Coupe du monde. Il nous tarde déjà d’y être.

Le XV de France aborde-t-il ce défi dans les meilleures conditions ? Malgré les victoires, le contenu des deux premiers tests n’a pas pleinement convaincu...

Personnellement, je me suis tout de même emballé à quelques reprises face à l’Argentine et contre la Géorgie. Après, ce ne sont pas des prestations abouties, en effet. Mais ce n’est jamais facile de maîtriser pleinement son rugby face à de telles équipes. Les Pumas ont été accrocheurs et il a fallu un peu d’adaptation face aux Géorgiens, qui ont été coriaces et ont montré qu’ils sont en progrès. Face à la Nouvelle-Zélande, le contexte importe peu. Quand on joue les All Blacks, il faut se sublimer le jour J, tout simplement. Ce sont les meilleurs joueurs du monde en face. Ce n’est pas souvent arrivé mais on les a déjà vaincus.

Que retenez-vous de la victoire de l’Irlande face à la Nouvelle-Zélande, samedi dernier ?

C’est rassurant, déjà. Ça montre qu’ils ne sont pas invincibles. Cela fait trois fois en cinq ans que les Irlandais trouvent la solution face à eux. Samedi dernier, ils étaient en transe, comme transportés. Ils nous ont montré la voie en étant agressifs pendant quatre-vingts minutes mais aussi en étant justes dans leur rugby. Et en ayant beaucoup d’efficacité en plus. Avec tout ça, ils ont réussi à faire déjouer les Néo-Zélandais. Ça fait longtemps que je ne les avais pas vus faire deux ou trois fois la passe à l’arbitre de touche. Ils ont pris des cartons, ont commis des erreurs techniques, ont été perturbés dans leur jeu… C’est rare de les voir commettre autant de fautes. Ce qui est moins rassurant, c’est que c’est tout aussi rare de les voir perdre deux fois de suite. Mais c’est la fin de saison pour eux, leurs organismes commencent à être marqués.

Test match - L'Irlande réalise l'exploit face aux Néo-Zélandais
Test match - L'Irlande réalise l'exploit face aux Néo-Zélandais

Agressivité, solidarité, efficacité… Il faut donc approcher le match parfait, en quelque sorte ?

Ça fait beaucoup de cases à cocher, oui, mais cette génération de Bleus, talentueuse et sans complexe, est capable de le faire. Elle s’est déjà sublimée face à de grosses nations. En plus de répondre présent dans l’intensité, l’équipe devra ne pas avoir de déchets, ou le moins possible. Les Blacks savent très bien exploiter les ballons de récupération. Quand l’équipe adverse garde la possession sur de longues séquences, ils restent à l’affût pour contrer. On l’a récemment vu au pays de Galles. Ils avaient été impressionnants à ce niveau.

Les Bleus ont manqué de liant jusqu’à présent. Est-ce dans les rucks que se trouve la clé du succès ?

C’est la grande problématique du rugby moderne, de toute manière. Ce n’est qu’en ayant de la rapidité dans les sorties de balle que l’attaque peut s’exprimer. Ce sera une des clés, oui, face à une équipe qui, au-delà de toutes ses qualités, est très embêtante dans ce secteur : il faudra être frais physiquement, coller au ballon et être efficace sur les déblayages si l’on veut mettre de la vitesse et avoir du liant. Le XV de France y est déjà parvenu et a montré sa capacité à avoir une dynamique collective. Mais il faudra aussi doser le jeu, c'est-à-dire mettre du rythme quand c’est possible et occuper intelligemment avec du pied si c’est nécessaire. En gardant le ballon trop longtemps, on s’exposera aux contres assassins.

Quelle est votre position sur le débat qui agite la France du rugby, l'association Jalibert-Ntamack ?

Je ne peux pas comprendre ceux qui sont contre. Après, oui, ça modifie le plan de jeu de l’équipe, forcément. Quand tu joues avec Vakatawa et Fickou depuis plusieurs années, ton système est établi d’une certaine manière. Romain n’a pas le même physique ni les mêmes qualités que Virimi mais, avec cette association, les options de jeu sont plus nombreuses. Avoir deux numéros 10 permet d’être plus armé dans le jeu au pied et d’avoir un peu plus de facilité technique. A partir du moment où le pack avance et les met dans de bonnes conditions, les deux sont capables de jouer ensemble sans aucun problème. On l’a vu contre la Géorgie. D’ici 2023, il peut se passer beaucoup de choses, alors autant avoir le maximum d’options de jeu. C’est pourquoi il est intéressant d’avoir vu Matthieu Jalibert passer à l’arrière et Cameron Woki glisser en deuxième ligne…

Que pensez-vous du choix de confier le capitanat à Antoine Dupont ?

Ça le responsabilise encore davantage. Il doit être plus à l’écoute de ses coéquipiers et prendre encore plus de décisions même si, de par son poste, il était déjà meneur. On l’imagine un peu taiseux. Peut-être que le staff l’a aussi nommé pour qu’il s’ouvre encore plus dans la communication. Pour le moment, il est à 2/2 en tant que capitaine. Espérons qu’il reste à 100 % après ce week-end.

Test match - Antoine Dupont, demi de mêlée et capitaine du XV de France
Test match - Antoine Dupont, demi de mêlée et capitaine du XV de France

Aaron Smith et Antoine Dupont vont se faire face. Les qualifieriez-vous de référence au poste de demi de mêlée ?

Comment ne pas dire que Dupont est un des tout meilleurs 9 du monde actuellement ? Il a des qualités techniques et surtout physiques hors normes. Il est capable de faire la différence à tout moment. Mais il a aussi besoin de ses avants. On l’a vu parfois un peu perturbé face aux Argentins, très agressifs, qui l’avaient ciblé. Au début, il y avait l’effet de surprise mais maintenant, les équipes adverses savent à quel point il est dangereux. C’est à ses coéquipiers de le mettre dans une situation confortable et de le protéger. Après, il est capable de tout sur un terrain.

Comment jugez-vous son évolution ?

L’expérience des matchs au plus haut niveau lui a fait passer un palier supplémentaire. Sur le jeu au pied, tout particulièrement, il a effectué beaucoup de progrès. Il a un pied qui est désormais très précis. C’est indispensable pour un demi de mêlée qui évolue au plus haut niveau.

Vous risquez-vous à un pronostic ?

Allez, 19-18 pour la France.

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