Ackermann, le sorcier sud-africain qui a totalement relancé les Lions

  • Johan Ackermann, le coach des Lions
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  • L'essai d'Eliott Jantjies en demie
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SUPER RUGBY - Les Lions vont disputer la première finale de Super Rugby de leur histoire. Pas une surprise au regard de leur saison. Mais bien plus au vu de son histoire. Un renouveau spectaculaire et qui doit tout, ou presque, à un entraineur sûr de lui et de ses idées.

Comme il semble loin, le temps où les Lions défiaient Mont-de-Marsan pour occuper leur temps avec des matchs sans enjeu et des saisons sans saveurs…

Quand Johan Ackermann débarque à Johannesburg en 2013, c’est à la tête d’une franchise en ruine. Son prédécesseur, John Mitchell, vient d’essuyer un affront sans précèdent : après 3 saisons catastrophiques et 6 petites victoires en 26 matches, les Lions sont exclus du Super Rugby. Une sanction de la Fédération sud-africaine, lassée de voir les Cats (l’ancien nom de la franchise) puis les Lions enchainer les saisons ratées et les résultats médiocres.

Les prédécesseurs d'Ackermann ont laminé la réputation et l’image de la franchise. Dick Muir ? 13 matches, 0 victoire. Eloff ? 11 victoires en 2 saisons… Toujours mieux que Ludeke et ses 2 succès en un an. Dur d’exister pour les félins sud-africains, qui en 11 saisons n'ont jamais mieux que 12e sur 14.

Les Kings prennent donc la place des Lions pour une saison de Super Rugby en 2013. Et Ackermann prend la place de Mitchell. Une arrivée sans tambour ni trompette : il faut être honnête, les Lions n’intéressent personne. Et le nouveau coach n’arrive là qu’en transition. A l’époque, le président Ruben Mogee lâche à la presse : John (Mitchell) est libre de faire du consulting avec Sale, mais il devra être de retour en février. Raté, il ne reviendra jamais à la tête des Lions.

Johan Ackermann, le coach des Lions
Johan Ackermann, le coach des Lions

Depuis cette période troublée, les choses ont bien changé. Cette passation de pouvoir Mitchell-Ackermann sert-elle de déclic ? Peut-être. Car les Rouge et Blanc progressent tous les ans. Après son retour dans le Super Rugby (2014) et pour la première saison d’"Acker" , la franchise signe 7 victoires en 16 matches. Puis 9 succès en 2015. Enfin, comme pour valider les progrès impressionnants réalisés sur le terrain, conclut un exercice 2016 bouclé avec 11 victoires en 15 matches. Un résultat suffisant pour renouer, 15 ans après, avec les phases finales du Super Rugby. Une évolution qui met en lumière le travail de Johan Ackermann.

De joueur sulfureux à coach diabolique

Le coach aurait donc trouvé la voie du succès et de la sagesse en 3 petites saisons. Un homme droit qui prône un jeu ambitieux, aéré, déterminé. Un technicien aux antipodes du joueur qu’il était, rustre et déraisonné. Sulfureux même. En 1997, encore joueur, le deuxième ligne international fait l’écart de trop. Il est controlé positif à la nandrolone et écope de 2 ans de suspension. L’un des rares cas de dopage avéré pour un joueur international. A 27 ans, Johann Ackermann sort du cadre du rugby. Sanction logique et lourde peine à purger.

Une époque qui paraît aujourd’hui totalement inconcevable à la vue des convictions indéfectibles du bonhomme. Le nouvel Ackermann ne badine pas avec ses principes. Aux Lions, il impose un schéma de jeu très structuré. L’entraineur pose progressivement un cadre rigide (grosse mêlée, grosse défense, lancement stéréotypé pour sortir de son camp) au service d’une grande liberté dans le jeu.

Le salut par le jeu, l’explosion des talents

En 3 ans, le technicien transforme sa franchise en une équipe joueuse avant tout. Un travail au long cours, plus facile à Johannesburg qu’ailleurs : jusqu’en 2013, les Lions sont l’une des rares équipes sans vraie identité de jeu dans le Super Rugby.

L’idée de base est donc ambitieuse et les choix d’Ackermann confortent cela. Exemple cette saison, avec le duo De Klerk - Jantjies qui s’est imposé aux commandes de l'équipe. En dépit des qualités remarquables de Boshoff et Smit, la charnière la plus dynamique et la plus joueuse a fini par convaincre définitivement le staff. Et les observateurs. Un duo au style tellement séduisant qu’il a même convaincu le sélectionneur de l’Afrique du Sud en personne. Ackermann serait donc un révélateur de talents.

L'essai d'Eliott Jantjies en demie
L'essai d'Eliott Jantjies en demie

Autre composante nécessaire et mise en place par cet entraineur exigeant : la vitesse de libération des ballons. L’ancien deuxième ligne met un point d’orgue à ce que son équipe soit capable de sortir les ballons le plus rapidement possible. Une manière d’imposer un rythme élevé et de jouer dans l’avancée autant que possible. Un style qui n’a été possible que par l’explosion au plus haut niveau de leaders de combat et de jeu.

Cette saison 2016 révèle aux yeux du grand public (et parfois mêmes des initiés) la solidité de D. Smith, l’explosivité de Marx, la puissance de Mostert, l’appétit au combat de Ferreira, la vélocité de Kriel, la polyvalence de Teckelenburg, l’intelligence de Whiteley, la solidité de J. Van Rensburg, l’intensité de Mapoe, la dureté de Combrinck ou encore la finesse de Coetzee. Des qualités qui ont fini par faire de tous ces joueurs des candidats crédibles à une place chez les Springboks.

L'adhésion par la famille

Ce style voulu par l’entraineur est éprouvant physiquement et exigeant mentalement. Il ne pouvait donc être envisageable que si le groupe adhérait pleinement au projet. Et c’est là où l’entraineur des Lions a peut-être fait le plus gros travail. Jaco Kriel le démontre, en conférence, juste après la victoire face aux Highlanders : Depuis que nous sommes sortis du Super Rugby en 2013 (…), nous avons construit une équipe. On est ensemble depuis pas mal d’années. C’est une fratrie, une famille, on prend soin les uns des autres, on se bat les uns pour les autres. Et je crois que c’est ça, le secret de notre équipe.

La joie des Lions, vainqueurs des Highlanders en demi-finale
La joie des Lions, vainqueurs des Highlanders en demi-finale

Ce sentiment d’appartenir à plus qu’une simple équipe de rugby est partagé par d’autres. Comme Courtnall Skosan, l’ailier des Lions qui se confiait à Super Sport : C’est ça, la chose incroyable avec les Lions : on ne joue pas simplement au rugby. On joue pour être une source d’inspiration, on joue pour changer un pays tout entier. Il ne manque plus qu’un match.

Au delà de la rigueur, des schémas de jeu et des qualités techniques de Johan Ackermann, le technicien aura surtout réussi un tour de force proche du tour de magie. Faire oublier, en seulement 3 petites saisons, que pendant près d’une décennie les Lions ont été, et sans conteste, la pire franchise de l’hémisphère sud. Un statut peu enviable mais dont le souvenir sera totalement balayé en cas de succès face aux Hurricanes.

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