Percival le requin

C'est l'heure de la revanche pour Percy Montgomery. Il y a quelques années, il fut le Springbok le plus décrié par la presse, et la cible préférée du public sud-africain. En début de saison, beaucoup lui préféraient encore le jeune François Steyn pour évoluer au poste d'arrière en sélection. En quelques mois, Monty a pourtant fait taire tous ses critiques, même les plus virulents. Auteur d'une saison pleine, il n'est pas pour rien dans l'accession des Sharks à la finale du Super 14, la troisième de leur histoire.

Pour un peu, Montgomery, celui qu'on aimait jadis détester, ferait donc l'unanimité. A 32 ans, il était temps. Au cours de la dernière décennie, il a marqué à sa manière l'histoire du rugby sud-africain. Unique Bok à avoir remporté deux fois le Tri-Nations (1998 et 2004), triple vainqueur de la Currie Cup, il est surtout le recordman des points inscrits en équipe nationale, avec 654 unités au compteur. Loin, très loin devant le légendaire Naas Botha (342 points). Mais il lui manque encore les deux principaux sacres qu'un international sud-africain peut conquérir: le Super 14 et la Coupe du monde.

Vers un record des sélections

Pour le Mondial, l'éventualité d'un couronnement au Stade de France en octobre prochain semble encore lointaine. Pour le Super 14, l'affaire est davantage engagée. Les Sharks seront favoris samedi face aux Bulls, d'autant qu'ils auront l'avantage d'évoluer chez eux, à Durban. "Notre force, c'est de ne jamais lâcher ", expliquait Monty samedi après la victoire en demi-finale face aux Blues. Une rencontre au cours de laquelle le buteur des Sharks a encore enquillé 16 points. "Ce match est la preuve de la volonté du groupe. Nous avons souffert, nous avons été en difficulté, mais l'équipe a fini très fort. Plus que physiquement, c'est mentalement que nous avons gagné ce match".

A titre personnel, un succès samedi garnirait son palmarès, déjà bien étoffé. Elle lui permettrait de se tourner l'esprit libéré vers la Coupe du monde. Un Mondial au cours duquel il pourrait s'ancrer encore un peu plus dans la légende des Springboks, en devenant le Sud-Af' le plus capé de l'histoire. Avec 80 capes, il n'est plus qu'à neuf longueurs du recordman actuel des sélections, Joost Van der Westhuisen. D'ici le Mondial, les Boks vont jouer sept tests, plus au moins quatre en France, lors du premier tour. Il a donc toutes les chances de coiffer VW, le demi de mêlée de l'équipe championne du monde en 1995. A condition de rester titulaire. Mais qui en doute vraiment aujourdh'ui?